17.

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L'obscurité, oui cela faisait du bien. Ne rien déceler, se sentir plonger dans le néant rien qu'avec la vue occultée. C'était sûrement ça que l'on appelait broyer du noir en fin de compte. Avelina n'en doutait pas. Ses autres sens en alerte, le bruit de la pluie nocturne qui percutait sur les vitres de la maison, l'odeur bien particulière du linge propre. Et oh, tien donc, son homme n'était pas loin, son odeur amplifiait au fil des secondes.
 
— Que fais-tu dans le noir ? Je ne peux même pas admirer la beauté de ma femme, c'est trop injuste.
 
Levant les yeux au ciel, elle soupira.
 
— Toi alors, tu ne changeras jamais. J'essaie juste d'oublier à quel point je suis une femme infâme.
 
Une lumière intense l'aveugla soudainement, la forçant à plisser des yeux.
 
— Sym ! Mais qu'est-ce que tu fiches ? cria-t-elle en se passant le bras en visière pour éviter de se griller les rétines.
 
Une poigne ferme se resserra comme un étau sur ses doigts l'empêchant de se protéger correctement. Elle se débattit, même si, elle connaissait son adversaire, même si, elle avait conscience que la défensive ne restait que futile. Se défouler un coup à l'aveuglette la boosta. Lorsque finalement, sa vision fut rétablie, elle cessa et les yeux saphir de Sym la fusillaient.
 
— Explique-toi, pourquoi tiens-tu des propos aussi dure à ton égard ? Ça ne te ressemble pas.
 
Merde, c'était censé être une bonne nouvelle pour lui, mais pour finir, rien était bon. Son moral, ses envies, ses humeurs, ses actes.
 
— Je…
 
Elle fut interrompue par un bruit tonitruant venu de la porte d'entrée.
 
Fronçant tout deux les sourcils et se tournant vers l'encadrement menant au hall d'entré, le silence ne dura pas lorsque quatre coups alternatifs à la résonance agressive retentis.
 
Heu… Le Scan d'Identification était toujours fonctionnel, pourquoi utiliser des poings plutôt que le S.I ?
 
Ensemble, ils coururent vers le hall, et la proximité leur fit comprendre que des personnes se disputaient sur le perron.
 
Un homme parlait plus bas que le deuxième qui criait.
 
— Mais fermes-la, bon sang, les voisins vont t'entendre !
 
Elle reconnut la voix de son beau-frère Dan qui de toute évidence tentait de raisonner la tempête.
 
— J'en ai rien à faire des voisins ! Qu'elle ouvre cette maudit porte !
 
Au son de cette voix, des sueurs froides parcoururent le corps d'Avelina au point de déclencher de violents tremblements. La peur la tiraillait. Inéluctablement, il était venu pour lui rendre des comptes, pour la maudire.
 
Elle n'avait pas songé que cela irait si loin, mais en même temps c'était ce que l'on récoltait lorsque l'on détruisait une personne que l'on ne connaissait pas.
 
La main, chaude de Sym la rassura l'espace d'un instant.
 
— Reste là, je vais aller voir.
 
Elle voulut le retenir en lui suppliant de ne pas ouvrir, mais ses forces, la volonté de s'exprimer lui échappait.
 
La discussion à l'extérieur n'avait pas cessé et tandis que son mari ouvrait la porte, une rafale glaciale déferla dans tout le hall. Le bruit assourdissant du vent, de la pluie étouffa une partie des cris.
 
Tout se passa en une fraction de seconde, à un moment, Joss se trouvait à l'entrer le regard sur Dan, tout deux trempés jusqu'aux os et l'instant d'après, lorsqu'il avait compris qu'ils n'étaient plus seuls, il se rua vers Avelina, le regard déformé par la rage. Sentant le danger, Sym fit barrage avec son corps pour empêcher le pire, mais la force qui animait Joss contra la défensive.
 
Reculant jusqu’à atteindre un mur, Avelina fut prise au piège et ferma les yeux en attendant l'impact.
 
Mais rien ne se produisit à part un méli-mélo de cris, d'injures et de pas non coordonnés. Elle ouvrit un œil.
 
Retenu par son mari et son beau-frère, Joss se débattait comme un lion.
 
— QUE LUI AS-TU DIT, PETASSE ? DIS-LE-MOI ! vociférait-il sans cesse, le visage rouge écarlate, les cheveux dégoulinant sur ses joues, mais Avelina ne mit pas longtemps à comprendre que la pluie n'y était pas seule responsable. Il pleurait, envahi d'un désespoir que seul lui et elle en connaissait la raison.
 
Avelina eut conscience qu'elle devait agir dans l’immédiat avant que les choses ne s’enveniment. Son mari n'accepterait pas indéfiniment des insultes, surtout compte-tenu du fait qu'il n'avait aucune idée que la fautive dans l'histoire était sa propre femme. Alors son instinct reprendrait le dessus et ferait ce qu'il faudrait pour la protéger. Et ça ne serait pas joli.
 
Les prévisions s’avérèrent exacte lorsque à bout, Sym attrapa Joss par la gorge et le plaqua contre le mur tout en ignorant les plaintes de Dan et Avelina.
 
— Tu es chez moi ici ! Si je t'ouvre ce n'est pas pour que tu insultes ma femme ! Pour qui tu te prends connard ?
 
— La mienne est partie, finit par articuler Joss au bord de l'étouffement.
 
— Et en quoi la mienne est responsable ? Si tu ne satisfais pas la tienne ne vient pas chercher des noises aux autres.
 
En proie de folie territoriale, Avelina n'avait jamais vu Sym dans un tel état de rage.
 
— Sym lâches-le ! Tu vas le tuer.
 
— Et alors ? il n'a plus rien de toute façon. Plus de femme, pas d'enfant... Il ne vaut rien.
 
S'en était trop, elle détestait vraiment cette facette de son mari. En rage aussi, elle mit toute sa force dans un coup sur l'épaule. Il ne bougea pas d'un iota.
 
— C'est de ma faute, alors lâches-le, sinon tu te retrouveras comme lui. Je partirais et tu sais que ce ne sont pas des menaces en l'air.
 
Il fallut un temps avant que les mots d'Avelina traverse le cerveau court-circuité de Sym mais après ce qui semblait une éternité, il desserra sa prise.
 
— Sym !
 
Finalement, il s'écarta de Joss. Mais la partie était loin d'être finie. Et Avelina savait comment le reste allait se dérouler.

CLONES - Tome 1 ( En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant