Au-delà de ton silence

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Aussitôt qu'Anna-Beth avait posé sa main j'avais retiré la mienne. Non mais elle était cinglée d'oser ce genre de geste ? Son père se trouvait juste en face de nous et il m'aurait dégommer s'il s'était aperçu de quoi que ce soit.

Sa fille affichait un sourire satisfait comme si la situation l'amusait. Ça l'était peut-être pour elle, mais moi je risquais gros. La menace d'Edward planait au-dessus de ma tête telle une épée de Damoclès. Anna-Beth et moi devrions bientôt avoir une conversation car son attitude n'était pas claire. Enfin si, elle l'était mais non conforme à ce que désirait son père. Et Andrew.

Accompagnés de tout ce petit monde, nous traversâmes une petite route bordée d'arbres avant de nous arrêter près du centre de rééducation fonctionnel. Il se situait à 30 minutes du manoir des Van Hooken. Mon cœur s'emballa à nouveau. Rien à voir avec Miss parfaite cette fois, mais simplement à l'idée d'entrer dans ce lieux qui pour moi, était magique. Cet endroit, je l'espérais du fond du cœur, ferait des merveilles avec mes jambes.

Il le fallait.

Je n'avais pas d'autre choix que de croire en ma guérison. Pour avancer. Pour un avenir meilleur.

- Silvàn ? Nous t'attendons, mon grand.

Plongé dans mes pensées, je n'avais même pas remarqué que tout le monde avait quitté le véhicule. Le chauffeur m'aida à grimper sur mon fauteuil. Keyla le remercia puis se plaça derrière moi pour me pousser. Mais elle changea d'avis.

- Je peux te laisser faire ça tout seul, n'est-ce pas ?

Je lui lançais un sourire puis elle se plaça à mes côtés. Suivit des autres, je roulais jusqu'à l'entrée. Monsieur Van Hooken ouvrit la porte. Anna-Beth entra, ensuite Keyla mais tandis qu'Edward attendait, moi, je ne pus faire un pas de plus. Je restais à fixer le hall du bâtiment. Il y avait des affiches sur les murs montrant différents handicaps mais également des médecins, sourires au lèvre au côté de leurs patients comme si tout avait l'air simple. Comme si une once d'espoir portait chacun d'entre eux vers une guérison absolue. Et si ça n'était pas mon cas ?

Mes mains devinrent moites en tenant les roues de mon fauteuil. Je déglutis et Keyla apparut dans mon champ de vision devenu trouble. Elle s'accroupit.

- Les choses ne seront probablement pas simples. Tu vas devoir te battre chaque jour, mais je suis certaine que tu auras les épaules assez larges.

Elle posa les paumes de ses mains sur mes joues.

- Une victoire après l'autre, je serai là pour t'encourager à te dépasser. Silvàn, c'est comme un match de football. Tout repose sur toi, si tu veux mener tes jambes à la victoire, montre leur le chemin. Guide-les. Certains ont réussi à marcher de nouveau, il n'y a aucune raison que tu n'en fasses pas parti, compris ?

Ému par ses mots, je me penchais en avant et la pris dans mes bras pendant plusieurs minutes. Nous fûmes interrompus par Edward et son raclement de gorge peu discret. Je me dégageais de Keyla non sans lui glisser qu'elle était une femme merveilleuse.

- Je serai là pour t'aider aussi, tu sais, Silvàn.

La voix d'Anna-Beth résonna soudain, ce qui nous surprit tous. Elle me regardait les bras croisés et la tête haute. Son père soupira de lassitude, en refermant la porte derrière lui. Je laissais échapper un petit sourire. L'intention était bonne.

- Bon, je vais parler à la dame de la réception, lança Keyla.

Edward approuva, puis s'éloigna afin de passer un coup de fil. Anna-Beth profita que nous soyons seuls pour s'avancer vers moi.