Chapitre 5

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Durant tout le trajet, je ne cessai de penser à ce que pouvait contenir ce petit sac de papier blanc. L'énorme mystère qui avait été fait sur son contenu me mettait encore plus mal. Je me posai un million de questions. À plusieurs reprises, je voulus arrêter la voiture sur le bas-côté afin de satisfaire ma curiosité. Le voir là, posé sur le siège passager, me rendait folle. Son contenu me narguait ou du moins, c'est le sentiment que j'en avais. Si je l'ouvrais, qui s'en préoccuperait ? C'est vrai, je pouvais l'ouvrir et demander à Paule de me couvrir. J'étais certaine qu'il ne me ferait pas l'affront de le répéter à Charles, histoire de se couvrir lui aussi. Après tout, c'était à Paul de venir chercher ce paquet et il avait laissé cette charge à quelqu'un d'autre. Bon , d'accord, cette charge lui avait été volée. 

Je ne voyais pas bien en quoi le fait que je ramène ce truc par mes propres moyens soit si grave. Je dus faire appel à toute mon honnêteté pour ne pas céder à mes pulsions. J'avais fait une promesse à George et, même si ça ne me plaisait pas, je devais la respecter.

J'approchais petit à petit du manoir, passant enfin les grilles qui marquaient le début de la propriété de Charles Potens, le milliardaire. Plus je me rapprochais de la bâtisse plus la silhouette de la personne qui m'attendait sur le perron se dessinait. Paul, dont les nerfs avaient visiblement lâché, se tenait là sur le perron. J'allais passer un sale quart d'heure. Je me garai n'importe comment devant les escaliers, m'emparai de mon sac à main et du petit paquet avant de descendre.

- Non, mais vous avez perdu l'esprit ? s'emporta-t-il en venant à ma rencontre. Qu'est-ce qui vous a pris ?

Il continua comme ça quelques secondes sans que je n'apporte de crédit à ce qu'il dise. Je me contentai de hausser les yeux au ciel, ce qui me permit de remarquer que Charles nous observait par la fenêtre de son bureau, sans doute alerté par les cris de Paul. Je fis glisser le petit paquet jusque dans mon dos pour ne pas qu'il le voie et, comme si de rien n'était, entraînais Paul jusque sur le perron, à l'abri des regards indiscrets.

- Arrêtez de crier, Charles nous regardait par la fenêtre.

- Oh, mais vous verrez ça avec lui, jeune fille. Je ne suis absolument pas responsable de ce que vous venez de faire, se dédouana-t-il.

Sympa, pensai-je. Il avait vite fait de montrer patte blanche. J'avais simplement récupéré ce truc, je ne voyais pas où était le problème. En plus je ne l'avais même pas ouvert, on aurait plutôt dû m'offrir une médaille pour ça.

- Vous lui avez dit ?

- Ça ne va pas ? Si Monsieur Potens l'apprend je suis fini.

- Ça va, ce n'est rien ! le rassurai-je en voulant dédramatiser mon vol.

- Où est-il ? insista Paul très angoissé.

- Le voilà !

Je lui tendis le sac et il l'examina sous toutes les coutures.

- Vous ne l'avez pas ouvert j'espère ?

- Non, je n'y ai pas touché, répondis-je fatiguée par tout ce tralala.

Je commençais à en avoir ras le bol qu'on me traite comme une gamine. Je ne lui avais rien fait à son précieux sac de je ne sais pas quoi. Et puis, trop c'était trop. J'avais le droit de savoir ce que contenait ce sac. Si c'était si important et si précieux que ça en avait l'air, j'estimais devoir être au courant de ce qu'il contenait.

- Il y a quoi là-dedans ? attaquai-je très sûre de moi et de ce que je voulais obtenir.

- Ça ne nous regarde pas !

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant