13-Jour J

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Anna-Beth attendait ma réponse qui ne venait pas. Je fis mine d'avancer alors elle se décala. Une fois dans l'ascenseur, j'appuyais sur le bouton et au moment où les portes allaient se refermer, elle demanda :

- On se voit demain au centre de rééducation ?

Elle n'avait obtenu aucune réponse de ma part. En regagnant ma chambre, je fulminais de rage. Pas pour l'interdiction d'Edward de fricoter avec miss parfaite, mais plutôt parce qu'Anna-Beth s'intéressait à moi. Je ne comprenais pas dans quel but étant donné que je ne pouvais rien lui apporter. Comparer à Andrew, il n y avait pas photo.

Pour l'heure, je me contentais de me préparer à la venue de l'infirmier. À l'hôtel, je n'avais pas été tendre avec lui. J'avais eu besoin de me défouler, il se trouvait simplement au mauvais endroit au mauvais moment.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie de l'interphone retentit. Je sursautais, n'étant pas habitué à l'entendre. En jurant dans ma barbe, j'allais répondre et lui dis de monter. L'ascenseur s'ouvrit sur lui.

- Bonsoir, Silvàn. Comment vas-tu ce soir ? s'enquit-il en entrant.

Je fis l'effort de répondre.

- Bien. J'ai hâte de voir les conséquences de ma connerie.

Nate esquissa un sourire puis m'aida à m'allonger sur le lit. Je retirais mon pantalon et restais en caleçon. Il se munie de sa paire de gants et se mit à examiner les plaies sur mes cuisses.

- On t'a bien soigné à temps, il n y a pas de souci à se faire, O. K ? On va continuer à appliquer la crème, et à la fin de la semaine ça ne devrait être qu'un mauvais souvenir.

Je grimaçais. Trop de mauvais souvenirs me hantaient en ce moment. Nate prit ma jambe droite et la bougea. Ensuite il fit de même avec la gauche.

- Ça va ?

Je souris malgré moi.

- Je sens que dalle donc tu peux même m'arracher la jambe si tu en as envie.

Il ne rit pas, au contraire son visage s'assombrit. Je n'étais pas du genre bavard mais mon environnement me forçait de plus en plus à l'être.

- Depuis combien de temps tu fais ça ? Sérieux, il y a plus gai comme métier que celui-là. Ne me sors pas le cliché de la dernière fois concernant l'aide apportée aux gens comme moi.

Il secoua la tête, puis planta son regard dans le mien.

- Et toi, depuis quand tu causes autant ? Allez, à la douche.

Je n'insistais pas et il m'emmena jusqu'à la salle de bains. Cette fois, je ne dis rien, le laissais me savonner sans faire de remarque déplacée. Une fois terminé, nous regagnâmes la chambre. Ces moments étaient horribles pour moi alors je préfèrais continuer à garder le silence. Réellement.
Nate le comprenait. Lui-même semblait à des années lumière d'ici, comme perdu sans ses pensées.

Il se contenta de m'habiller puis me souhaita une bonne soirée. Avant de rentrer dans l'ascenseur il se tourna vers moi.

- Au fait, bon courage pour le début de ta rééducation demain. Je suis sûr que ça se passera bien.

Touché par ses paroles, je hochais simplement la tête puis il quitta les lieux.

                                                                                                   ***

Le lendemain matin, c'est excité comme pas possible que je me levais et fis rapidement ma toilette. Enfin, le grand jour était arrivé. L'objectif restait simple. Plus je me grouillais, plus je faisais d'effort, et plus je remarcherai vite. En théorie. Mais putain, j'étais déterminé comme jamais. Mon ancienne vie me manquait. Courir, jouer au football, bref tout ce que je considérais à présent comme un luxe alors que l'être humain prenait cela comme une chose normale.

Au-delà de ton silence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant