22.

19 3 6
                                    

L'impatience qui nouait les tripes d'Essia s'intensifiait à chaque pas exécutés. Pourtant, elle en avait tenu des mains afin de suivre des hommes jusqu'à leur immeuble. Cette situation représentait une partie de son quotidien. Rien de nouveau ne justifiait un tel état.

Mais la main de Joahn était chaude et rassurante. Le bras musclé qui effleurait le sien par intermittence provoquait l'envie de s'y accrocher. Sa démarche restait un régale pour les yeux. Ses larges épaules, sa façon de se faufiler entre les gens, de la guider sans un regard vers elle, lui procurant la possibilité d'admirer le profil de son visage, le tout en s'assurant que leurs doigts ne se lâche pas.

Éblouie par la virilité qu'il dégageait, elle fut étonnée d'atteindre le hall d'un building. L'éclairage la réduit à cligner les yeux. Et l'espace libre qu'ils obtinrent d'une telle soudaineté la fit frissonner. Elle refusa la possibilité qu'il lâche la main, sans quoi elle craignait une récidive avec ses démons. Heureusement, il n'en fit rien. Au contraire, il s'y cramponnait comme s'il redoutait qu'elle ne s'échappe.

Le vestibule battit en demi-cercle, dont les parois comportaient à intervalle régulier une cage en verre, était dénué de plafond visible. En levant la tête, on pouvait apercevoir tous les étages, les multitudes portes vitrées faisant office d'entrée personnelle et les sillons des ascenseurs. Le carrelage d'un blanc immaculé brillait au point que chaque forme s'y reflétait comme un miroir.

— Tiens, j'avais jamais remarqué, mais le sol est super pratique pour regarder sous les jupes des filles, émit-elle sans réfléchir.

Joahn se retourna, elle sentit son regard fiévreux couler sur ses jambes, ses pieds puis le son de ses éclats de rire lui parvinrent aux oreilles.

La tension qui commençait à peser se brisa. Soulagée, elle le suivit, le sourire aux lèvres. Le monde ne s'écroulait pas, elle possédait encore la capacité de déclencher son rire.

Le soixante-sixième étages était à l'instar des autres. Une vue virtuelle panoramique sur l'extérieur y était représenté. Le ciel étoilés encadrait en grande partie de la représentation. Les bâtisses vertigineuses s'animait par les éclairages miniatures publicitaires et une foule à l'échelle fourmillait sur les trottoirs.

Joahn sorti de sa veste encore humide son badge et le scanna. Lorsque la porte coulissa, une voix électronique retentit.

Bienvenu chez vous Joahn 3922-18.

Essia soupira à la fois amusée et agacée.

— Je vois que tu n'as toujours pas désactivé ton mode de bienvenue, depuis le temps que je te dis que c'est inutile, dit-elle en entrant à son tour.

— Que veux-tu, j'aime qu'on me rappelle comment je m'appelle, répondit-il pour la charrier, de plus c'est temps-ci, c'est la seule femme qui prononce mon nom, enfin "femme", tu vois ce que je veux dire.

— Je t'ai appelé quatre fois dans la rue et tu n'as même pas bronché, s'écria-t-elle indignée.

— L'habitude, désolé, il la tira vers lui et la plaqua contre son torse, plaça ses grandes mains sur ses hanches, si tu en as envie, je peux te faire hurler mon nom de plaisir.

Wouah !

Alors là, Essia en resta sans voix, depuis quand dégageait-il une telle assurance. En à peine une seconde, son imagination s'enflamma et mince, que Minos et Hélios lui vienne en aide, car il devina l'effet qu'il déclencha sur elle. Un sourire au coin, il se rapprocha dangereusement de ses lèvres.

Avant qu'il n'aille plus loin, elle le repoussa d'une main.

— Je ne veux pas faire ma prude, mais je suis dégueu, elle désigna son corps encore trempé en insistant bien sur sa tignasse emmêlée et dégoulinante, alors, c'est peut-être déplacé de ma part, mais je peux emprunter ta douche ?

— Très bien, je t'accompagne.

Elle observa les lieux, disposé exactement comme le sien, il était trop évident de s'y retrouver. Le seul truc qui changeait : le manque de goût en matière de décoration de Joahn. Si bien qu'il n'avait rien entrepris, les deux cloisons latérales arborait leurs couleurs blanchâtres d'origine, le sol également. En fait, il avait juste déposé son mobilier. Ce qui se résumait à un divan d'angle orange délavé, une table en lévitation et un projecteur pour le salon. Trois chaises installées au bar, (bar fourni avec l'appartement, meubles et frigo compris), et encore, si elle l'aurait laissé faire, il n'y en aurait eut qu'une seule pour la cuisine. Et un lit pour la chambre.

Un vrai Dieu de la déco.

— Heu... Je sais où se trouve ta salle de bain, ce n'est pas comme si je n'étais jamais venue ici, et comme si tous les appartements étaient différents, lui rappela-t-elle.

— Parce que tu crois que je vais rester sagement sur mon canapé, sachant que tu es nue dans ma douche ? il lui remonta le menton, tu veux ma mort ou quoi ?

Les omissions qu'elle s'apprêtait à dégainer restèrent en suspens, clouées par un baiser sonnant comme une promesse et la força à en savourer chaque mouvement.

Absorbée par l'effet que Joahn lui procurait, elle s'y perdit totalement. Juste consciente que ses mains agrippaient sa nuque, que les siennes sur ses hanches grimpaient son dos pour ensuite redescendre sur son fessier. Elle supposa aussi que sa veste lui avait été retiré, car ses bras s'avérèrent plus légers. mais le reste ? rien ne lui parvenait avec précision. Ni les sons, ni les lieux, encore moins la vision. C'est pourquoi, que lorsqu'elle se retrouva seins nus dans la salle de bain, zapper le trajet ne la bouleversa pas. Ainsi que d'apercevoir Joahn en t-shirt, où parka et chaussures s'étaient volatilisées.

Elle effleura du bout des doigts la peau douce cachée sous le tissu de coton, il lui arracha un sourire lorsqu'il réagit en contractant ses muscles abdominaux. La bouche toujours emprisonnée par leur baiser ardent, elle se saisit du bas du t-shirt devenu de trop et tenta de le retirer. Seulement une résistance l'en empêcha. Elle décolla ses lèvres, avec regret, de Joahn. Un coup d'œil interrogateur plus tard, elle comprit le problème.

Son don de persuasion s'éveilla. Et avec malice, elle rétablit le contact avec sa bouche. Descendit avec sensualité au niveau de son cou, puis l'épaule, là où commençait le tatouage encore caché. Chaque baiser parcourait à l'aveuglette les courbes encrées, obstruées par le kaki du t-shirt. Lorsqu'elle arriva au niveau de la ceinture, avec ses dents, elle descendit la braguette, plaqua les paumes de ses mains sur le ventre de Joahn. En réponse, un soupir rauque de satisfaction augmenta son désir. Toujours avec lenteur, elle entama une ascension avec sa langue, au même moment, elle remonta le vêtement et dévoila le dessin flamboyant. Puis les lèvres d'Essia touchèrent enfin l'abdomen nu. Chaque partie du tatouage fut parcouru par ses soins, si bien que lorsqu'elle regagna la bouche de Joahn, la barrière en coton n'y était plus.

CLONES - Tome 1 ( En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant