Je pris le temps de me retourner vers Andrew et relevai la tête pour croiser son regard.
— Je n'ai pas vu d'écriteau m'interdisant de venir jusqu'ici pourtant.
Il croisa les bras et m'affubla d'un regard mesquin.
— Il n'y a pas besoin d'écriteau. Je te dis qu'il est interdit de... rouler jusqu'ici, compris ?
J'esquissai un sourire malgré moi, tellement j'étais abasourdi par sa façon de me parler. Ce petit connard se croyait tout permis à cause la thune qui lui tombait gracieusement dans les mains. Je tournais la tête vers la salle de musique où Anna-Beth continuait de jouer.
— Ma présence te dérange ? Tu as peur que je m'intéresse à celle que tu convoites ?
— Quoi ? Sérieusement ? Elle n'en a rien à foutre de toi. Et je n'ai rien à craindre, tu es hors-jeu.
— Ah ouais ? Pourtant, à peine m'as-tu aperçu que tu as tout de suite voulu pisser sur ton territoire.
Andrew serra la mâchoire. Je connaissais les mecs comme lui qui se sentaient tout puissant. Il pensait qu'Anna-Beth lui était dû. J'ignorais pour quelle raison mais j'eus bien envie de le faire chier juste pour le plaisir.
— Ne t'inquiète pas, Andrew. J'ai déjà demandé à miss parfaite d'arrêter de venir dans ma chambre, glissais-je, un sourire en coin.
Il m'assassina du regard et, satisfait, je quittais la pièce. Arrivé devant l'ascenseur j'appuyais sur le bouton puis sa voix résonna derrière moi :
— Ne fais pas trop le malin. J'ai le bras long. Un coup de fil et ton cher ami Deagan prend perpétuité.
Je rentrais dans la machine et me tournais vers cette ordure. Les mains dans les poches, l'air satisfait, il déclara :
— Dealer pour des riches n'est pas toujours une bonne chose. Ton ami aurait dû faire attention avant de se lancer dans son business.
Je pris un sacré coup au cœur en entendant cette révélation. J'appuyais sur le bouton du rez-de-chaussée, puis lâchais :
— Va te faire foutre !
Les portes se refermèrent et je jurais en gueulant comme un fou. Putain ! Deagan avait joué au con derrière mon dos et cet aristo de mes deux semblait en savoir un rayon contrairement à moi.
Ça me faisait chier, bordel !
***
L'après-midi passa sans que je ne revoie Keyla. J'ignorais où elle se trouvait pendant tout ce temps. Dans le salon, je discutais avec Anita. Enfin, elle, plus que moi. Le mauvais temps persistait et j'avais l'impression que nous allions y avoir droit pendant encore plusieurs jours.
Les dernières bûches du feu crépitaient dans la cheminée tandis que je lisais un bouquin pris dans ma chambre quelques heures plus tôt. Anita tricotait une écharpe, son passe-temps favoris à ce que j'avais entendu durant son monologue.
Soudain, alors qu'un éclair zébra le ciel, je lançais :
— Le manoir est entouré de fleurs magnifiques. Est-ce qu'il y a une serre quelque part ?
Anita cessa de tricoter puis plongea son regard dans le mien.
— Mon garçon, dois-je m'inquiéter de la suite de ta question ?
Je grimaçais pour m'empêcher de sourire.
— Probablement. J'aimerai offrir des fleurs à Keyla. J'ai été... assez dégueulasse avec elle tout à l'heure.
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Au-delà de ton silence
RomanceJ'avais tout. Star de l'équipe de football, fils unique, des parents aimants, la vie me souriait et l'avenir semblait prometteur. Mais quand on croit briller parmi les étoiles, la chute au sol est redoutable. Il ne reste plus rien, mise à part les...