Chapitre XII

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Lancelot

J'avais emporté la guitare avec, elle ne leur manquerait pas et ce n'était pas complètement un vol, il me l'avait offert après tout. Je me cachais dans les herbes hautes du jardin mal entretenu. J'inspectais les moindres faits et gestes des domestiques, s'ils me voyaient, ils me feraient probablement arrêter, pour refus de tenir ses promesses, ça existait vraiment ce genre de condamnation ? Tout ce que je savais c'était que dans tous les cas, ils avaient plus de pouvoir que moi et que je ne pourrais rien contre eux. Je jetais un dernier regard à la fenêtre de ma douce Guenièvre. J'y aperçus une ombre, mon cœur se serra. Je vis l'ombre défaillir. Je sentis tous mes muscles se contracter. Je ne pourrais jamais l'abandonner. Je ne pouvais me résoudre au fait qu'elle serait blessée par mon départ, que je la blesserais. Je ne pouvais me résoudre à ce qu'elle en aime un autre, comme elle m'avait aimé moi. Je ne pouvais résoudre à la laisser. Je courus en direction de sa chambre. Je la trouvais au sol, sur les genoux, ses yeux embués de larmes. Je la pris dans mes bras, sentir son souffle dans ma nuque confirma mes soupçons, je l'aimais. A la folie. Je l'embrassais, elle ne se dégagea pas. Je la poussais loin de moi afin de la regarder droit dans les yeux ;

– Ma chère Guenièvre, je suis navré mais je ne suis pas celui que tu penses.


Elle parut surprise mais garda le silence. Je suppose que sa tête il devait y avoir une tonne de questions qui se bousculaient.


– Je ne suis ni Klébert ni le riche héritier des Aspermont, ajoutai-je.


 Elle hoqueta et se dégagea de mon emprise. 


– Va t'en alors, dit-elle en me signalant la porte du doigt les yeux larmoyants.


Je restai immobile, elle ne me laisserait jamais exécuter cet ordre. Enfin j'espérai qu'elle ne me répète pas cet ordre.


– Tu es sourd ma parole ? Fuis avant que je ne te dénonce !


Je restais là à la contempler. Ses sourcils froncés son air autoritaire. Allait-elle vraiment me dénoncer ? 


– Je t'aime, Guenièvre du Lac, si tu souhaites me faire pendre pour mon mensonge, dans ce cas, appelle ta gouvernante, dis-je en priant qu'elle ne le fasse pas.

– Tu ne vas pas t'en aller ? demanda-t-elle étonnée de mon calme.

– Non, je ne partirai pas parce que je sais que tu ne veux pas que je le fasse.

– Vas-t'en, répéta-t-elle d'un ton cinglant. 


Je pouvais voir la douleur que je lui avais causé dans ses yeux bleus. Je les avais animés et je les avais éteint parce que je pensais faire les choses correctement.


– Tu ne tiens même pas à savoir à qui tu as donné ton cœur ? demandai-je en voulant prendre sa main. C'est regrettable, il ne me reste plus qu'à accomplir mes desseins secrets. Je fuirai dans un autre royaume où je changerai à nouveau d'identité et...


Elle colla ses lèvres contre les miennes, je saisis ses hanches d'une main. Je lui souris en lui tendant la main.


– Lancelot mais tout le monde m'appelle Lance.

La prison d'or, d'argent et de cristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant