Chapitre 45

55 5 0
                                    


Charles redescendit une demi-heure plus tard, frais comme un gardon. Il prit son petit-déjeuner en silence et nous partîmes en voiture vers une destination qui m'était encore inconnue. Paul nous servit de chauffeur et nous conduisit. J'étais tellement stressée que je ne lui demandai même pas où nous allions. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui m'attendait. Cette rencontre allait-elle vraiment pouvoir m'expliquer la raison pour laquelle Charles était incapable de m'aimer et d'être honnête avec moi là-dessus ? Je n'y croyais pas une seule seconde. Pour moi la situation était très simple, soit il m'aimait et il n'avait alors aucun problème à me le dire, soit il ne m'aimait pas mais il n'avait pas la franchise de me le dire.

J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne vis rien de la route. Paul se gara et je découvris avec ahurissement que nous étions devant l'immeuble où se trouvait le cabinet du Dr Cheming. Charles sortit de la voiture et je le suivis sans rien dire. Ça n'aurait servi à rien de lui poser des questions, j'aurais mes réponses assez vite, pensai-je. Il poussa la large porte en bois et à notre arrivée dans la salle d'attente vide du cabinet, le Dr Cheming nous attendait déjà. Lorsqu'elle me vit à la suite de Charles, totalement désorientée par la situation, elle eut pour moi un sourire qui se voulut à la fois réconfortant et compatissant. Ça ne me disait rien qui vaille.

Que pouvait-on bien faire ici ? J'avais beau retourner le truc dans ma tête, je ne voyais vraiment pas la raison de notre présence à son cabinet. Notre psy, nous fit signe d'entrer et nous nous exécutâmes. Nous prîmes chacun place sur l'un des fauteuils postés devant son bureau et attendîmes patiemment qu'elle ferme la porte et s'installe à son tour.

- Je voudrais clarifier une chose avant qu'on ne commence, clamai-je avant que le Dr Cheming ne prenne la parole.

- On vous écoute Maggie !

- J'espère qu'on n'est pas ici pour moi.

- Vous pensez qu'il y aurait une raison pour que l'on soit ici pour vous ? me demanda-t-elle avec attention.

- Ah non, ne jouez pas à ça avec moi ! Je ne suis pas venue ici pour me faire analyser. Je suis là parce que Charles m'a demandé de venir. Alors, j'attends, qu'est-ce qui se passe ?

Charles observa le Dr Cheming et ne prit la parole que lorsqu'elle lui fit un signe de tête encourageant. Alors seulement il se lança.

- Tu m'as demandé de choisir, commença-t-il en plongeant son âme dans la mienne. Tu m'as proposé de t'avouer que je t'aimais ou bien alors de te laisser partir. La vérité c'est que je suis incapable de faire l'un comme l'autre.

- Attends, l'interrompis-je. C'est vrai je t'ai demandé de choisir, mais si tu ne parviens pas à me dire que tu m'aimes, ce n'est pas grave. Assume et dis-moi plutôt que tu ne m'aimes pas. Tu ne peux pas me laisser comme ça et, si tu m'as emmené ici pour que ta psy s'occupe de ma santé mentale quand tu m'auras jeté, ne t'inquiète pas, je m'en sortirais, grognai-je vexée.

- Très bien alors je ne t'aime pas, me dit-il aussi simplement que s'il m'avait dit qu'il n'aimait pas les brocolis.

À dire vrai, je m'y étais attendue. Je ne ressentis pas une fois de plus la détresse du rejet de Charles, je l'avais déjà trop vécu. J'étais vaccinée. Non, à la place je ressentis de la honte. Comment pouvait-il me dire ça devant quelqu'un d'autre ? N'était-il pas capable d'assumer ses sentiments ? Avait-il réellement besoin de m'humilier comme il le faisait.

- Charles, protesta notre psychologue. Je ne suis pas certaine que vous vous y preniez de la bonne manière.

- Je n'arrive plus à lui mentir !

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant