Narcée venait de se réveiller, lorsqu'il se rappela quelque chose de très incongru. Son devoir de mathématiques, sur lequel il avait si bien travaillé, ne serait jamais rendu. Il avait dépassé le dernier délai pour le donner au professeur était passé de deux jours. Ce fut la raison pour laquelle le jeune homme se réveilla, en sueur et paniqué, en milieu d'après-midi.
— Putain, jura t-il contre son subconscient.
Ne pouvait-il pas rêver de choses plus agréables qu'à des mathématiques ?
Dans les vapes, il chercha ses vêtements à tâtons au bord de son lit — très confortable, par ailleurs. On ne dormait pas tous les jours chez un dieu du sommeil ! Enfin... peut-être que ça serait le cas, dorénavant. Il ne savait pas.
Il ne savait rien.
Il avait été embarqué dans cette histoire contre son gré, même s'il n'avait rien fait pour s'échapper. Jusque là, il n'avait fait que suivre Léane là où elle disait qu'il fallait aller. Il fallait dire qu'il était complètement largué, le pauvre. Et cela ne lui était jamais vraiment arrivé ! Ses parents avaient toujours bien gagné leurs vies, et payé tout ce dont il avait jamais eu besoin, et même plus. Narcée avait vécu sous la garde de sa tante jusqu'à ce qu'elle quitte le monde des vivants, et il avait ensuite dû passer sa scolarité dans des pensionnats. Il ne voyait pas souvent ses parents, parce que ceux-ci étaient toujours autre part dans le monde pour des voyages d'affaires. Il avait songé à leur demander leur aide pour voyager dans les pays pour Léane, mais il était plus que probable qu'ils refusent : ils tenaient à ce que leur fils termine ses études... ce qui risquait de ne pas arriver, à cause de ce fichu pouvoir que Léane détenait.
Ce fichu pouvoir... il n'avait rien demandé. Elle non plus. Pourtant, il concevait que cela lui arrive, car dans les histoires, c'était toujours les personnes auxquelles on s'attend le moins qui obtiennent le pouvoir. Léane était plus que normale, lui aussi. Ils étaient de simples étudiants.
De simples étudiants qui s'étaient retrouvés dans une aventure surnaturelle.
Narcée se leva en maugréant quelque chose contre son rêve. Il repoussa la couverture blanche — tout était blanc, à cet étage, tant qu'il en avait des migraines — et s'habilla. Cela faisait quelques jours qu'il portait la même chose, il faudrait que Léane, Iris et lui retournent à l'internat pour récupérer leurs vêtements.
Toujours un peu dans les vapes, il sortit de sa chambre sans prendre la peine de passer dans la salle de bain ou de manger, et descendit les escaliers pour sortir des jardins de Babylone. Il passa devant Aali et Schéhérazade, cette dernière la saluant avec un grand sourire. Si seulement son fils était aussi sympathique qu'elle !
Enfin, il fallait dire qu'il l'avait épaté, cette nuit. Il n'avait pas été gentil du tout, mais il avait su redonner du courage à Léane. Et puis... il donnerait tout pour revoir ce petit prétentieux s'agenouiller devant lui et prétendre qu'il était à son service !
Narcée sortit des jardins suspendus grâce à la passerelle qui s'était reformée. Il avait découvert la veille, dans un élan de curiosité, s'il pouvait quitter l'édifice sans l'accord de Morphée, et la réponse avait été positive. Il sortit donc, et fut comme à chaque fois émerveillé du spectacle qui s'offrait devant lui.
La première fois qu'ils étaient arrivés, les jeunes gens n'avaient regardé que les jardins suspendus, et n'avaient pas pensé à observer ce qui se passait autour d'eux. Et pourtant, il y avait de quoi ! Toutes sortes de créatures et d'animaux mystiques courraient, volaient et rampaient sur l'herbe des collines, de la forêt non loin de là, et dans le ciel. Ciel qui, d'ailleurs, n'était pas uniquement bleu et parsemé de nuages. Il y avait là-haut des étoiles, certes presque invisibles à cause de la clarté du jour, mais on pouvait voir des sortes d'aurores boréales aux reflets pâles, qui donnaient une couleur fantastique au ciel.
Il était traversé d'espèces d'animaux à moitié oiseaux ou chauve-souris et à moitié... autre chose. Le jour précédent, alors que Léane était en Grèce pour chercher un Descendant, une des créatures s'était posé devant lui. C'était une sorte de chimère mi-aigle et mi-lion. Il était sûr d'en avoir déjà entendu parler, mais il ne savait pas exactement de quoi il s'agissait. Enfin, selon Morphée, c'était un « Mithy ». En tout cas, la créature avait été très affectueuse, malgré sa tête d'aigle menaçante. Elle s'était frottée contre ses jambes et avait essayé de se faire caresser, un peu en vain, car Narcée avait été effrayé de son approche pour le moins... étrange.
Peut-être arriverait-il à la rappeler, aujourd'hui.
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LE PHŒNIX
Paranormal[TERMINÉ] TOME 1 : L'Appel du Phœnix Il y a bien longtemps, alors que les humains n'existaient pas, que les nymphes et les elfes peuplaient la Terre et que la magie existait, une plume de Phœnix tomba sur un fleuve. Magie. Déesse. Prophétie. Terre...