8- Secrets

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Je continuais de fixer Anna-Beth après la révélation de son père. Ses joues se mirent à rougir et ses doigts s'entortillaient entre eux. Pourquoi avait-elle l'attitude d'une femme coupable alors qu'elle m'avait aidé ? Lui poser la question me démangeait mais je fus pris de court par Andrew.

— Je peux savoir ce que tu faisais sur cette route à cette heure ?

Il serrait les dents et semblait en colère. Sérieusement, il se prenait pour son père ? Anna-Beth tourna son visage vers lui.

— J'ai fait un détour avec Cassandra. Rien de bien méchant.

— Encore avec cette fille ? Elle a une mauvaise influence sur toi. Edmond, comment pouvez-vous laisser faire cela ?

Je regardais ce dernier qui buvait un verre de vin.

— Nous réglerons cela en privé. Pas devant nos hôtes, déclara-t-il.

Andrew croisa mon regard.

— Une chance qu'Anna-Beth ait été sur ton chemin, n'est-ce pas ? Tu aurais pu mourir.

Je me dégageais brusquement de la table et désignais mon fauteuil d'une main.

— Je te rassure, au fond, c'est un peu ce qui est arrivé. Excusez-moi, je n'ai plus vraiment faim.

Keyla se leva mais je secouais la tête pour la dissuader de me suivre. Je roulais jusqu'à l'ascenseur quand je vis la porte d'entrée s'ouvrir sur Anita qui tenait un bouquet de fleurs à la main. Elle m'observait tandis que mon regard se perdait vers l'extérieur. Le jardin qui semblait infini me rappela les matinées où j'allais courir avec Deagan dans le froid de New York. Nous parcourions Central Park, écouteurs aux oreilles, dépassant toujours nos limites.

— Vous avez déjà terminé de déjeuner, monsieur Silvàn ?

Je tournais la tête dans en direction d'Anita. Elle posa les fleurs sur une petite table devant les escaliers et revint vers moi.

— Je n'ai pas mangé.

— Mon rôle est de m'occuper de votre bien-être. Cela commence par le fait que vous vous alimentiez correctement. Je dois m'en assurer.

À nouveau, je jetai un œil vers la porte qu'elle n'avait pas refermé. Anita reprit :

— Désirez-vous prendre un peu l'air ?

Je hochais simplement la tête et sans rien ajouter elle s'empara de ma veste accrochée parmi les autres avant de m'aider à l'enfiler. Une fois fini, nous sortimes. J'avais déjà senti un air frais en étant dans le hall, mais pénétrer dans le froid mordant de ce paysage magnifique raidit chacun de mes muscles. Les supérieurs bien évidemment. Anita me tendit une paire de gants et je signais "merci." Avant de me rendre compte qu'elle ne connaissait peut-être pas ce langage.

— Excusez-moi, c'est une habitude. Merci.

Elle restait à mes côtés le temps que je les enfile, puis se plaça derrière moi. Je lançais :

— Je sais que vous êtes payée pour faire ça mais vous ne devez en aucun cas vous sentir obligée.

Anita commença à pousser mon fauteuil. Nous descendimes la rampe juxtaposant les escaliers puis nous commencâmes la balade.

— Je suis payée pour m'occuper de vous. Vous tenir compagnie. Écouter vos plaintes lorsque vous en avez.

— Et me promener comme un gentil cleps.

— J'ignorais que vous aviez une laisse autour de votre cou.

— Vous voyez où je veux en venir. Je suis en fauteuil, dépendant d'une tiers personne. En d'autres termes, dans la merde. Soyez honnête. Qui rêve d'une vie pareille ?

Au-delà de ton silence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant