Astria Tome I Métamorphose

Chapitre VIII

L'automne puis l'hiver passèrent dans une certaine routine, quand un matin de printemps, Tarkal me fit part de son prochain départ pour Chassade.

– Pourquoi n'allez-vous pas à Circoval comme d'habitude ? C'est moins loin.

Ce n'est pas tant le fait de la plus grande distance qui nous séparait de Chassade qui m'inquiétait que le temps qu'il mettrait à faire l'aller-retour et donc autant de temps qu'il faudrait que je passe toute seule ici. Avec ma dernière et trop récente mésaventure dans la forêt, cette annonce ne m'enchanta pas du tout.

– En fait j'attendais de voir votre réaction devant mon annonce pour vous proposer de m'accompagner.

Je restai sans voix devant cette proposition, je ne m'y attendais pas du tout, et je ne savais pas trop si je devais m'en réjouir ou m'en inquiéter. D'un côté je ressentais l'excitation d'un long voyage, de l'inconnu, de la découverte, et de l'autre toutes ces mêmes raisons m'angoissaient. En plus, comme je l'avais appris pendant nos leçons d'histoire et de géographie du comté, Chassade est une bourgade nettement plus grande que Circoval, et si la première reste très liée au commerce des produits de la montagne, Chassade comme son nom l'indique est liée à la chasse, ses produits et toutes les fournitures dont un chasseur peut avoir besoin. Leurs populations respectives sont donc complètement différentes, les chasseurs ayant un caractère nettement plus sanguin, impulsif et bagarreur. Pour une première sortie en ville, j'avoue que j'aurais très nettement préféré découvrir Circoval, même avec les risques que cette visite pourrait représenter pour mon identité.

Tarkal me tira de mes réflexions :

– Eh bien, on dirait que je viens de vous poser un épineux problème à résoudre.

– En effet, je ne pensais pas que j'aurais l'opportunité d'aller en ville aussi rapidement, vous pensez vraiment que je suis prête à affronter le regard des autres ?

L'idée qu'il puisse y avoir autant de monde dans un endroit aussi restreint, et surtout que je devrais circuler entre eux et avoir des interactions avec eux me donnait la nausée.

– Si vous n'essayez pas, vous ne le saurez jamais, et si vous ne venez pas avec moi, vous devrez rester ici toute seule, vous avez le choix.

Et quel choix... Mais c'était déjà tout vu.

– Bon, je vais venir, mais il faudra que vous m'expliquiez comment me comporter, comment me tenir, ce que je peux dire et ce qu'il faut absolument que j'évite de dire, je ne veux pas nous attirer des problèmes par mon ignorance. Et puis vous ne m'avez toujours pas dit pourquoi on doit se rendre à Chassade.

– En effet. Il n'y a qu'à Chassade que je trouve des flèches et des poignards de bonne qualité, je n'ai plus beaucoup de flèches et il vous faut des poignards, un arc et des flèches à vous, je me suis rendu compte que vous n'aviez aucun moyen de défense. Il vous faudrait également une tenue plus adaptée et plus confortable que celle que vous possédez.

L'idée ne m'avait jamais effleuré l'esprit que je pourrais avoir besoin de telles armes pour ma défense plus que pour la chasse, mais je comprenais que lui avait du y penser lorsque je m'étais perdue. Il avait du profondément s'en vouloir de ne pas avoir mesuré ce risque et de ne m'avoir jamais préparé à une telle éventualité. Un sentiment d'excitation monta en moi :

– Je vais avoir des armes et des vêtements à moi ?

– Il me semble qu'il serait enfin temps, non ?

Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire, j'étais ravie et plus impatiente que jamais d'aller à Chassade maintenant.

– Merci !