La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]

CHAPITRE 3 - L'Honorus

« Tu as été choisie pour être la nouvelle Gardienne des Légendes. »

Ces mots ne me quittaient plus ; cela faisait maintenant une bonne heure que ma conversation avec Isira s'était passée et j'étais partie marcher dans l'espoir d'y voir plus clair. Mais plus je prenais conscience de ce qui m'arrivait, plus y croire devenait difficile. Pourtant, c'était la vérité. Isira ne mentait pas, cela se voyait dans son regard.

Je soupirai, encore légèrement tremblante. Mes larmes avaient séché, laissant une impression crasseuse sur mes joues. En fermant les yeux, je revoyais le visage de l'ambassadeur se durcir et se métamorphoser, la salle de cristal, mon arrivée ici... et les paroles d'Isira ne cessaient de résonner entre mes deux oreilles : mes parents étaient morts. Le mince espoir que je gardais enfoui au fond de moi depuis mon arrivée au Pensionnat, celui qui me laissait espérer qu'un jour, me parents viendraient me chercher... il s'était évanoui. Quant à mon pouvoir... Peut-être aurais-je dû ressentir de la surprise, de la joie ou n'importe quel autre sentiment, seulement, j'avais cette sensation qu'un de mes doutes venait simplement d'être confirmé. Oui, je savais qu'il y avait de la magie en moi. Je l'avais toujours su.

Je me passai la main sur le visage, lasse. Prenant conscience d'où j'étais, je m'arrêtai. J'avais parcouru un bon bout de chemin : la grande plateforme de pierre sur laquelle nous nous étions téléportées me semblait maintenant bien petite. Je me trouvais désormais devant un vieux bâtiment, ressemblant à s'en méprendre à un temple. Il était intégralement construit en pierre et les grandes colonnes étaient presque entièrement dissimulées par le lierre qui avait poussé au fil du temps.

Piquée par la curiosité, je m'approchai et posai mes paumes contre le métal solide des portes, dans l'intention de les pousser. À l'instant même où mes paumes touchèrent sa surface froide et irrégulière, les runes gravées sur la surface s'éclairèrent et les portes s'ouvrirent dans un grincement silencieux ; ce lieu n'avait pas été visité depuis longtemps.

Le cœur battant, je me glissai à l'intérieur.

La porte se referma derrière moi, éliminant jusqu'à la moindre parcelle de lumière et me laissant dans le noir total. Mais, presque immédiatement, un feu bleu d'une lueur magique s'alluma dans chacune des dix coupes d'or de la salle, éclairant une vaste pièce au sol dallé de marbre. Des colonnes, cette fois dépourvues de plantes, soutenaient la voûte et entre chacune d'elle trônait sur un haut socle d'or une statue de cristal ; toutes étaient d'apparence féminine. Dans un renfoncement de mur était exposée sur un piédestal une arme qui semblait appartenir à chacune des femmes représentées.

Je m'avançai, embrassant du regard leur visage qui renvoyait une multitude de rayons de lumière contre la voûte. Déchiffrant les noms gravés dans l'or, je lus : « Aconite Kalyrea, troisième Gardienne. 4. ; Pure Kora, quatrième Gardienne. 5. ; Amaline Laurelena, cinquième Gardienne. 3... » Elles devaient être une bonne dizaine, dans la pièce. Mon regard accrocha sur l'une d'elles ; je tressaillis, ne sachant réellement pourquoi. Elle était belle. Ses cheveux étaient lisses et longs ; une grande robe, d'apparence fluide, paraissait flotter autour d'elle. Ses yeux semblaient regarder vers l'horizon et elle tenait en ses mains un collier qui me laissa une étrange impression de déjà-vu. Je lus : « Leia Selenis, quinzième Gardienne. 6. » Approchant ma main du marbre pour le caresser, je me mordis la lèvre. Cette femme ; j'avais la sensation de la connaître. Le marbre était glacial, malgré la chaleur des flammes. Un frisson me parcourut l'échine et je retirai vivement ma main.

L'arme derrière elle attira mon attention. C'était un arc, tout en argent et sculpté sur les branches. Je contournai la femme et, lorsque je fis un pas en avant afin de l'observer de plus près, comme hypnotisée, l'objet sembla s'illuminer et s'éleva dans les airs. Mon front devint chaud et une vague de chaleur me traversa.