Chapitre II

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Lancelot


Je me baladais dans la rue bondée de gens. J'errai dans les ruelles et rues de ce village. Mon ventre gargouilla, voilà bientôt deux jours que je n'avais pas manger. J'entrai dans une boulangerie et attrapais un quignon de pain sur le présentoir et le glissait dans ma besace, qui pendouillait à mon épaule, vide. Ce n'est pas ce maigre morceau de pain qui allait manquer au boulanger déjà bien enrobé, me suis-je dit en inspe ctionnant la pièce. Une vieille dame qui ne savait pas faire la différence entre le pain de seigle et le pain blanc avait constitué une parfaite distraction, je n'avais littéralement qu'à tendre la main pour prendre mon futur repas. Je me dirigeais vers la sortie lorsqu'une voix m'interpella :

- Toi, là, ce que tu prend tu dois le payer ! hurla un homme derrière moi.

Encore un de ces clients qui voulait jouer les héros. Je soupirais avant de me mettre à courir, aucune chance que le gros me rattrape, manque de bol, ce fut le client, aussi fin qu'une baguette sans mauvais jeux de mots, qui se lança à ma poursuite. Heureusement pour moi, courir faisait partie intégrante de ma vie. Je l'avais passé à courir d'un côté à l'autre sans autre but que survivre. Je débouchais dans la rue, déjà bondée. J'aurais du mal à circuler librement sans blesser quelqu'un, cogitai-je alors, je m'accrochais à la gouttière d'une maison pour grimper sur les toits, il ne m'attraperait jamais là-haut. C'est ce que je pensais, jusqu'à ce que je voie le client  escalader l'échelle appuyée contre une maison fraîchement repeinte en blanc. Ne voulant pas perdre mon avance, je commençais à courir, je voyais déjà la fin des tuiles se dessiner devant moi, si je ne sautais pas, la baguette aurait vite fait de me rattraper. Je retins ma respiration avant de sauter. Je me rattrapais de justesse au bord d'une fenêtre, ouverte, par chance. Je me hissais à l'intérieur. C'était moins d'une cette fois. Maintenant que j'étais entré dans la maison, je me sentais en sécurité, l'autre question était: comment est-ce que j'allais sortir de là. En reprenant ma respiration j'observais la pièce. Elle était vide, la chance avait donc finalement décidé de me sourire aujourd'hui. À en voir la décoration le propriétaire devait être très fortuné. L'or, l'argent et le cristal étaient les éléments majeurs cette pièce. Il y en avait absolument partout, sur les meubles, sur les murs, sur le lit et encore bien d'autre endroits. Mes yeux se déposèrent sur la magnifique armoire en bois d'acajou dont la poignée était sertie d'un énorme diamant. Curieux, j'ouvris le meuble et je regardai les vêtements. Il devait bien y avoir quelque chose qui était à ma taille dans cette penderie. Je me dépêchai d'enfiler une chemise aussi bleu que la mer. On toqua à la porte, je sursautais :

– Lorsque monsieur sera prêt, il serait prié de descendre, il est attendu.

Je n'entendis aucun pas s'éloigner de la porte alors je m'empressais d'ajouter, en tâchant de prendre une voix formelle.

– C'est parfait, mais j'ai un petit problème avec ma cravate. 

La personne reprit alors:

– Laisser-moi faire monsieur.

J'entendis la clé crocheter dans la serrure. Une vieille femme apparut dans l'embrasure de la porte. Je fermais les yeux, résolu au sort qui m'attendait. La vieille femme entra à tâtons, cherchant ma nuque. Elle était aveugle, elle ne me verrait donc pas passer par la fenêtre. De ses mains expertes, elle noua ma cravate. C'était incroyable que moi-même avec mes propres yeux, ne puisse pas faire ce qu'elle a fait littéralement avec les yeux fermés. Elle tapota mes épaules et voulut sortir de la pièce mais sa hanche frappa un meuble et je la rattrapai avant qu'elle ne tombe au sol. 


– Vous êtes gentil, monsieur d'Aspermont.


D'Aspermont n'était pas mon nom de famille, mais la chance était de mon côté aujourd'hui et je n'avais pas envie de dévoiler ma vraie identité. Pour une fois dans ma vie, j'allais pouvoir dormir dans un vrai lit. Et j'allais en profiter pour manger également.


– Vous avez un bon coeur, je peux le sentir, rétorquai-je sans réellement le savoir.

– Monsieur d'Aspermont, je vous en prie, suivez-moi, je vais vous mener jusqu'au salon ou vous attends monsieur du Lac.


Elle me guida jusqu'au salon et pour se faire, nous traversâmes de nombreux couloirs de marbre. Monsieur du Lac devait être encore plus riche que le roi de ce royaume. De ma vie, je n'avais jamais vu une telle beauté architecturale, heureusement pour moi, la vieille dame était aveugle et par conséquent ne pouvais pas voir la stupéfaction dans mon regard.


– Je vous attendais, dit-il en se retournant vers moi, bienvenu à notre manoir, monsieur d'Aspermont. J'espère que vous adorerez le séjour, il prit ma main et la serra, et ma fille bien sûr. Nous avons quelques détails à régler pour le mariage, mais ce que ne sont que des détails.


Je lui souris d'un sourire encore plus faux qu'un cochon vert. Dans quel pétrin m'étais-je fourré ? 


La prison d'or, d'argent et de cristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant