Chapitre 66

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George m'avait finalement proposé de contacter dans la foulée le Professeur Rossi. Il était convenu que pendant que je passerai mon appel, il tente d'aller réveiller Charles. Je ne sus pas vraiment pourquoi il tenait tant à le faire lui-même. En plus de cela, il n'était pas si tard. Si Charles avait besoin de se reposer, autant qu'il en profite, pensai-je.

Mais mon ami n'était pas de cet avis. Il voulait voir de ses propres yeux l'état physique lamentable dans lequel se trouvait Charles à chaque réveil. Un état qui ne faisait que décliner d'après Paul, mais auquel je n'avais assisté qu'une seule fois. J'étais à la fois soulagée et honteuse de ne pas être celle qui le verrait dans cet état et subirait sa souffrance.

George sortit du bureau, me laissant seule pour téléphoner au Professeur Rossi. J'avais vraiment hâte de parler avec lui, mais, les yeux rivés sur mon téléphone sans parvenir à appuyer sur les touches, je ne pus m'empêcher de penser à Charles. Il n'y avait rien d'étonnant là-dedans. La réalité, c'était que je pensais à lui chaque seconde. Mon esprit était totalement parasité par la vision de son visage, par le souvenir de son odeur et par le son de sa voix. Chaque molécule de mon corps, chacune de mes cellules poussaient mon cerveau à le maintenir vivant, au moins dans ma mémoire. Il n'y avait rien que je ne puisse faire contre cela, j'étais obsédée par lui.

Je rangeai mon portable dans ma poche arrière et sortis du bureau à pas de félin. George avait déjà quitté les couloirs et je pus me glisser jusqu'à la porte de la chambre de Charles sans attirer l'attention sur ma présence. On apprenait souvent un grand nombre de choses en étant bien caché, ou pas à portée de vue du moins.

J'entendis le bruit d'un rideau que l'on tire, puis plus rien.

- Ce n'est pas vrai ! grommela George. Charles !

Je ne pus savoir quel procédé il utilisa pour sortir mon homme de l'étrange sommeil profond dans lequel il semblait de plus en plus prisonnier, mais Charles réagit.

Il n'émit d'abord pas de réelles paroles, mais uniquement des gémissements, comme la fois où je l'avais réveillé moi-même. Il se plaignit doucement, d'une douleur invisible pour nous.

- Je sais que tu ne te sens pas bien, mais maintenant tu te remues et tu lèves ton cul.

Entendre George lui parler de cette manière me révulsa. J'eus envie de pénétrer dans la pièce et de lui dire mes quatre vérités, mais je me retins.

- Si tu ne prends pas sur toi, il arrivera un jour où tu ne pourras plus te lever et tu vas crever dans ce lit. C'est ce que tu veux ?

- Va te faire foutre ! jura finalement Charles la voix très rauque et le souffle court.

- Allez mon gars, lève-toi. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour elle.

Charles se plaignit encore, sans utiliser de mots, et réussit à répondre à celui qu'il n'avait plus l'air de considérer comme son ami depuis un moment.

- Pourquoi tu me dis un truc pareil ? cracha-t-il sans force.

- Parce qu'elle a besoin de toi vivant, espèce d'idiot.

- Que je ne réussisse plus à me lever demain ne serait pas un scoop. Tu es suffisamment bien placé pour savoir que ce n'est qu'une question de temps.

- On continue à travailler sur tes recherches comme des forcenés. On ne lâche rien et tu dois faire de même. Tu dois nous laisser encore assez de temps Charles.

- Pour quoi faire ? Tu n'attends que ça que je ne sois plus capable de me lever. Tu essaies d'avoir le beau rôle auprès d'elle pour qu'elle t'apprécie et, qui sait, un jour elle te sera suffisamment reconnaissante pour ce que tu as fait pour moi qu'elle finira bien par succomber à tes charmes.

Cœur Artificiel Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant