Chapitre III

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Guenièvre


Depuis la mort de maman, j'avais envie de partir. Partir loin du manoir, loin de tout afin de voir le monde et sa splendeur. J'avais envie de voir autre chose que les obscures pièces du manoir familial. Mais mes envies ne pouvaient pas se concréter car mon père avait tracé mon futur. Il avait prévu de me marier à un noble du royaume pour que je lui donne un héritier. Tous les titres et les demeures que possédaient mon père, il ne pouvait pas me les léguer. Même si le docteur avait dit que je devais restée alitée, je déambulais dans les couloirs de la bâtissent lorsque le double battant de la porte d'entrée s'ouvrit sur un fastueux cortège, il avait donc finit par arriver, ce riche héritier auquel j'étais promise.

La colère m'envahit et je fis volte-face il n'avait qu'à exposer ses richesses dans mon salon tient ! Je me moquais éperdument de ses valeurs ou de son physique, j'étais catégorique, je ne voulais rien savoir de lui. Son arrivée venait de donner un coup mortel à mes ambitions. Je regagnais ma chambre en rogne. Je ruminais depuis de longues minutes lorsque Lola passa sa tête dans l'entrebâillement :

– Mademoiselle ? commença-t-elle la conversation d'une voix craintive. Monsieur d'Aspermont est arrivé, vous êtes prête mademoiselle ?

Elle restait derrière la porte, comme s'il elle voulait s'en servir de bouclier. Je soupirais  de frustration et Lola finit par passer le pas de la porte.

– Je vais vous aider, m'annonça-t-elle en m'aidant à refermer ma robe.

Une fois apprêtée, je descendis le large escalier central et rejoignis le salon, à sa gauche. Je vis un homme de dos, accoudé contre notre cheminée, un verre de vin à la main, en conversation active avec mon père. Je déglutis, ce type devait bien avoir trois fois mon âge. Je souris péniblement, ce n'était pas maintenant, devant mon père, que je devais perdre contenance. L'homme se retourna et il me lança un regard condescendant. Sur son nez aquilin se tenait en équilibre des lunettes dont la monture était d'argent.


– C'est donc votre fille ? demanda-t-il en s'approchant de moi.

– Oui, c'est Guenièvre du Lac.

– Dommage que vous l'ayez promise à monsieur d'Aspermont.


Il lécha ses lèvres et me regarda comme si j'étais un morceau de gâteau appétissant laissé sur la table. 


– Guenièvre, voilà monsieur de Valvert.


J'hochai la tête et le regardai effrayée.


– Cette petite n'a donc pas de langue ?


Mon regard se dévia jusqu'à mon père.


– Tu ne vas donc rien dire ? questionna mon père.


Monsieur de Valvert me regarda presque suspendu à mes lèvres pour entendre le son de ma voix.


– J'ai une langue mais je n'ai pas forcément envie de vous parler, rétorquai-je, je retourne dans ma chambre, avisai-je en m'en allant.


Mon père m'enguirlanda pendant une bonne trentaine de minutes après le départ de monsieur de Valvert.


– Tu as intérêt à ne pas te comporter de la sorte lorsqu'on te présentera à monsieur d'Aspermont.

– Père, je n'ai pas envie de me marier, argumentai-je sur un ton plaintif, j'aimerai voir le monde.

– Tu es malade, Guenièvre, et nous avons déjà parler de cela à de maintes reprises et c'est non ! Tu ne sortiras pas du manoir.


Il sortit de ma chambre en me laissant seule dans cette prison. Je ne pouvais pas me résigner à cette simple existence. Je n'avais pas envie d'exister, j'avais envie de vivre ma vie. Je n'avais pas envie d'être une parfaite épouse, je n'avais pas envie d'être une parfaite fille. J'avais envie d'être libre.  Après m'être calmée je retrouvais mon père dans un des salon. Je n'avais qu'une question en tête: Comment voler de mes propres ailes si j'ai toujours vécu dans une cage ?

La prison d'or, d'argent et de cristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant