Fête au Clairdelune

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Challenge a.fanarts.promise, thème de la semaine 4 : Grosse teuf au Clairedelune!

Lorsqu'Ophélie redescendit dans le hall de l'Opéra, celui-ci était désert.

Ophélie était encore sous le choc de l'entrevue qu'elle venait d'avoir avec Thorn dans cette gare désertée. Quelle idée avait-il eue d'aller dans cet endroit si hostile? Elle avait supporté sans trop de mal le froid piquant mais ce n'était visiblement pas le cas de Thorn qui tremblait de tous ses membres. Alors qu'elle allait le questionner sur celui qui leur avait jeté un sort, il lui demanda de but en blanc de veiller sur sa tante. Il craignait qu'elle ne participe à cette chasse du lendemain et semblait convaincu qu'elle décide d'y aller. Mais en tant que soi-disant serviteur de Berenilde n'était-il pas le mieux placé pour veiller sur elle? Le ton est alors vite monté. Il lui parla alors de sa rencontre dans les coulisses avec le Chevalier et suspectait celui-ci d'être à l'origine de leur problème sans en avoir la preuve et ignorait de plus comment s'en défaire. L'air glacial ajouté à ses blessures, et peut-être aussi au fait de se trouver dans un corps de femme, le rendait particulièrement acariâtre. Elle lui lâcha qu'elle ne l'aimait pas. Il lui expliqua, la voix sèche et rauque de froid que si elle se retirait de son engagement de mariage, il ne pariait pas cher de sa vie... si toutefois ils retrouvaient leurs corps. Et ce fut tout.

Dans l'ascenseur qui la menait au Clairdelune, Ophélie se souvint de l'invitation informelle que lui avait lancé l'ambassadeur alors qu'ils étaient tous deux assis dans les gradins à attendre le début de la représentation.
- Si vous n'avez rien de plus urgent à faire, Monsieur l'Intendant, je serais ravi de vous retrouver après le spectacle. J'organise une petite fête en l'honneur de votre tante, voyez-vous ?

Elle décida d'y aller. C'est sûrement là qu'elle y trouverait sa tante et celle de Thorn. Alors que le silence régnait dans cet ascenseur, elle serrait les dents en repensant à ce qu'elle avait déclamé : « Je ne vous aime pas! ». Cela avait claqué dans l'air avec cette voix masculine et ombrageuse.

A mesure qu'elle approchait du lieu de réception, la musique se faisait de plus en plus forte. Depuis qu'elle avait quitté son arche natale, elle n'avait eu aucun moment de répit ou de distraction. Elle connaissait malgré elle le genre de fêtes qui était organisées au Clairedelune mais pour la première fois elle n'était pas un valet devant assouvir les moindres caprices d'une dame du monde capricieuse. Elle y allait en tant que Thorn.

Des regards se tournèrent, surpris de voir arriver en cette fête Mr l'Intendant en personne. Ophélie, affamée, commença par goûter à quelques petits fours et à l'un ou l'autre des vins et spiritueux qu'on lui proposait. Elle fut soulagée de constater qu'elle les supportait parfaitement bien. Elle ne trouva pas Berenilde dans les différents salons et apprit bien vite que celle-ci était montée directement après la représentation au bras de Farouk. L'étage de l'Esprit de famille, voilà un lieu où la Dame ne pouvait être qu'en sécurité, se dit Ophélie, bien qu'elle préféra penser à autre chose qu'à ce qu'ils pouvaient y faire ensemble. 

Ophélie fut soulagée de ne point trouver également Le Chevalier. Elle repéra par contre difficilement sa tante Roseline, peu reconnaissable avec son chignon défait. La tante se tenait hilare debout sur une table, la jupe partiellement relevée, entourée de dames de son âge, à mimer des blagues salaces et raconter des anecdotes croustillantes, un verre de cocktail à la main. Outrée par la conduite de sa marraine, Ophélie s'approcha d'elle pour lui faire comprendre qu'il était temps de regagner ses appartements. Les dames se retournèrent toutes, choquées. Que lui voulait donc Mr Thorn? Ophélie comprit vite le dilemme.
- Madame Roseline, Ophélie vous cherchait. Je crois qu'il serait temps de la retrouver.
Au début la tante protesta, encouragée par ses nouvelles amies, puis bien vite elle se raisonna que si la demande venait de son futur neveu, il était peut-être préférable d'y porter du crédit.

L'autre dilemme était que seuls Mime et Berenilde possédaient la clé des appartements. C'est alors qu'elle vit passer une silhouette familière, un châle à la main, et la héla :
- Renard!
L'homme qui lui paraissait soudain un peu moins grand qu'à l'ordinaire se retourna et lui jeta un regard ahuri. Bien sûr! Thorn n'était pas sensé le connaître!
- Monsieur l'intendant, fit la tête rousse dans une révérence qui faillit la faire rire.
- Est-ce bien vous qui connaissez Mime, le valet de ma tante?
- Heu, oui Monsieur!
- Pourriez-vous le retrouver et lui dire que la dame de compagnie de Madame Berenilde, ici présente, aurait besoin d'être raccompagnée rapidement dans ses appartements? Ce serait bien aimable à vous.
Renard la regarda un instant, surpris de tant de politesse à son égard de la part de l'homme réputé pour être le plus désagréable du Pôle. Il acquiesça en réitérant ses courbettes et obéit en toute hâte.
« Pauvre Renard, je n'ai même pas un sablier pour le remercier» pensa Ophélie, confuse.
Peu de temps plus tard, Renard avait réussi à retrouver Mime et à lui passer la commission car Ophélie vit arriver Mime, la démarche traînante et essoufflé. Elle ne put déchiffrer le regard que lui jeta Thorn derrière le masque de valet en entraînant Roseline vers l'étage des appartements prestigieux.

Enfin, Ophélie respira. Berenilde et Roseline étaient en sécurité. Thorn pouvait chercher à présent le Chevalier à sa guise. Elle n'avait plus aucune douleur quelconque et se sentait en pleine forme dans ce corps d'homme. Elle était libre! Enfin libre de tout mouvement et de toute action. Personne pour la chaperonner ou lui dire ce qu'elle pouvait ou ne pouvait faire.

Elle se laissa d'abord tenter par quelques pas de danse, peu importe que ce soit avec un homme ou une femme, mais bien vite elle fut interrompue par une liste d'informations qui s'affichait intempestivement dans sa tête dès qu'elle s'approchait d'un visage que la mémoire de Thorn reconnaissait. Elle tenta alors de s'en défaire en testant différents substances qui se trouvaient à sa portée. Elle fuma certaines choses et fut surprise de ne pas tousser. Elle se rappela que Thorn fumait la pipe occasionnellement. Elle but de l'absinthe et d'autres contenus de fioles qui n'étaient point étiquetés. Alors, elle pu se détendre, parler à des inconnus sans aucune trace de timidité, jouer à certains jeux, danser et même chanter. Elle ne se soucia plus des personnes qui l'entouraient et la regardaient avec incrédulité. Cette fête étaient vraiment ce dont elle avait besoin pour décompresser et oublier.

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