Chapitre 17

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Janet n'avait pas pris la peine de ranger son appartement , ni de s'habiller de façon avantageuse, elle avait enfilé un jogging déformé et s'était fichée dans son traditionnel fauteuil, un verre de vin à la main et fixait désormais d'un regard noir la porte de l'appartement. Elle n'était pas du tout prête pour l'entendre a nouveau réciter un couplet sur les désavantages des sentiments,  sur l'étude qu'il avait mené sur leur relation, sur sa façon de se comporter ou quoi que ce soit d'autre.
Avec un peu de chance, il en finirait vite, il déballerait son  discours, partirait et elle pourrait boire jusqu'à la lie pour l'oublier. Avec un peu de chance elle en finirait vite avec ce travail et pourrait enfin être libre de faire ce qu'elle souhaite sans être pistée comme un renard.

On tapa à la porte, elle engloutit le contenu de son verre et se leva afin d'ouvrir la porte. Il se tenait la tête haute, vêtue de son traditionnel costume gris , orné d'une cravate bleu-nuit . L'homme l'observa de haut en bas, sans doute étonné de son accoutrement , mais elle n'en avait cure.
- Tu rentres ? Où tu restes ici à admirer ma robe de cocktail?

Il secoua la tête et rentra dans la pièce, posant ses affaires  sur le dossier d'une chaise.  Elle se servit un verre de vin et agita la bouteille devant lui, comme pour lui demander s'il en voulait.

- Non, Merci.

- Tant pis pour toi. Elle remplit alors son verre à ras bord et s'assit dans son fauteuil.

- Comment te portes-tu? Demanda-t-il  en s'asseyant en face d'elle.

- Ca va... Elle éluda les détails.

- Tout porte à croire le contraire.

Un silence pesant s'installa, exaspérée, Janet rétorqua
- Parce que je ne me suis pas mise sur mon 31 pour t'accueillir? Quelle haute estime de toi-même. Tu ne devais pas me parler de choses qui concernent le travail?  Elle se leva de son fauteuil pour aller chercher ses cigarettes sur le comptoir

- Si mais j'espérais...

- Qu'on fasse ami-ami? Bon sang tu changes d'avis comme de chemise Mycroft. Elle leva les mains au ciel et tenta d'allumer sa cigarette sans succès, elle jeta alors le briquet à travers la pièce. Avec toi c'est comme ça, un pas en avant, trois pas en arrière, exaspérant.

- Cesse donc de me couper la parole, Janet. Son regard s'assombrit, il le planta dans les yeux noisettes de la femme, elle tenta cependant de garder sa composition et de faire front.

-  Il faudrait peut etre que je reste à ma place? C'est bien ça que tu m'avais demandé, avant de venir essayer de me séduire ? Tu me fais miroiter ton côté humain pour me renvoyer ensuite une bonne dose de "carapace" de ton cru? C'est injuste Myc, je suis désolée. Elle s'avança vers lui , son verre encore à la main et sa cigarette éteinte dans l'autre.

- Non justement... je. Il cacha son visage au creux de ses mains, sa jambe prise d'impatiences.

- ALORS QU'EST-CE QUE TU VEUX MYCROFT ?!

- C'EST TOI QUE JE VEUX BON SANG !! Hurla-t-il en se levant, se retrouvant nez-à-nez avec la femme qui avait soudain perdu toute contenance. Ils étaient à quelques centimètres l'un de l'autre, quasiment à bout de souffle de s'être autant emportés, l'intensité du bleu des yeux de Mycroft, si proche , empêchait tout bonnement Janet de faire le moindre geste. Ils se jaugèrent un instant, on entendait seulement leurs respirations furieuses et le bruit du feuilleton de madame Hudson en face.

- Mycroft...je...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que les lèvres de Mycroft s'écrasèrent sur les siennes, après un moment de choc initial ou elle resta ébahie, elle se complut dans cette étreinte et ferma les yeux. Elle accrocha ses bras autour de son cou tandis qu'il l'encercla des siens, la collant contre son corps. Le baiser était charnel, empressé, ils s'exploraient l'un-l'autre pour la première fois. Les bras de l'homme se perdirent au creux de ses hanches , rentrant sous son sweatshirt tandis qu'elle enfouit les siennes sous sa chemise en les remontant le long de son flanc. Des frissons parcoururent sa peau a mesure que ses doigts se promenaient le long de sa colonne vertébrale. C'était bien plus qu'un simple baiser, toute la tension accumulée entre eux depuis des années était en train d'exploser, de s'épandre autour d'eux et de les envelopper. Elle commença à s'affairer a défaire sa cravate, Mycroft quand à lui lui retira son Sweat-shirt, interrompus par le retrait du tissu , Ils se regardèrent un instant, haletants, les joues rosies par la gène et le désir, lui, débraillé et elle en soutien-gorge. Il se redressa.

- Ce n'est pas une bonne idée.

- Quoi?! Myc...

Il l'interrompit en apposant un baiser délicat sur ses lèvres, saisissant doucement son visage entre ses mains.

- Pas comme ça... Janet, pas encore. Je ne veux pas que nous brûlions les étapes. Murmura-t-il avant de lui tendre son sweatshirt.

- Oh, oui... elle saisit le pull et l'enfila, rouge écarlate de ne pas avoir pu se retenir. Mycroft s'était retourné pour réajuster sa cravate, elle sourit et s'assit sur le canapé, tapotant le coussin afin de lui intimer de venir à côté d'elle. Il s'affala à côté d'elle et pencha la tête en arrière, soupirant. Elle se pencha sur le côté , fixant la ligne de son profil, ses yeux glacials, son nez aquilin, la ligne parfois pincée que formait sa bouche, le fin duvet qui parsemait sa peau. Mycroft était peut-être plus vieux, plus maniéré, mais elle l'avait toujours trouvé magnifique en tous points. Il se retourna vers elle, lui servant un léger sourire, ses traits étaient pour la première fois depuis longtemps parfaitement détendus.

- Je  ne pensais pas que ça prendrait cette tournure.

- Je sais faire preuve de ressource. Dit-il en souriant, rangeant une mèche de cheveux derrière l'oreille de Janet. Écoute, j'ai été maladroit je le sais, je ne manie pas les sentiments avec aisance, ce n'est pas ma
Zone de confort . J'ai peur que tout cela empiète sur ma fonction ,  que je ne sois pas à même de faire le bon choix en temps voulu . Cependant , curieusement c'est sur toi que c'est tombé et si je dois me montrer pragmatique je dirais que c'est l'idéal . Tu sais ce que je fais , tu connais les enjeux, les inconvénients et les risques.

- Tu sais que je serais prête à tout affronter pour toi, avant même ce baiser, je te suis loyale depuis que j'ai mis les pieds dans ton bureau.

- Je le sais , c'est bien l'une des choses qui me fais le plus peur. Si je te perds à cause de ces convictions là,  j'en serai bouleversé. Mais si j'essaie d'ignorer tout ce qu'il se passe... il prit sa main dans la sienne. J'ai bien peur d'en perdre la tête .

A son tour elle renversa la tête en arrière et fixa le plafond .

- Alors ... On fait comment?

- Nous découvrons où cela peut bien nous mener, et espérons que tu ne te retrouve pas transformée en monnaie d'échange ou en distraction .

- Et si ça devient le cas ? Demanda-t-elle la voix empreinte d'inquiétude.

- Nous aviserons ... mais pour ma santé mentale ne commence pas à envisager le pire Janet.

Ils passèrent la soirée à bavarder de leurs souvenirs , du travail , Mycroft parlait , Elle écoutait , riait. Elle était allongée sur le canapé , les jambes nonchalamment posées sur les genoux de l'homme d'état . Une chaleur se répandit dans son cœur à l'idée de ce moment intime et spécial qu'ils passaient tous les deux . Il n'y avait pas besoin de plus , pas de fioritures . Il en avait toujours été ainsi au final , même si rien n'avait été émotionnellement implicite auparavant.  Elle lui servit un verre de bourbon et se resservit un verre de vin , ils écoutèrent de la musique, elle dansa , chanta et sur les coups de deux heures du matin, il prit congé.

Alors qu'elle regardait fermer la porte de l'immeuble , elle entendit la porte du 221b s'ouvrir,  Sherlock Holmes se tenait dans l'encadrement de la porte , appuyé sur le chambranle, une tasse de thé fumant à la main.  Il la salua en lui souriant d'un air mesquin .
Elle ne repondit pas , se contentant de secouer la tête avant de le gratifier d'un doigt d'honneur , elle rentra dans son appartement  et s'écrasa dans son lit où elle dormit d'une traite .

Janet Hastings [Mycroft Holmes FanFiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant