Chapitre IX

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Guenièvre


Une fois calmée, il me présenta ses excuses. Klébert me raccompagna jusqu'à ma chambre et je me retrouvai assise sur mon lit, allongée à repenser au moment d'intimité que nous avions partagés. Certes, son comportement offensant m'avait blessée, mais il avait directement reconnu sa faute. Mes cheveux avaient conservé son parfum. Je les rassemblais en queue de cheval que je portais à ma bouche. Quelques boucles vinrent chatouiller mon visage. Je souris. Une vie à ses côtés ne serait peut-être pas si difficile que ça après tout. Mais ou étaient passés mes principes ? Je me le demandai bien. Je m'étais jurée que je rejetterai n'importe quel homme, et voilà que le premier venu incendie mon coeur. Une faible flamme s'était allumée pour lui dans mon cœur ce soir là. 


 Les jours qui suivirent ne firent que l'alimenter. Chaque soir, nous nous donnions rendez-vous dans le patio, comme si notre relation était interdite. Il détestait s'afficher en public, ce qui était plutôt surprenant pour un homme riche dont les plus folles rumeurs prétendaient qu'il possédait un orgueil démesuré. Il m'avait apprit la musique, ou plutôt avait tenté de ma l'apprendre. Il s'était révélé que la musique n'était pas vraiment innée chez moi et que l'apprentissage s'avérerait long et sinueux, avec le recul, j'avoue avoir baissé les bras. Peu m'importait si je jouais ou non, ce qui comptait réellement, c'était que je passais des heures entières à n'avoir, rien que pour moi, son corps et sa voix.



La journée s'était passée tranquillement, je l'avais passé à dessiner et à lire. Le soir pendant le repas, mon père souhaita nous laisser seul et il prétexta une migraine. 


– Nous pourrions peut-être retourner au patio ? proposa-t-il en prenant ma main.

– C'est une idée tenante, avouai-je.

– Dans ce cas, princesse tu n'as qu'à accepter.


Lola sortit de la pièce.


– Penses-tu réellement que ma gouvernante va me laisser sortir ?

– Dans ce cas, j'irai dans ta chambre.


J'ouvris ma bouche pour protester, mais l'idée me parut si romantique et si osée que je ne su résister. J'hochai la tête et il me rendit un clin d'oeil.


Un bruit vint m'extirper de mes pensées. J'ouvris la fenêtre et Klébert entra dans ma chambre.


– Tu es ravissante dans cette robe de chambre rose pâle, dit-il en m'observant.


Je rougis et il me prit dans ses bras. J'aimais tant sentir son odeur viril et sentir la sécurité que je ressentais lorsque j'étais dans ses bras. Nous passâmes  le reste de notre soirée à parler et à jouer de la guitare. Enfin, il jouait, moi je l'admirais. 


Mais depuis ce jour, alors que mon amour envers lui ne cessait de croitre, il cesse de venir à nos rendez-vous quotidiens. Je me retrouvai seule, chaque soir, dans le patio en attendant qu'il vienne et chaque soir, je rentrai avec le coeur encore plus abîmé. Mais qu'avais-je donc fait pour mériter un tel dédain ? Chaque nuit, mon coeur se déchirait encore plus. Puis bientôt il m'évita, prétextant toujours quelque affaire important. Les longs et sombres couloirs du manoir, autrefois teinté par la suave mélodie d'une guitare, étaient redevenus silencieux. Et la misérable flamme qui au fil du temps avait embrasé mon cœur, commençait peu à peu à perde son ardeur. 

La prison d'or, d'argent et de cristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant