Janet Hastings [Mycroft Holmes FanFiction]

Chapitre 3

Janet avait oublié à quel point il était agréable de se balader dans Londres à la nuit tombée.  L'effervescence de la journée se dissipait peu à peu, les couleurs des vitrines illuminées se reflétaient dans les flaques d'eau et l'odeur des restaurants cachait soudainement celle de la pollution et des gaz d'échappement.

Cela lui plaisait de flâner ainsi auparavant,mais désormais, en cet instant précis, cela lui était égal, car elle était bien plus préoccupée par le fait qu'une berline noire la suivait depuis qu'elle était partie de chez Sherlock. Elle n'avait même pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. elle souffla, elle n'y échapperait pas, malgré toutes les précautions qu'elle pourrait prendre, il savait qu'elle était revenue depuis le moment même ou elle avait posé le pied sur le sol britannique. Cela dit, elle pouvait le faire marcher un peu.

Elle comptait marcher encore un peu mais elle se ravisa, traversant soudainement sans prévenir devant le gros véhicule. ce dernier pila, faisant criser les pneus, elle sourit à l'idée du déplaisir que venait certainement de vivre son occupant face à cet arrêt brutal. elle partit en direction du métro ou elle sauta sommairement par dessus les barrières , elle descendit les marches quatre à quatre et ralentit sa course seulement une fois en bas. elle s'assit sur un siège pour attendre son metro , bascula son sac sur ses genoux  et l'ouvrit, extrayant son téléphone et ses écouteurs.

elle enfonça ces derniers dans ses oreilles en soufflant et lança une playlist quelconque,  elle se pencha en avant, reposant ses coudes sur ses jambes et regardant ses pieds pour essayer de ne penser qu'a la chanson et pas aux bruits environnants. elle ferma ses yeux, un instant. tentant d'évacuer la fatigue accumulée. Il lui restait tant à faire, rendre son compte rendu, être examiné par la psychiatre, donner sa démission,trouver un nouveau logement et surtout trouver un nouveau travail qui n'implique pas de s'infiltrer dans une base pleine de dangereux mercenaires, elle soupira.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux à nouveau , une paire de mocassins noirs flambants neufs se trouvait devant elle, à côté de l'embout d'un parapluie. elle releva lentement la tête et jaugea la personne d'en face. un pantalon de costume bleu, certainement pur laine, surplombé d'une élégante veste de la même couleur ou pendait la montre d'une chaîne à gousset. une cravate rouge tranchait avec l'ensemble et celle-ci était nouée autour du cou de l'homme qu'on appelait Mycroft Holmes.

Il n'avait pas changé depuis tout ce temps. Les mêmes yeux d'un bleu glacial, la même coiffure tirée à quatre épingles et le même air suffisant qui lui plaisait si peu.  Une posture élégante, une classe innée, mais ce fichu regard méprisant qui la fixe, comme la dernière fois qu'ils se sont vus il y a 5 ans. Elle avait 36 ans désormais mais lorsqu'il la regardait de pareille façon , elle avait l'impression d'être une enfant que l'on grondait sans même qu'il décoche un mot.

Elle leva les yeux au ciel et retira les écouteurs de ses oreilles.

- C'est pas vrai...

- Bonsoir, Janet.

- Tu vois Mycroft, dit-elle, l'idée de partir en mission pendant 5 ans, c'était...

- Tu permets que je m'assieds? il posa la question, mais comme une formalité, avant de s'installer à côté d'elle.

-...majoritairement pour ne plus avoir affaire à toi. marmonna-t-elle en vérifiant le panneau d'affichage des trains: "en retard" "comme par hasard" se dit-elle.

- Que me vaux l'honneur de la présence du grand Manitou ?

Mycroft lâcha un demi-sourire pincé.

- Je t'attendais bien sûr, il aurait été indélicat de ma part de ne pas te souhaiter la bienvenue, je venais aux nouvelles.

- Wow, Mycroft Holmes, se fendre d'un déplacement pour venir me faire signe et me demander si ça va? montrer de l'intérêt? je pensais que ce genre de préoccupations ne valait que pour nous, la basse population, le grand banc de poissons rouges... tsss. elle rangea brutalement ses affaires dans son sac.

Mycroft la fixa , décontenancé, avant de se racler la gorge

- Je vois que le temps ne guérit pas toujours la rancœur.

éberluée, elle tenta de garder son calme.

- Bien sur que j'ai de la rancœur, j'ai passé pas loin de 6 ans à ton service, tu connais tout de moi, je...pensais...tout connaitre de toi. et comment tu m'as remercié? en me traitant  littéralement d'idiote au moment ou j'étais la plus fragile. alors merci, mais non merci. elle se leva et s'avança vers le quai.

-Que fais tu?

- Ça ne se voit pas? j'attends  mon putain de Metro.

- Tu risque d'attendre longtemps.

- Comme si je n'avais pas déjà deviné que t'y étais pour quelque chose, la station est vide. Bel effort, sincèrement, empêcher des dizaines d'honnêtes gens de rentrer à l'heure chez eux pour que tu puisse tailler une bavette, encore une belle démonstration d'égocentrisme.

-Janet.

elle tourna la tête face à la voie, sentant des larmes lui monter aux yeux . les bruits du plissement du costume de Mycroft lui indiquèrent qui se levait.

- Sincèrement, Je veux juste rentrer chez moi, je suis épuisée Myc.

Il aposa sa main sur le haut de son dos, la faisant tressauter, dessinant des cercles avec son pouce sur sa nuque.

- Je suis désolé. viens me voir demain matin après ton rendez-vous avec Lady Smallwood. S'il te plait.

elle ne se retourna pas, ne répondit pas, se contentant de fixer la publicité en face d'elle tout en écoutant les pas de Mycroft le guider vers la sortie. La rame de métro arriva peu après. elle s'assit sur un siège et sortit son téléphone.

1 Message

Sherlock:

De belles retrouvailles j'imagine

elle sourit.

Jane:

On aurait pu faire mieux.

Sherlock:

A suivre demain matin alors. Bonne nuit.

Elle ne s'attarda même pas a se demander comment il avait pu deviner, habituée depuis longtemps aux combats de déduction des frères Holmes. C'était fou, cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, et pourtant elle avait ressenti le même déchirement au cœur que lors de leur dernière rencontre, elle avait éprouvé la même sensation, l'impression de n'être qu'une moins que rien aux yeux de l'homme qu'elle admirait tellement. elle l'avait protégé de tant de menaces, épaulé lors de tant de crises. il lui avait tout appris. comment déceler le mensonge en un simple regard, comment calmer une cohortes de politiques en colère ou savoir en un instant comment faire croire à un preneur d'otage qu'il aura ce qu'il désire.

Il était tout pour elle, et avant même qu'elle soit à l'aube d'imaginer éprouver un quelconque sentiment pour lui, il l'avait rejeté, comme si elle n'avait aucune valeur pour lui, la faisant se sentir faible, et idiote. Alors elle était partie, elle avait posé sa démission et s'était engagée pour une mission sans fin sous l'egide de Lady Smallwood , la femme qui la détestait depuis toujours et qui rêvait de l'envoyer très très loin .

La mission devait demeurer secrète, elle partit le lendemain matin, avec une nouvelle identité, abandonnant toute sa vie et sans intention de revenir .

Le métro arriva à Old Street, elle sortit  en vitesse sous une pluie battante  et se mit à courir pour rejoindre son hôtel ou ses bagages étaient parvenus. Une fois dans sa chambre spacieuse au lit queen size, elle investit la salle de bain, se brossa les dents , brancha son téléphone sans oublier de régler le réveil et se jeta sur le lit, s'endormant avant même de s'être déshabillée.