La journée de Thorn lui semblait interminable et la soirée n'était pas prête de se terminer.
Il était assis, dans l'uniforme de Mime déguisé lui-même en matelot sur un banc dans la loge de sa tante dans les coulisses de l'opéra. A ses côtés, Roseline était en proie à un trac immense.Que faisait-il donc là plutôt que de chercher qui avait créé ce sortilège et comment s'en délivrer? Ou pourquoi n'était-il pas déjà en train de lire directement le livre de Farouk ?
La réponse était tout simple: cette journée extraordinaire l'avait emporté dans un tourbillon d'événements qui l'avait empêché de prendre la moindre initiative sans être démasqué ou mettre en danger le corps d'Ophélie qu'il occupait.Quelle journée de folie. Tout d'abord vivre dans ce corps de femme n'était pas ce qui mettait Thorn le plus à l'aise, surtout avec cette maladresse inhérente à Ophélie et ses côtes qui le lançaient à chaque mouvement. Se cacher derrière ce déguisement ridicule de valet muet n'était guère plus enviable et l'obligeait à fréquenter les domestiques et leurs quartiers. Comme ce dénommé Renard qui voulait jouer les bons amis avec Mime. Thorn eut vite fait de lui faire faux bond. Ophélie lui avait conseillé d'éviter une certaine Gaëlle, une mécanicienne, qui, d'après ses dires, aurait vite découvert son identité. Il ne savait comment cela pouvait être possible mais ne souhaitait pas tenter le coup.
Dans les couloirs de l'ambassade, l'atmosphère n'était guère plus agréable car surpeuplés de gendarmes et badauds en tous genres. Il chercha sa tante, afin d'écarter le doute qu'elle puisse avoir commandité cette absurdité. Il trouva Berenilde dans le salon à musique où elle faisait des essayages de toilettes en présence de la tante d'Ophélie et des soeurs de l'ambassadeur. Étaient donc présentes toutes celles qu'il souhaitait garder à distance car le moindre doute de l'une d'entre elles et c'est toute la toile qui en serait informé, Archibald en premier.
Sa tante semblait prendre un malin plaisir à traiter Mime comme simple serviteur en oubliant que derrière ce costume de mirage devait normalement se cacher Ophélie, sa fiancée. Cela mettait les nerfs de Thorn à rude épreuve et, heureusement pour lui, il ne disposait plus de ses griffes qui auraient pu trahir à maintes reprises son identité. Il ne parvint pas s'éclipser de la pièce lorsque Archibald vint faire son entrée et rechigner sur les toilettes de ses sœurs.
Il resta également spectateur malgré lui lorsque sa propre famille entra au grand complet. Cette visite inattendue n'eut rien de cordial et Thorn observa la scène sans pouvoir réagir. Une partie des siens dénigrait Berenilde devant tout le monde pendant que celle-ci prenait le défense de son neveu adoré sans savoir qu'il se tenait à deux pas d'elle. Si Thorn avait eu sa force habituelle il aurait mit en charpie la rame qu'il tenait alors dans ses mains.
Thorn eut du mal à supporter également les courbettes de l'Ambassadeur envers sa tante mais au moins il veillait sur elle et sur l'enfant. Dans les coulisses, Berenilde lui remit des jumelles afin qu'il observe le balcon. Il ruminait intérieurement car il savait pertinemment qu'il y trouverait Farouk. Ce a quoi il ne s'attendait pas, c'était la présence de l'Intendant, ou plutôt d'Ophélie avec son corps à lui. Elle parlait distraitement à Archibald qui était assis à ses côtés. Que faisait-elle là et de quoi pouvait-elle parler avec ce coureur de jupons invétéré ? De plus, elle venait voir Thorn jouer la scène qu'elle était sensée faire. Quelle humiliation!
En voulant regagner la loge, il se cogna sur un enfant. Alors qu'il s'apprêtait à s'excuser silencieusement, le gamin se retourna et le regarda avec un large sourire. Le Chevalier!
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La Passe Miroir Challenge A Fanarts Promise 1.0
FanficAfin de patienter jusqu'à la sortie du tome 4 de La Passe-miroir, La Clique sur Instagram à décidé de lancer le challenge A Fanarts Promise. Chaque semaine un thème. J'ai commencé cette fanfiction pour ma participation au 3ème thème : Les personnag...