Chapitre XIII

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Je me réveillai la bouche pâteuse avec un léger mal de crâne lancinant et la luminosité qui filtrait à travers les volets fermés me faisait mal aux yeux. Tarkal n'était pas dans la pièce. Je pris quelques instants pour m'éveiller complètement et me remémorer les événements de la veille. Je maudissais ma stupidité et mon inconséquence. L'absence de mon mentor commençait à doucement m'inquiéter quand la porte de la chambre s'ouvrit. Il entra précautionneusement en portant un plateau chargé de victuailles. Quand il me vit assise dans le lit, il s'arrêta et me dévisagea :

– Vous n'avez pas bonne mine.

Puis il ajouta l'air gêné :

– Je suis désolé d'avoir été brutal hier soir. J'aurais dû me douter que vous ne teniez pas l'alcool, j'ai fait une erreur, ce n'était pas de votre faute. Heureusement nous partons aujourd'hui, elle n'aura donc peut-être pas de conséquence fâcheuse.

Et avant que je n'aie pu dire quoi que ce soit il enchaîna :

– J'ai préféré monter directement le petit déjeuner. Je ne savais pas dans quel état vous alliez vous réveiller, et je trouvai plus sage qu'on ne vous voit plus ici. Quand nous aurons fini de nous restaurer, nous irons directement chercher nos articles et nous rentrerons chez nous.

J'osais enfin lui poser la question qui me brûlait les lèvres depuis la veille et à laquelle je n'avais toujours pas trouvé de réponse satisfaisante :

– Pourquoi toutes ces précautions ? Personne ne me connaît et comme vous me l'avez dit, ça fait longtemps que vous vous êtes retiré dans la forêt, et vous n'étiez quand même pas un repris de justice, pour devoir vous cacher ainsi ? Non ?

Je vis de l'embarras dans ces yeux, il aurait certainement préféré éluder ma question et je perçus l'effort qu'il fit pour trouver une réponse appropriée :

– Non, je n'ai rien à me reprocher rassurez-vous. Mais par contre on ne sait pas qui ici pouvait connaître vos parents et avec tous les changements que vous avez subit, si vous leur ressemblez et que quelqu'un s'en aperçoit, ça pourrait soulever des questions auxquelles je n'aimerai pas avoir à répondre et je pense que vous non plus.

Son raisonnement se tenait même si je trouvais son explication incomplète et que j'avais l'impression que quelque chose m'échappait encore là-dedans. La faim commençant sérieusement à me tirailler, je préférai ne pas essayer d'approfondir le sujet, tout en me disant que je ne manquerai pas d'y revenir plus tard. Il faudrait qu'il me donne de meilleures explications, j'en avais besoin.

On fit un déjeuner plus que correct et c'est le ventre plein que nous sortîmes de l'auberge.

Ombral que l'aubergiste avait pris soin de faire préparer pour notre départ à la demande de Tarkal nous attendait devant la bâtisse. L'une des fontes avait été remplie de victuailles en vue de notre voyage de retour. J'admirais le sens de l'organisation de mon mentor, je ne savais pas si je serais capable de tout le temps penser à tout jusque dans les moindres détails comme il le faisait si bien. Heureusement qu'il était à mes côtés. Je me rendais compte que malgré l'envie qui m'avait tiraillée de suivre Antaris dans son métier et ses aventures, je n'y étais absolument pas préparée.

Le cheval émit un léger hennissement de salutation en nous voyant. Je lui tapotai affectueusement l'encolure en retour et nous nous mîmes en route. Il était encore relativement tôt et les rues demeuraient calmes. Ne souhaitant pas nous attarder plus qu'il ne le fallait, nous pressâmes le pas jusqu'à notre première destination, l'échoppe du tailleur. Nous y récupérâmes les nombreux paquets qui nous y attendaient puis l'on fit de même chez le cordonnier et enfin chez le coutelier. Nous étions nettement plus chargés qu'en venant, mais c'était nécessaire. Nous savions que nous n'aurions pas l'occasion de revenir à Chassade avant un long moment.

Astria Tome I MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant