Chapitre 26

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J'installai Pauline dans ses appartements, la magnifique chambre que Charles avait pris la peine de rénover juste pour moi et qui n'était autre que l'ancienne chambre de sa petite sœur. Lorsque j'ouvris la porte, je m'étais attendue à un sourire, un souffle, une réaction positive de la part de celle qui avait les yeux partout depuis tout à l'heure. À la place, elle croisa les bras, boudeuse. Je pris sur moi pour ne pas lui faire de remarque désobligeante. Elle s'avança jusqu'à la fenêtre et elle observa le jardin en s'appuyant contre le rebord de la niche qui abritait celle-ci.

- Tu es ici comme chez toi, commençai-je pour la mettre à l'aise. Tu as ta propre salle de bains derrière cette porte...

Elle ne bougea pas le petit doigt et ne répondit pas. Je compris qu'il ne servait à rien de continuer. Elle avait sans doute besoin de temps. Je décidai de la laisser faire la tête. Après tout je n'étais pas sa mère.

- Bon, je vais te laisser t'installer. Je t'appellerai pour le dîner. Fais ce qu'il te plaît.

Il faudrait certainement plusieurs jours à cette demoiselle pour qu'elle puisse déambuler ici et là sans se sentir comme un intrus en ces murs. Tout ce que j'espérais, c'était que son mauvais caractère s'estompe.

Je me rendis jusqu'à notre chambre et entrepris de chercher mon téléphone portable. Où pouvait bien être ce fichu truc ? Je cherchai dans notre lit sans rien trouver, puis dessous. Toujours rien. Non d'un chien, il devait bien être quelque part. Je descendis au rez-de-chaussée à la recherche de Paul. Avec un peu de chance, il l'avait retrouvé en faisant le ménage.

Je me rendis à la cuisine car, l'heure du dîner approchant, il devait très probablement s'y trouver. À mon arrivée, je n'y découvris personne bien que le four fonctionne et qu'une délicieuse odeur s'en échappe.

- Paul ! hélai-je à travers la cuisine, le salon puis le hall.

Il réapparut de l'extérieur, suivi de près par le petit Squeezy. Depuis que mon chat était ici, j'avais beaucoup moins le loisir de le voir. Il passait son temps à l'extérieur ou dans les pattes de Charles et Paul. À dire vrai, il les avait adoptés en un rien de temps. Je me réjouis de le voir et me mis à genoux pour accueillir celui que je considérais comme mon meilleur ami, celui qui avait toujours été là pour me réconforter lorsque j'allais mal, celui qui ne m'avait jamais jugé. Il s'avança jusqu'à moi, la queue dressée en l'air et crocheté en son extrémité.

Lorsque ma main se posa à quelques centimètres au-dessus de son dos, il l'arrondit instantanément pour précipiter notre contact. De doux ronronnements secouèrent mon ami à quatre pattes et je profitai quelques secondes de la douceur de son pelage. Paul nous observa, un sourire sur son visage, attendrit par la scène.

- Vous me cherchiez ? me demanda Paul.

- Oui, vous n'auriez pas vu mon téléphone par hasard ?

- Votre téléphone ? répéta-t-il en semblant réfléchir. Non ! Où l'avez-vous vu pour la dernière fois ?

- Dans notre chambre je pense. Je pensais que vous aviez pu le retrouver en faisant le ménage.

- Je suis désolé, je n'ai rien trouvé.

- Ce n'est pas grave, je vais le retrouver. Merci quand même.

Il esquissa un drôle de sourire forcé et s'éloigna, le petit Squeezy à ses trousses. À n'en pas douter, c'était l'heure de sa gamelle. Paul ne se contentait pas de lui donner des croquettes. Non, il adorait lui préparer de bons petits plats équilibrés. Il m'aurait presque fait penser à une vieille dame avec son chat adoré.

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant