CHAPITRE 20 - Le vrai courage

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Selon Elyon, il ne nous restait maintenant qu'une vingtaine de kilomètres à parcourir. Il espérait y arriver avant la tombée de la nuit, mais le Soleil entamait déjà sa descente vers la ligne d'horizon et au fur et à mesure que les secondes s'égrenaient, son agressivité ne faisait qu'augmenter. Ses yeux bleus outre-mer ne cessaient de me scruter, comme s'il avait peur que je disparaisse à la moindre brise, me fondant dans l'air comme un nuage de fumée. Xerys n'était pas en reste, car sa voix inquiète me demandait sans arrêt si je me sentais bien ; à force de répéter les mots que je lui servais à chaque fois, c'en était devenu un automatisme et je ne cherchai même plus à savoir si j'allais véritablement bien ou non.

Oui, je vais bien. Oui, je vais bien.

Pourtant, ce genre de chose se savait, non ? J'avais l'impression que mes amis s'inquiétaient plus pour moi que je ne le faisais moi-même. En fait, j'avais même la sensation que je n'arrivai plus à penser, que mon esprit se brouillait dès que je tentais de formuler quelque chose. Ma vue et mon ouïe avaient également considérablement baissé, si bien que j'évoluais dans un monde indistinct. Maintenir mon équilibre devenait de plus en plus compliqué, mais je ne voulais pas demander de l'aide à Elyon ou à qui ce soit ; il fallait que je prouve que, bien que je sois blessée et physiquement réduite, je pouvais rester forte.

—   Tu es forte. Il ne faut pas en douter, sinon pourquoi aurais-tu été nommée Gardienne des Légendes ?

La voix était apparue dans ma tête si soudainement que je dus retenir un cri. Je deviens folle, pensai-je avant de réaliser qu'en fait, cette voix provenait bien de quelqu'un d'autre que de moi-même : elle appartenait à ma Présence.

—   Je... je peux te comprendre ?

D'après ce que Xerys m'avait expliqué, je ne pouvais interpréter ce que me disaient les Présences qu'en ressentant leurs intentions. Sauf que voilà, apparemment, il m'était aussi possible de leur parler.

Le grand cerf blanc remua la tête, et ses yeux d'un bleu pur et clair se posèrent sur moi.

—   Il semblerait, retentit à nouveau la voix, grave et paisible.

—   Mais... c'est impossible, balbutiai-je, cherchant une explication plausible.

—   En fait, pas tellement, me contredit la créature. Cela me paraît même d'une logique implacable.

Je fronçais les sourcils, incapable de comprendre où il souhaitait en venir.

—   Tu renfermes un grand secret, Gardienne des Légendes. Malheureusement, ce n'est pas à moi de te le dévoiler.

Un grand secret. Que voulait-il dire par là ?

—   Vous parlez de mes origines ? Parce que je sais qui je suis, désormais. Elyon me l'a dit : je suis une Aequoriale, assenai-je, prenant un air peut-être trop sûr pour être convaincant. 

—   Tes origines en font partie, oui, mais elles n'en sont que le socle. Mais dis-moi, sais-tu vraiment qui tu es? En es-tu persuadée, jusqu'au plus profond de toi-même?

Ma lèvre inférieure se mit à trembler, alors que mes doigts se resserrèrent sur le pelage de la Présence. J'aurais aimé pouvoir articuler ce Oui que je mourrais d'envie de lui servir, mais c'était comme s'il me manquait une partie de la clé. Que je ne connaissais pas tout.

—   Je suis désolé de ne pas pouvoir t'en dire plus, s'excusa la Présence. Cependant, sache que tu découvriras tout bien plus tôt que tu ne le crois.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant