15.

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— Hey ma jolie, tu as bien dormi ?
 
Lorsque Sofy ouvrit un œil, il lui fallut un moment avant de faire le point. Incapable de définir où elle se trouvait, elle renonça se replongeant dans un demi-sommeil. Sauf qu'alors, une main caressa sa poitrine, lui faisant réaliser que non seulement, elle n'était pas seule, mais en plus, elle était à poil.
 
Qu'est-ce qu'elle foutait là déjà ?
 
Ah, oui.
 
Elle s'était soûlé pour oublier, s'était faite draguer et avait passé la nuit avec ce type.
 
Et merde, elle n'avait pas su se lever pour filer en douce. Maudissant son manque de chance, elle ouvrit enfin les deux yeux et observa un homme, non pas dans le lit, mais assis sur le bord du matelas au niveau de ses hanches. Une main bien posée sur son sein gauche. Un sourire aux lèvres, il lui tendit une tasse de café fumant. Il n'était pas trop mal foutu, torse nu, un pantalon de survêtement noir.
 
Tiens, il était roux. Ben oui, évidement, comme son Ty.
 
Si ça, ce n'était pas pathétique, elle touchait vraiment le fond.
 
Elle se redressa, accepta ce qu'on lui tendait tout en scrutant sa conquête, elle y étudia tous les traits.
 
Mis à part la couleur des cheveux, il ne ressemblait pas du tout à celui qu'elle avait perdu. Ses yeux étaient bleus alors que ceux de Ty étaient chirurgicalement modifiés d'une teinte oranges profonds. Son visage était plus fin, son nez plus grand, sa bouche plus fine, et bien que des mèches lui tombaient sur le visage, ils étaient plus courts.
 
La longue chevelure de Ty lui manquait, elle qui adorait passer ses doigts dedans.
 
— Je crois qu'on a un peu trop dormi, j'ai raté trois heures de boulot.
 
C'était étrange, mais il y avait peu de temps, elle aurait crié de ne pas la toucher et ce serait tirée en courant. Maintenant, elle ne ressentait rien, ni honte, ni désir, ni peur. Comme si son corps ne lui appartenait plus et se détachait de sa conscience. Peu lui importait qu'il la touche ou qu'elle ait trois heures de moins sur ses hebdos, elle s'en fichait.
 
— Désolé, je ne voulais pas rester autant.
 
Toujours souriant, l'homme lui caressa la joue.
 
— Reste autant que tu veux, trois heures en plus ou en moins, de temps à autre, cela ne me tuera pas. Que dirais-tu si, je te préparais un petit-déjeuner ?
 
Prise au dépourvu, Sofy se retrouva bouche bée, incapable de prononcer un seul mot. Avait-elle envie de manger avec un inconnu pas si inconnu ? Pour tout dire, non. Elle ne se sentait pas d'humeur à faire la conversation. C'était bien la raison pour laquelle depuis une semaine, elle s'éclipsait avant que le mec d'un soir ne se réveille ou si elle était encore assez fraîche et en mesure de marcher droit, elle rentrait chez elle juste après s'être envoyé en l'air.
 
— Je dois t'avouer quelque chose.
 
Se frictionnant les cuisses, il semblait embarrassé en pleine recherche de ses mots. Et même si à cet instant elle le trouva incroyablement sexy, si c'était pour lui avoué que rien d'autre ne se passerait, pas la peine de se fatiguer. Et la petite amie qu'il aurait sans doute, elle s'en fichait. Comme de lui.
 
— J'ai oublié ton prénom.
 
Sur le coup, elle faillit mourir de rire.
 
— Je crois que moi aussi, finit-elle par articuler entre deux respirations.
 
Et alors qu'il sembla soulagé, il se leva.
 
— Dans ce cas, je crois que tu ne me refuseras pas un petit-déjeuner. Tu sais, histoire de nous rafraîchir la mémoire. Bien que…, il la dévora du regard, certains détails ne me sont pas aussi confus. Je t'attends dans la cuisine.
 
Et sans qu'elle n'ait le temps de répondre quoi que ce soit, il disparut. Profitant de sa solitude, elle déposa sa tasse sur le sol et se laissa tombée sur le lit, le regard fixé au plafond et soupira exaspérée. Elle se retrouvait complètement coincée.
 
Après quelque minutes de réflexion qui, ne la menèrent nulle part, elle chercha ses fringues et en trouva une partie. Ses chaussures manquaient à l'appel et sa culotte. Sa robe blanche et cintrée enfilée, elle sortit découvrant l'espace de vie de... Eh bien de celui qu'elle ne tarderait pas à mettre un nom.
 
Quand elle avait atterri ici, elle était dans un état second en faisant abstraction des lieux, qui de tout façon était plongé dans l'obscurité. Des flashs lui vinrent en mémoire. Oui, elle s'était cognée la hanche sur le canapé en cuir noir.
 
Oh, ses chaussures étaient disposées en vrac près d'une table à hauteur variante noire où un petit paquet de livres électroniques traînait et un cendrier.
 
Bien un fumeur.
 
Elle ne savait pas trop déterminer si déception ou soulagement la tenaillait. D'une part, il n'avait absolument rien avoir avec son Ty ce qui pouvait être une excellente chose, d'une autre aurait-elle voulu qu'il lui ressemble ?
 
Le décor était entièrement noir. Mobiliers noirs, sol et plafond noirs eux aussi. Seul les fenêtres étaient d'un blanc étincelant.
 
Pas de vue, pas de mode "paysage exotique", juste du blanc.
 
Elle attrapa ses chaussures à lanières et s’assit pour les enfiler.
 
— Enchanté ma jolie, je m'appelle Shota et toi ?
 
Sofy sursauta, surprise des doigts qui caressaient sa chevelure et des lèvres qui s'étaient posées dans sa nuque. Elle eut un léger mouvement de recul, mais cela n'arrêta pas le dénommé Shota pour autant, il continuait de parcourir sa jugulaire, penché dans son dos, il attendait sa réponse.
 
— So... Sofy, mon nom c'est Sofy.
 
— Mmm, je ne suis pas déçu, ton prénom est aussi joli que toi, murmura-t-il d'une voix agréable et sensuelle qui ne la rendit pas indifférente.
 
La stupeur passée, Sofy se détendit et accepta les baiser qu'on lui offrait. Elle leva la tête vers le plafond pour distinguer le visage de Shota. Vu à l'envers, elle le trouva beau aussi. Et tandis qu'il se saisit de sa bouche pour l'embrasser, elle se rappela que, même si cela ne s’apparentait pas à de la torture, elle ne souhaitait pas que ça dégénère.
 
Comme si son corps avait compris, son ventre se mit à gargouiller, non sans élégance, déclenchant un fou rire.
 
— C'est de moi que tu as faim ? Ou tu veux vraiment manger ?
 
Sofy se sentit rougir, elle venait encore de se taper la honte, mais fut contente de le voir s'éloigner.
 
— Heu, désolé, pour être honnête, je n'ai pas mangé depuis hier matin au moins.
 
En fait son dernier repas s'était constitué uniquement d'un bol de fraises, mais ça il n'était pas sensé le savoir.
 
Il se dirigea vers la cuisine ouverte et l'invita à le suivre. Lorsqu'elle l'eut rejoint, divers aliments s'y trouvaient, bien présentés, un vrai festin lui faisait face. Un plat avec plusieurs viennoiseries, des pots de yaourts, de la pâte à tartiner… Heu, de la salade ? Plus elle observait la table et plus ça devenait étrange. Un bol de chips, de bonbons et même un pot de glace.
 
Remarquant son air perplexe, il rougit comme une tomate.
 
— Désolé, je ne sais plus trop à quoi ressemble un petit-déjeuner romantique, j'avoue que je me suis un peu égaré.
 
— Romantique ?
 
— Ouais, je crois que l'on peut appeler ça ainsi, toi, moi, cette nuit... Attention, je t'assure, je ne suis pas un dingue qui se fait des idées... Merde, maintenant tu vas penser que je le suis... Non oublie ce que je viens de dire. Ce n'est pas une demande, je veux juste te remercier, après on en reste là.
 
Sofy haussa les sourcils à moitié amusée, elle n'avait rien comprit à ce charabia. Mais les mots "on en reste là" ne passa pas dans les oreilles d'un sourd.
 
— Est-ce que ça te convient ?
 
— C'est parfait.
 
— Waouh, j'en reviens pas que tu acceptes, la plupart des nanas qui reste s'attendent toujours à plus.
 
Sofy s'installa à la table bien garnie et souris amèrement.
 
— Sans doute parce qu'elles ne se sont pas faites larguer par leur grand amour.
Une minute, elle venait vraiment de lâcher ça ?
 
— Oh, merde alors. Désolé.
 
— Pas la peine, c'était un con.
 
— Je confirme, si je ne tenais pas autant à rester célibataire, et que j'avais une meuf comme toi, je ne la quitterais pas.
 
Shota s'installa à son tour pris une poignée de bonbons, s’affala sur le dossier de sa chaise, posé en diagonale de la table pour étendre ses jambes dans une position totalement décontractée.
 
Sofy mit la main sur un yaourt et l’entama. Le silence s'installa où chacun tentait de parler sans y parvenir. Plus le temps passait, plus elle rougissait parce que, bon sang, il la matait sans retenue.
 
— Tu te souviens de quoi ?
 
Sofy déposa sa cuillère, puis chercha dans sa mémoire. Elle avait quitté les Jumeaux qui étaient épuisés de leur journée, Kendal lui était parti peu de temps avant avec une bimbo à deux sous. Oui, elle s'était retrouvée seule et avait décidé de changer de bar et avait atterri au DIGITAL et c'était là qu'elle avait rencontré Shota. Ils avaient flirté longuement avant de la ramenée chez lui.
 
— Un peu de tout, mais pas les détails, juste un peu dans le désordre.
 
— Si tu veux, je peux te remontrer ce qui c'est passé dans ma chambre.
 
Sofy rit, d'ailleurs elle ne comprenait pas pourquoi.
 
— Je croyais que tu voulais en rester là.
 
— C'est le cas, mais tu n'es pas encore partie et je ne dirais pas non à une deuxième mi-temps.
 
Elle le jaugea et remarqua que ses cheveux était plus sombre que ceux de…
 
Stooop. C'était fini ces conneries ! Se reprenant, elle se leva et décida qu'elle était restée plus qu'elle ne comptait. Il était temps de déguerpir.
 
— Je crois que je vais rentrer, il faut que je boss au moins un peu. Je ne veux pas t'importuner plus encore, merci encore pour ce repas.
 
— OK, pas de soucis. J'espère que tu botteras le cul de l'amour de ta vie pour moi. Et au passage si un jour tu veux remettre ça, disons pour t'aider à l'oublier, tu sais ou je vis. Sinon le DIGITAL est le lieu où je traîne le plus. Je suis très doué pour les pertes de mémoire, penses-y.
 
Sofy sourit. Décidément, elle n'avait pas arrêté depuis ce matin.
 
— Je n'en doute pas. Ah au fait, tu n'aurais pas vu ma culotte ?

CLONES - Tome 1 ( En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant