Janet Hastings [Mycroft Holmes FanFiction]

Chapitre 23

Un peu plus tôt, 2 étages au dessus, dans un bureau improvisé qui sentait le cuir et les vieux papiers,  L'ainé des Holmes, qui avait délaissé sa veste de costume et ôté négligemment sa cravate s'affairait depuis plusieurs jours à occulter de sa pensée toutes les funestes issues qui pourraient découler de cette situation.  Dans cette pièce mal aérée qui n'avait rien en commun avec son bureau habituel, il mettait au point la prochaine offensive tout en gardant l'assurance d'être présent s'il se passait quoi que ce soit.
Il se doutait que Moriarty n'allait sans doute pas s'en tenir  à cette unique demande, comme d'habitude. Cependant, il avait plusieurs coups d'avance et comptait en gagner encore d'autres.

Sa demande n'avait pas de  sens, Moriarty n'avait manifesté aucun interêt pour sa famille jusqu'à ce que Janet apparaisse auprès du détective. Moriarty pensait avoir de l'emprise en se servant de sa soeur comme appui et cet excès de confiance causerait sa perte. Bien sur il n'avait pas laissé la femme sans surveillance, un agent gardait un œil en continu sur eux à travers une caméra microscopique cachée dans l'horloge. Mycroft s'était cependant refusé d'observer ou d'écouter , pas par respect des conditions du criminel consultant mais plutôt car il avait l'impression qu'il appartenait à Janet de lui conter ou non ce qui avait pu se dire.

A vrai dire, même s'il refusait de se l'avouer, s'il avait autorisé cette mascarade, c'était davantage pour permettre à cette dernière de tirer un trait sur son passé, de tourner la page, que pour soutirer des informations de Jim.
Il s'étira en baillant, fatigué de dormir sur un vieux canapé, les ressorts lui rentraient dans le dos et l'assise grinçait dès qu'il se retournait. Peu de personnes pouvaient se targuer d'avoir forcé Mycroft Holmes à dormir ailleurs qu'au fond de son lit. Il avait préféré rester dans le secteur pour s'assurer d'être présent en cas de problème... bien qu'espérant que tout se passe bien.  Il se leva vers la pitoyable table d'appoint lui servant de desserte et fit chauffer de l'eau, s'adossa contre le mur et croisa les bras en fixant le sol.

Il allait devoir lui confier la suite du plan et elle allait sans doute se mettre en colère. Dieu l'en préserve, bien que ce ne soit qu'une façon de parler, il espérait parvenir à trouver les mots, trouver les justifications suffisantes, afin de ne pas subir ses foudres.
Il avait appuyé auprès de Sherlock afin que les détails lui soient dévoilés, afin qu'elle soit au courant, s'ils l'écartaient, elle n'aurait plus confiance et fuirait sans doute à nouveau. C'était hors de question, plus maintenant. 

Ce soir, il la ferait conduire à Baker Street afin qu'elle se repose, demain, il l'inviterait au restaurant, peut-être au Galvin La Chapelle ou encore au Dinner d'Heston Blumenthal. Peut-être qu'il la laisserait choisir et qu'ils finiraient par manger dans un de ces boui-bouis infâmes qu'elle appréciait tant, comme il les aimait les appeler pour l'agacer.  Cela n'avait pas d'importance.Il profiterait de ce moment pour tout lui dire, en espérant qu'elle ne prenne pas ses jambes à son cou. 
Il secoua la tête et se retourna vers la table, prêt à se servir, lorsqu'un son suraigû surgit de son ordinateur, une alarme qu'il ne redoutait que trop.  Il abandonna tout ce qu'il était en train de faire, et se jeta hors de son bureau sans cérémonie,

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Si on le lui avait demandé a cet instant là, Janet n'éprouvait pas de peur.  Les mains froides de son propre frère enserraient sa gorge, exerçant une pression qui écrasait totalement sa trachée tandis que le poids de son corps la clouait au sol, opprimant également ses poumons. Pourtant, elle n'avait pas peur de manquer d'air, sans doute parce qu'elle était complètement stone.
Elle planait à 8000, l'envie de résister qu'elle avait mis en place brièvement lorsqu'il était passé a l'offensive s'était rapidement estompée à mesure que le produit faisait effet, ne lui laissant plus qu'une sensation de bien-être et de torpeur qu'elle n'avait pas ressentie depuis bien longtemps.  Le temps semblait s'étirer indéfiniment tandis qu'elle allait probablement mourir. Si elle avait ressenti quoi que ce soit à ce moment là, elle se serait sans doute dit que c'était dommage d'en finir comme ça, a deux doigts du bonheur, des mains de son propre frère ou encore qu'elle aurait mieux fait de lui coller une balle entre les deux yeux sans sommation lorsqu'il en était encore temps. Quoique, ç'aurait été se mentir à soi-même. Elle tenait à lui comme à la prunelle de ses yeux.

Un cliquetis lointain sembla se faire entendre, comme le bruit d'une clé tournant prestement dans une serrure.  Une multitude de bruits de pas et des cris retentirent au loin. L'emprise sur son cou se fit plus pressante l'espace d'un instant, hâtive et plus ferme.  Elle crut qu'il allait en finir pour de bon et lâcha un râle sifflant mais en réalité la douleur disparut l'instant d'après ainsi que le poids sur son torse. L'air entrant à nouveau dans ses poumons raviva ses force un instant bien qu'elle réussit a s'étouffer en reprenant vie et elle parvint à entrouvrir les yeux.

Son frère était assis par terre les bras dans le dos, maintenu loin d'elle par un militaire. Il respirait bruyamment par le nez et la fixait avec un sourire de dégénéré imprimé sur le visage, les yeux sortant presque de leurs orbites. D'autre militaires le tenaient en joue.  Elle se redressa non sans mal , offrant un spectacle pitoyables aux hommes de main. Elle s'agrippa au rebord du vieux canapé délavé et s'adossa à ce dernier, reprenant peu à peu son souffle. Un garde vint s'agenouiller à ses côtés en urgence et ouvrit une trousse qui semblait contenir le kit parfait du médecin secouriste. Il en extrait un tensiomètre électronique, un saturomètre et commença a prendre ses constantes, il essaya de la rassurer en apposant sa main sur son épaule mais elle n'en avait que faire. Elle se contentait de fixer son frère avec un regard vide. 

Mycroft arriva à son tour dans la pièce. Un des gardes se mit sur son chemin pour lui expliquer la situation mais il l'écarta prestement d'un geste de la main afin de venir au plus vite vers Janet. Il prit soin de ne pas déranger le sauveteur et se contenta de mettre genou en terre, saisissant délicatement d'une main le menton de la femme afin de planter ses yeux bleus dans ses pupilles dilatées. Il resta figé un instant, saisissant l'ironie de la situation, comprenant qu'elle avait été droguée par le propre frère qui l'avait envoyé en cure de désintoxication des années auparavant, avant de baisser ses yeux vers les marques rouges qui ornaient son cou.

La mâchoire crispée, une veine palpitant sur son front, il relâcha cependant délicatement la femme avant de se retourner vers le fautif. Ce dernier se mit à rire comme un déséquilibré avant de parler.

« Ohlala, je vais me faire gronder très fort, dit-il d'une voix faussement plaintive.  Vous vous verriez Mycroft, tout débraillé et fâché tout rouge.

Mycroft parvint a conserver une façade calme,  il soupira, relâchant la pression et reboutonna les manches de sa chemise, se dirigeant vers Moriarty sans le lâcher du regard.
- Vous êtes satisfait? Lâcha-t-il gravement.
- J'ai cherché à prouver un point, et j'ai réussi.  Vous n'auriez pas pu laisser la pauvre Janet toute seule et sans surveillance évidemment.  Mycroft le fixait en arquant un sourcil. Me regardez pas comme ça, ajouta-t-il en levant les yeux au ciel,bien sur que je n'allais  pas la tuer, je me doutais bien que vous ne respecteriez pas votre part du marché, que vous interviendriez. Forcément, l'accord est caduque.
Mycroft le regarda perplexe, sans rien faire, avant de reprendre en se détournant de lui:
- Emmenez-le dans sa cellule, je n'ai pas le temps de jouer avec lui.

Il s'approcha  de la femme  et du garde qui venait de lui administrer une dose de naloxone. Ce dernier rassura Mycroft et partit quérir un médecin. Mycroft s'assit alors par terre à côté de la femme  à peine consciente qui peinait a retrouver sa respiration et étendit ses jambes en soupirant, il se frotta les tempes, attirant l'attention de Janet qui tourna le tête vers lui.  Elle ne dit pas un mot, elle en était bien incapable, mais se contenta  de hausser les épaules. Mycroft attrapa sa main et entrecroisa leurs doigts.
- Je suis désolé que ca se soit fini comme ça, je suis désolé que tu aies a traverser ça à nouveau, si j'avais su, j'aurais tout fait pour l'empêcher.
Elle ne répondit pas non plus, après quelques instants, Mycroft sentit son épaule bouger et vit que Janet  était prise de soubresaut, recroquevillée en avant, elle pleurait. Il encercla ses épaules de ses brase et la colla contre lui.
- Ca va s'arranger, je vais tout faire pour, promis.