Chapitre 74

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Bien évidemment, après tout cela, je ne parvins pas à me rendormir. Je m'installai dans le salon que je transformai en véritable cellule de crise. Je contactai d'abord le Professeur Rossi afin de lui demander s'il était possible pour lui de me confier ses travaux afin de convaincre les membres de la Potens Research Fondation. Il n'était pas question qu'il puisse penser que nous tentions de lui voler ses recherches.

Il accepta sans hésiter, bien conscient, que personne mis à part lui et Charles ne serait capable d'effectuer les modifications nécessaires au Cœur Artificiel. Son travail était une chose, mais nous avions par-dessus tout besoin de son expertise et de ses mains.

Je passai ensuite le temps qui me fut donné avant que Paul et George ne se réveillent pour chercher les arguments que j'allais bien pouvoir exposer aux membres de la fondation de recherche. Qu'est-ce qu'une fille comme moi pouvait bien y connaître à toutes ces choses-là ? J'avais le sentiment que j'allais me rendre ridicule et que rien de ce que je pourrais dire à toutes ces pointures de la science n'aura d'intérêt ou de crédibilité si cela sortait de ma bouche.

George me rejoignit vers six heures et demie, son ordinateur sous le bras et vint s'installer à mes côtés sur le canapé, en silence. Il se contenta de l'ouvrir et de rédiger tout un tas de mails. Sa présence, même mutique, me fit le plus grand bien. Il me lança un regard entendu et nous retournâmes chacun à nos préoccupations.

- Qu'est-ce que tu fais ? le questionnai-je tout de même, trop curieuse.

- Je fais ma part du boulot ! Je tente de les convaincre de t'accorder une entrevue.

- Tu leur as dit de quoi il s'agissait ?

- Oui et j'ai déjà eu quelques retours. Ils sont furieux Maggie. J'espère que tu as de bons arguments à leur exposer.

Il ne me rassura pas du tout. Ils pouvaient bien être en colère, je n'avais signé aucun contrat de confidentialité. Je faisais ce qu'il me plaisait de faire et, contrairement à la vieille tante de Charles, tout l'argent du monde ne réussirait pas à me faire taire. J'avais entre les mains de quoi sauver Charles et je n'allais pas passer à côté de cette occasion parce que cela éraflait un tantinet leur ego. J'allais me battre comme une hyène.

Afin de les préparer au mieux, et parce qu'aucunes de mes explications ou arguments ne seraient de nature scientifique, George leur fit parvenir le résultat des travaux du Professeur Rossi afin que chacun puisse en prendre connaissance.

Paul se leva, vers 8 heures et je lui expliquai enfin tout ce que nous lui avions caché, George et moi, depuis ces derniers jours. Il devint livide à plusieurs moments, mais à la fin de mon récit, il s'empressa d'aller nous préparer des litres de café pour nous soutenir.

Je pris une pause bien méritée un peu après neuf heures et assistai à distance à la conversation téléphonique de George qui tournait en rond dans la pièce depuis un moment.

- Vous devez l'écouter ! Vous n'avez pas le choix, s'agaça-t-il.

...

- Avez-vous lu les travaux du Professeur Rossi ? C'est brillant, Charles n'aurait rien à y redire.

...

- Je préfère ne pas le mettre dans la confidence pour le moment.

Il se donnait vraiment du mal, c'était indéniable. Je bus une grande rasade de café et inspectai mon bras avec ses points tout neufs. Je n'avais pas eu le temps de penser à moi depuis plusieurs heures et la fatigue commençait à avoir raison de ma volonté. Je vins me blottir sur le canapé, ramenant mes jambes contre moi, ma tasse posée sur mes genoux. Même si mes paupières commençaient à se faire lourdes, je luttai autant que possible pour rester éveiller. Je ne voulais pas perdre une miette de la conversation téléphonique de George. Même si je n'avais pas accès aux réponses de son interlocuteur, j'avais tout de même un bon aperçu de la tournure que cela prenait. Ils allaient être difficiles à convaincre.

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant