Chapitre V

6 1 0
                                    

Guenièvre

Mon père parut surpris de me voir, il haussa un sourcil et voyant que je ne bougeais pas, il m'indiqua la porte d'un revers de main. Je sortis confuse. J'entendis des voix au fond du couloir.  Et si c'était mon futur époux ? Comment est-ce que j'allais réagir ? Allais-je vraiment me marier avec un homme que je ne connaissais pas ? Ma curiosité fut plus forte que moi. Je traversais le couloir à grand pas jusqu'à m'arrêter net dans le petit salon. Je tombais sur un jeune homme un peu plus âgé que moi. Ses yeux sombres se posèrent sur moi. Je détournais les yeux avant de rougir. Ses cheveux ébouriffés donnaient à son look solennel une touche de je ne sais quoi plutôt attrayante. Je me concentrais sur mes valeurs. Aucun  homme peu importe son physique, ou son mental m'ôterai ma liberté. Il plissa légèrement ses yeux et retroussa sa lèvre supérieure. L'inconnu tritura sa chemise. Il alla jusqu'à accuser sa servante aveugle de l'avoir mal conseillé ! Je pouffais, il esquissa un sourire vainqueur. Je levais les yeux au ciel, avant de retourner dans ma chambre. Je sentis sa main gelée entourer mon poignet. Je n'étais pas habituée au contact physique, les domestiques ne me touchaient uniquement pour m'aider à m'habiller. Mon cœur sauta, je retirais ma main d'un geste sec. Il parut confus.

– Excuse-moi, je voulais simplement savoir ton prénom...

Il passa une main dans ses cheveux. Je relâchais mes épaules toujours crispées. 

– Guenièvre, soufflai-je avant de partir le plus rapidement vers l'escalier.

Sa voix m'interpela :

– Tu ne tiens donc pas à savoir comment je m'appelle ?

Je m'arrêtai net sur une marche de l'escalier et lui adressai un sourire narquois.

– Vous croyez vraiment que j'ignore l'identité de l'homme auquel on me réserve ? Monsieur Klébert d'Aspermont. 


Il manqua de s'étouffer avec sa salive. Une toux rauque brisa le silence mortel du manoir. Parfait. Ma mémoire était excellente, sans vouloir être prétentieuse. Et elle l'était encore plus lorsqu'il s'agissait de mon futur. Je continua de monter les escaliers et j'arrivai à ma chambre. Je refermai la porte et m'allongeai sur mon lit. Finalement, mon futur mari ne paraissait pas si redoutable. J'avais un immense sourire sur mon visage, j'avais réussi à lui clouer le bec ! 


Je passai le reste de mon après-midi assisse sur le rebord de ma fenêtre à regarder la neige tombée sur le sol de gravier du jardin. Je pris mon cahier et commença à dessiner le paysage blanc qui se trouvait devant mes yeux. Lorsque je finis de dessiner, je pus voir que j'avais dessiné l'encadrement de la fenêtre, qui ressemblait à des barreaux. Comme quoi, même mon inconscient se sentait pris au piège dans ma maison. Je ne sais pas comment, mais je me suis trouvée à repenser à monsieur d'Aspermont. À sa main posée sur mon bras, à la froideur glaciale qu'elle dégageait. Je me souvenais de ses yeux sombres à sa manière de me regarder, à son sourire vainqueur lorsqu'il m'avait arraché un sourire. 

La prison d'or, d'argent et de cristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant