Chapitre 19

61 5 0
                                    



Nous nous étions toutes les deux réfugiées dans une boîte que ni Gab ni moi ne connaissions, bien loin de nos petits bars habituels. La musique y était assourdissante et des lasers colorés tournaient dans tous les sens. Choisir un endroit que nous ne fréquentions pas en temps normal était purement calculé. Charles pouvait se transformer en un véritable inspecteur Gadget quand il s'agissait de savoir où je venais exactement de poser mes fesses. Il n'avait jamais supporté de ne pas savoir où je me trouvais à chaque seconde de chaque instant. Ce soir, c'était mon soir, mon moment de liberté à moi, loin des problèmes et de la vérité.

Mon amie se déhanchait comme une malade au rythme des basses qui crachaient de la musique Techno à la mode et hyper entraînante. La pièce était pourtant gigantesque, mais on avait l'impression que tout le monde se marchait dessus tant la piste de danse était assaillie par les fêtards. J'avais bien passé une bonne heure en compagnie de Gab à sauter en l'air, me tortiller dans tous les sens et à hurler pour faire sortir de moi toute cette rage que j'avais accumulée. Après ça, exténuée et toute transpirante, je m'étais dirigée vers le bar, laissant Gab se trémousser seule avec les dieux de la musique. Les DJ de ce soir étaient vraiment excellents.

Je pris place à l'un des tabourets alignés le long d'un gigantesque bar qui ne mesurait pas moins de dix mètres de long et derrière lequel cinq barmaids couraient dans tous les sens pour servir verres et cocktails. Il ne me fallut pas plus de cinq secondes pour me faire aborder par quelqu'un.

- Salut ma belle, je t'offre un verre ! me proposa un homme en chemise immonde et à l'odeur de déodorant repoussante.

- Dégage de là bouffon ! aboyai-je mauvaise.

- Une méchante, j'adore !

J'avais bien changé depuis l'année dernière. Je n'étais plus la même femme. Depuis que je m'étais débarrassée de mon secret, je m'étais aussi débarrassée de cette soumission malsaine que les hommes avaient sur moi. Malheureusement pour ce Beauf fraîchement arrivé, je n'étais pas franchement d'humeur à supporter ses avances fumeuses.

- Non, mais ce n'est pas vrai ! Les mecs aiment qu'on les insulte maintenant ? Qu'est-ce qu'on doit faire pour que vous nous fichiez la paix ?

- Accepter de prendre un verre peut être.

- Tu es maso ?

Il commençait à me courir sur le haricot celui-là. Si la franchise ne marchait pas, alors quelle stratégie aborder ?

- Allez, juste un verre ! insista-t-il en se penchant dans ma direction.

- Désolé, m'excusai-je en faisant la moue. J'ai déjà la nausée, mais merci quand même.

Cette fois, il n'insista pas plus longtemps. Il fit mine de ne pas être vexé le moins du monde, mais j'avais enfin fait mouche. Il s'éloigna et se trouva une autre victime en moins de temps qu'il ne me fallut pour me remettre de cette conversation fort désagréable. Je commandai une vodka, certaine de ne pas encore avoir eu ma dose d'alcool fort, et avalai la moitié de mon verre en une gorgée. J'étais sur le point de régler son compte une bonne fois pour toutes au contenu tout entier lorsque je sentis ma poche arrière vibrer. Je me saisis de mon téléphone et entrepris de déchiffrer l'écran avec ce qu'il me restait de vision claire. "Benjamin" s'affichait en gros sur mon téléphone. Je n'hésitai pas une seconde à décrocher.

- Ne t'en fais pas, je la garde à l'œil, personne ne l'approchera, gloussai-je sans préambule.

- Maggie, Charles est à la maison ! trancha Benjamin qui ne semblait pas d'humeur à rire.

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant