Au-delà de ton silence

9- Mise en garde

Lorsque je revins à table en compagnie de Keyla, je constatais que tout le monde était présent sauf Anna-Beth. Que s'était-il passé pendant mon absence ? Où était-elle ?

- Ah ! s'exclama Andrew. Voilà le retour de nos hôtes. Venez vous asseoir. Enfin, tu vois ce que je veux dire, Silvàn.

Quel connard. Il commençait sérieusement à me chauffer. J'avais envie de lui faire ravaler son arrogance. À ma grande surprise, madame Van Hooken prit ma défense.

- Je te prierai de rester courtois Andrew. Monsieur Silvàn est notre invité pour une durée indéterminée. Il va de soit que nous lui témoignons tout le respect nécessaire.

Elle pouvait bien parler celle-là. J'avais envie de lui dire où le foutre son respect mais Keyla avait insisté pour que je me tienne tranquille. Par respect pour elle, je ne répondis rien. Et je voulais aller voir Deagan en prison cet après-midi. Nous commençames à déjeuner. Catherine parlait avec Keyla. Andrew et monsieur Van Hooken discutaient ensemble lorsque ce dernier déclara :

- J'oubliai ! Anna-Beth vous prie de l'excuser Silvàn. Elle se sentait souffrante.

Je posais ma fourchette dans mon assiette.

- Rien de grave, j'espère ? demandais-je.

Andrew et Edmond échangèrent un regard qui ne m'inspirait pas confiance, mais c'est Catherine qui répondit.

- Ne t'inquiète pas pour elle, mon cher. D'ailleurs, il serait préférable que vous ne vous croisiez pas tous les deux. Ma fille est un peu perturbée depuis quelques mois. Une affaire de famille.

- C'est exact, enchaîna Edmond. J'aimerai qu'elle reste concentrée sur ses études et que rien ne vienne entraver cet équilibre. Compris, mon garçon ?

Nous nous jaugeâmes quelques instants. Ça n'était pas une suggestion mais bel et bien une mise en garde. Me considérait-il dangereux pour Anna-Beth ? Pourtant j'avais bien spécifié à sa fille de me foutre la paix. Mais c'était avant que j'apprenne ce qu'elle avait fait pour moi.

- J'aimerai la remercier de m'avoir donné les premiers soins lors de mon accident. Si j'ai bien compris il s'agit de ça ?

La mâchoire d'Andrew se contracta. Quant à Edmond, il posa ses coudes sur la table en me fixant.

- Je transmettrai tes remerciements à ma fille. Et à ce que j'ai compris, tu n'es pas très bavard avec les gens.

- Bien, poursuivons avec le dessert ! s'exclama Catherine. L'après-midi va être intéressante, Silvàn. Tu vas rendre visite à ton ami ?

Je continuais de regarder son mari. Pourquoi mettre un point d'honneur à ce que je me tienne éloigner de sa fille ? Personne ne m'interdisait de faire quoi que ce soit, et ce n'était pas ce bourge de mes deux qui allait me dicter ma conduite. Mais nous habitions sous son toit et pour Keyla, je devais fermer ma gueule.

- Oui, s'empressa de répondre cette dernière, voyant que je ne réagissais pas. Mon fils va devoir rendre des comptes pour ce qui est arrivé. Même si je lui en veux énormément, je reste sa mère et je me dois de le soutenir.

- Oui, on peut constater que la figure paternelle n'est pas présente à votre domicile, se permit Andrew. Conduire dans un état pareil est déplorable. Jamais mon père ne m'aurait autorisé une telle incartade.

- Mêles-toi de ton cul, tu ne sais pas ce qui s'est réellement passé, ducon !

Le silence qui régna après ma phrase fut très long. J'avais juste les nerfs qu'il ose l'ouvrir de cette façon. Il méritait une bonne leçon et si je n'étais pas cloué dans ce putain de fauteuil, c'est moi qui la lui aurait donnée. J'étais resté un an muré dans le silence et là, ça faisait vraiment du bien de dire ce que je pensais. Keyla se racla la gorge.