Guenièvre
Une fois dans ma chambre je regrettais presque son rire mélodieux et son sourire enjôleur. Monsieur d'Aspermont paraissait si vivant, sa présence était rafraichissante. Je me retrouvais aux traits de son visage alors que j'avais tout fait pour esquiver sa présence. L'esprit féminin était décidément tout un mystère. Je m'assis sur le rebord de mon lit, mon lourd collier d'argent me rappelait mes perpétuelles entraves, ici, au sein de ma propre maison. Je levai ma main et caressa les chaînes qui me privaient de ma liberté. Elles étaient froides, probablement aussi froide que la neige qui descendait du ciel pour atterrir sur le sol boueux de notre jardin.
Je redescendis, plus tard dans la soirée, pour faire une simple promenade sur l'immense terrain du domaine, qui avait été plus ou moins laissé à l'abandon depuis le décès de mon grand-père. Il était le seul à qui cela importait vraiment d'avoir un extérieur convenable. Alors que je me promenais entourée du chant des grillons, un autre son vint titiller mon attention. Une voix, douce et suave, qui susurrait quelque chanson d'amour. Cette prestation piqua ma curiosité, tel le chant des sirènes qui attiraient Ulysse et ses amis vers elles, je m'approchais de la source. Je cherchais des yeux la provenance de ce son si attractif. Je découvris Klébert, afférer à accorder sa guitare. Je souris.
– Alors on s'est perdue princesse ?
Je sursautais, j'étais pourtant plutôt bien cachée derrière l'oranger. Je rougis, il m'avait appelée princesse et ce n'était pas d'une dédaigneuse, à son ton, je dirai qu'il tentait de me taquiner ?
– Ton père m'a demandé ce que je voulais en cadeau de fiançailles...
Je me braquais, inutile de ma rappeler que j'allais passer ma au bras d'un homme que je n'aimais pas. Il sentit ma colère monter légèrement.
– Contrariée ? constata-t-il railleur.
Je serrai les dents, laisser mes émotions me submerger ne m'aiderai ni moi, ni mon père.
– Ces fiançailles ne te réjouissent pas à ce que je vois ? C'est la seule chose sur laquelle papa n'a pas été d'accord de céder ?
Je sens mon pouls s'accélérer, ma tempe battre à tout rompre. Comment osait-il me parler sur ce ton condescendant ? Pour qui se prenait-il ?
– Je ne tolère plus tous ces protocoles ! Je ne serais jamais la parfaite épouse que vous attendez de moi, et vous, et mon père. Je ne rêve que d'une chose ; la liberté que je n'ai pu m'offrir en 18 ans d'existence !
Il rit. Je me mords la lèvre inférieure, mon sang bouillonne, je suis clairement au bord de la crise de nerfs. Il s'esclaffe :
– Pauvre petite poupée de verre dans son palais de glace.
Mes yeux s'embrument de larmes. Je n'avais pas envie de pleurer, je n'avais pas envie d'être triste comme mon père mais ma vie était loin, très loin de la vie de palace.
– Ce n'est pas un palais de glace, monsieur Klébert d'Aspermont, c'est une prison d'or, d'argent et de cristal, vociférais-je alors que ma voix se brisait en mille morceaux.
La flamme vive qui allume son regard s'éteint. Il pose sur moi un regard compatissant
– Je veux simplement vivre... soufflais-je dans un soupir de désespoir.
Les larmes perlèrent sur mes joues. Il enroula ses bras puissants autour de ma taille. J'appuyais ma tête contre son épaule, il sentait bon le musc et mes soucis s'estompèrent le temps d'une étreinte.
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La prison d'or, d'argent et de cristal
RomanceDepuis la mort de sa mère, une jeune femme est prisonnière de son château et des règles strictes de son père. Désespérée, elle fait la rencontre d'un jeune homme. C'est un voyageur, un voleur, un escroc, aussi malin que le renard il arrivera à ses f...