CHAPITRE 7 - Pratique désastreuse

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En média : An Unfinished Life by Audiomachine

— Encore ! me cria Meryl, de l'autre bout de la salle. Je veux que tu puisses tuer ces créatures avec un bras en moins, aveugle, ou en béquilles !

Je peinais à respirer ; je manquais de souffle. Cela faisait maintenant six heures que je m'exerçais dans la salle d'entraînement : que ce soit au combat au corps à corps, à l'épée, à la course, ou à l'arc. Mes muscles, bien qu'ils aient encore de la réserve pour les quatre heures qui allaient suivre, me faisaient grimacer à chaque mouvement ; je n'arrivais pas à me débarrasser des courbatures accumulées ces derniers jours.

J'avais débuté ma formation il y a trois jours déjà. Petit à petit, le calendrier se réduisait, le compte à rebours se consumait. Nous approchions de la date limite imposée par Elyon, et cela commençait à se faire ressentir : le Meridiem, Meryl et surtout Isira étaient nerveux, même s'ils faisaient tout pour ne pas le laisser paraître ; malheureusement, leurs messes basses, leurs regards inquiets et leurs veillées tardives ne sauraient duper personne. J'essayai de ne pas m'alarmer. Archaos ne nous trouverait peut-être pas ; la grotte était restée invisible depuis sa création. Pour ma part, j'étais persuadée que ce n'était pas du jour au lendemain que cela allait changer. Malgré tout, tout le monde avait pris ses précautions : la sécurité de la grotte avait, si c'était possible, été renforcée, les tours de garde multipliés par trois : Elyon passait maintenant ses journées dans la pièce de verre. Quant à moi, mes entraînements se faisaient de plus en plus matinaux, de plus en plus exigeants et intensifs. Xerys avait abandonné l'idée de me soutenir, et était partie se cacher auprès de sa mère qui, dans l'Antichambre de Légende, préparait la cérémonie de ma nomination. Une date avait été fixée : cette dernière aurait lieu dans deux jours, au crépuscule. À cette pensée, je poussai un soupir nerveux.

— On ne soupire pas. C'est un signe de faiblesse mentale et physique, railla l'elfe.

Je serrai les dents, résistant à la puissante envie de braver ses ordres et de m'allonger par terre, la langue pendante. Maintenant la cadence, je chassai cette confortable idée de ma tête et me reconcentrai sur mon objectif : atteindre mes proies.

— On réessaie, clama Meryl, tirant le levier.

Aussitôt, la pièce de verre dans laquelle je me trouvais s'assombrit, et une multitude d'arbres apparurent autour de moi. Je préparai ma flèche ; d'une seconde à l'autre, un monstre créé par Meryl me sauterait dessus.

— Mettons en pratique ce que tu as appris, dit l'elfe, le ton monocorde.

Ce n'est pas ce qu'on s'évertue à faire depuis l'aube? grommelai-je intérieurement.

Brusquement, un démon surgit de derrière un bosquet. Prise au dépourvu, je lâchai ma flèche sans prendre le temps de viser, et celle-ci se planta dans un tronc trois mètres à gauche de sa véritable cible. Je grognai de frustration.

— Concentre-toi ! Tu ne dois pas te laisser surprendre ainsi, me hurla Meryl, agacée. Recommence !

Un second démon, puis un troisième apparurent derrière moi. En un temps record, je décochai mes deux flèches, qui allèrent se planter, l'une dans un ventre, l'autre dans une épaule.

— Pas trop mal. Mais tu peux faire mieux. Tu aurais fait davantage confiance à tes flèches, elles auraient toutes deux trouvé leurs cœurs.

Je retins un hochement d'épaules agacé, et acquiesçai.

— Bon, nous en avons fini pour aujourd'hui, annonça Meryl. On poursuivra demain matin à sept heures.

Sans prendre le temps de faire disparaître mon arc, je m'écroulai au sol, ne cherchant plus à dissimuler ma fatigue. L'elfe leva les yeux au ciel, mais je n'y prêtai pas attention.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La RelèveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant