Chapitre 20

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Charles et moi aurions volontiers fait l'amour pour sceller notre réconciliation si seulement je n'avais pas l'estomac dans la gorge à cause de l'alcool ni la tête comme une essoreuse à salade. Ce n'était pas faute pour Charles d'avoir tenté l'expérience. Après quelques minutes et me voyant changer de couleur plusieurs fois, il s'était résigné à passer une bonne petite nuit bien tranquille en ma compagnie. Nous nous pelotonnâmes sous ma couette, profitant de la chaleur de l'autre. Il ne me restait que quelques heures pour tenter de récupérer un minimum avant de retourner travailler.

Charles et moi n'abordions pas davantage le sujet de la mort de Magelan. Du moins pour le moment. Nous avions notre dose de drame pour ce soir. Je m'endormis avant d'avoir eu le temps de le dire. Je crois même que mon petit ami était encore en train de me parler quand je sombrai dans les bras de Morphée. Mes rêves furent très agités sans pour autant que je ne me réveille une seule fois.

J'ouvris un œil, plongée dans le noir complet en ayant le sentiment d'avoir dormi des heures et des heures. La place à côté de moi était vide et déjà bien froide. Mon radio-réveil affichait presque 14 heures et l'alarme avait été coupée. Merde, je n'étais pas allée travailler et, pire, je n'avais pas prévenu Garance de mon absence. Après le message que j'avais laissé sur son répondeur la veille au soir, ce n'était pas le moment de jouer l'employée fantôme. Je me redressai dans mon lit et immédiatement mon cerveau fit un tour à 360 ° dans ma boîte crânienne. Houla, j'allais devoir y aller doucement.

Je sortis prudemment de mon lit et me dirigeai tout doucement vers ma cuisine, baignée de lumière. Une décharge électrique zébra immédiatement l'intérieur de ma tête, m'obligeant à fermer les yeux et à froncer les sourcils en guise de désaccord avec cette pourtant si belle journée. Mon appartement était totalement vide, mais trônait sur la table des croissants et une cafetière remplie de café coulé du jour. Ces croissants, bien que plus chaud depuis longtemps, ne semblaient pas venir d'une boulangerie. Pour en avoir le cœur net je vérifiai qu'il n'y avait pas d'emballage dans ma poubelle et y découvris un emballage de beurre vide. Je n'avais pas de beurre chez moi. N'habitant plus ici officiellement, je n'avais pas gardé dans mon frigo de denrées périssables. Il n'y avait donc qu'une seule possibilité. Charles avait préparé des croissants rien que pour moi. Il y en avait beaucoup trop pour une seule personne, mais l'attention me touchait beaucoup. Il avait toujours mis un point d'honneur à me préparer de bons petits plats, surtout quand ça touchait à la pâtisserie. En même temps, vu les effluves délicieux qui flottaient dans l'appartement, je ne voyais même pas comment j'avais pu penser le contraire.

Je voulus me servir une bonne tasse de café, histoire de me réveiller un peu et grinçai des dents en entendant les mugs s'entrechoquer. Je m'en versai une bonne quantité et le mis à chauffer au micro-ondes. Je m'affalai sur le canapé avec deux croissants et pris le temps de les déguster. Manger me fit le plus grand bien. Avec tout ce que j'avais ingurgité comme liquide la veille, j'étais plus que ravie de remplir mon estomac avec quelque chose de solide. Voilà qui allait pouvoir éponger un peu les abus de la veille.

Je ne me formalisai même pas à propos de l'absence Charles. Il n'était pas du genre à attendre patiemment que je me réveille. J'alternai rigoureusement bouchées de croissant et gorgés de café tout en saisissant mon téléphone. Il fallait absolument que j'appelle Garance, au moins pour lui expliquer mon absence. Il était temps pensai-je. Cinq ou six sonneries plus tard, tout de même, j'entendis enfin sa voix.

- Salut Maggie ! Je ne m'attendais pas à ce que tu m'appelles ! Remise ? scanda-t-elle toute joyeuse.

Remise ? Comment pouvait-elle être au courant ? Je n'étais pas prévisible à ce point tout de même !

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant