Chapitre VII

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L'automne commençait tout juste et mon corps avait apparemment complètement fini sa métamorphose, je ne ressentais plus aucune douleur, j'étais en parfaite santé. J'arrivais maintenant à effectuer toutes les corvées qui m'incombaient avant, à la différence que dorénavant je les faisais avec plaisir.

J'aimais particulièrement m'occuper d'Ombral, le cheval de Tarkal. C'est une bête magnifique qui à elle seule confirmait mes soupçons qu'il devait avoir eu un niveau de vie bien plus élevé que ce qu'il me laissait entendre. Un animal comme celui-là devait valoir une fortune, même si je ne m'y connaissais pas du tout. C'est un gentil cheval mais avec quand même un certain caractère, pourtant j'avais l'impression qu'il m'aimait bien, c'était plus un ressenti d'ailleurs. Je n'étais jamais monté à cheval et je n'avais pas encore osé demander à Tarkal si je pouvais essayer et s'il pouvait m'apprendre. Parfois j'essayais de m'imaginer les sensations que l'on pouvait ressentir à se trouver si haut perché, mais j'avais déjà tellement de choses à faire et à apprendre, que je remettais les leçons d'équitation pour plus tard.

Hormis Ombral, Tarkal possédait également des poules, une chèvre, un bouc et des ruches. Il avait tout prévu pour pouvoir vivre seul ici sans avoir besoin d'aller à Circoval.

Pour ce qui est de la viande, il partait à la chasse régulièrement, c'était un excellent archer. Si bien que lorsqu'il me proposa de m'apprendre, j'acceptai volontiers, j'avais déjà bien assez à faire avec l'apprentissage de l'écriture, de la lecture, de l'histoire, de la géographie et des plantes, mais un enseignement qui me permettait de sortir et de pouvoir développer mes capacités d'adresse et d'attention tout en raffermissant mes muscles était le bienvenu. On s'y attela donc tous les matins, je progressais rapidement et Tarkal me promit de m'acheter un arc et des flèches à sa prochaine sortie à Chassade. Je me réjouissais d'avance, on pourrait enfin partir tous les deux à la chasse et même si l'idée de tuer des êtres vivants ne me plaisait pas spécialement, peut-être qu'un jour ce serait une question de survie pour moi, il fallait donc que je m'entraîne sur des cibles mouvantes.

Un matin je me risquais enfin à faire ma première longue sortie seule. Tarkal était trop occupé avec ses parchemins et ses expériences, alors je me proposai d'aller lui chercher certaines plantes qui lui servaient pour ses différents onguents et qui ne se trouvaient que loin dans la forêt. Je me vêtis donc en conséquence et sortis.

Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait d'excursion dans les bois que j'avais oubliés à quel point c'était agréable et surtout à quel point j'aimais ça. C'était une vraie bouffée d'air pur, ça m'éclaircit les idées et la tête. Au bout d'une heure à vagabonder, je me rendis compte aussi que j'avais oublié ce qu'est une longue marche en forêt et à quel point ça fatigue. Je réussis néanmoins à trouver la majeure partie des plantes que j'étais venue chercher. Tarkal m'avait confié des pages de son herbier afin que je ne les confonde pas avec leurs antagonistes aux vertus toxiques.

Après avoir pris une courte pause assise sur le tronc d'un arbre déraciné, je me mis en quête des derniers spécimens floraux qui me manquaient encore. J'étais perdue dans mes pensées et j'avoue ne pas avoir fait attention à l'itinéraire que j'avais pris à l'aller.

Lorsque je me rendis compte de ma bêtise, le soleil était déjà bien avancé dans le ciel, et même si je ne le voyais pas à cause de la hauteur des arbres, la luminosité qu'il diffusait à présent m'indiquait clairement que j'avais pris beaucoup trop de temps dans ma recherche. J'essayai donc de revenir sur mes pas, je recherchai tous les signes de mon passage afin de pouvoir m'orienter et ainsi trouver un détail qui m'indiquerait de façon certaine le chemin du retour. Un rocher, des buissons particuliers que j'avais notés à l'allée où même le tronc couché sur lequel je m'étais reposée quelque temps plus tôt, mais rien, absolument rien ne m'aidait. Je tournais certainement en rond, la lumière déclinait de plus en plus et la panique commençait à me gagner.

Astria Tome I MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant