— Alors, comme ça, tu m'as sauvé la vie ?
Je m'étais efforcée de paraître enjouée, même si cela m'était très difficile — Je n'arrivai pas à m'enlever le sourire meurtrier d'Archaos de la tête. Un rictus quasiment imperceptible se forma à la commissure des lèvres de la nouvelle Messagère, et elle admit :
— Je n'ai assuré que la fin du travail. C'est Elyon qui t'a rattrapée alors que tu dégringolais, inconsciente. Si tu l'avais vu, jamais je n'aurais pensé le connaître dans un tel état.
Mon rythme cardiaque augmenta de vitesse, et je caressai distraitement mon poignet devenu brûlant. C'était peut-être égoïste de ma part, mais savoir qu'il s'était inquiété me donna l'impression qu'une horde de papillons s'envolaient dans mon ventre.
— Il a veillé sur toi jour et nuit depuis. On aurait dit un loup enragé ; il était si protecteur qu'il ne me permettait de t'approcher que de loin ! Je n'y croyais pas tout à l'heure, quand il m'a laissé te toucher, rit-elle dans l'espérance de détendre l'atmosphère.
Puis, chuchotant :
— Pas la peine de me mentir, Dame Claryst. Je sais tout, j'ai tout compris.
Je me figeais, les joues incandescentes. Mon regard se posa intuitivement sur le concerné, discutant ardemment avec Leven. Quand il se sentit observé, ses yeux bleus quittèrent une seconde ceux de Leven, et s'entremêlèrent aux miens. Je frissonnai et me hâtai de rompre l'échange.
— Selon lui, c'est impossible, assenai-je durement.
— T'a-t-il expliqué pourquoi ? T'a-t-il seulement donné une excuse valable ?L'un des sourcils de Xerys était relevé, montrant de manière plus qu'explicite son doute. Je niai de la tête :
— Non. Non, il ne m'a rien dit, soupirai-je, alors que je commençai à en prendre pleinement conscience.
— Alors, bats-toi. Crois-moi, la vie est trop courte pour n'être vécue qu'à moitié.
— Et si j'essuie un nouvel échec ? Je ne sais pas si je vais avoir le courage de me présenter devant lui, avouai-je.Xerys sourit tristement, enfermant mes mains dans les siennes. Son attitude me fit soudain penser que, si j'avais pu avoir une sœur, je l'aurais choisie sans hésiter. Une boule d'émotion se forma dans ma gorge, alors que je l'entendis poursuivre :
— Seira. Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour te dire cela, mais crois-moi, l'amour, le vrai, fait mal. Ça nous effraie, car c'est quelque chose que nous ne connaissons qu'une fois dans notre vie, mais aussi surtout parce que l'ampleur de ce sentiment est infinie. C'est quelque chose de si grand que, bien souvent, l'humain a peur de l'assumer. L'amour, ce n'est pas un choix, mais un cadeau ou... une fatalité. Et même si cela peut sembler absurde, c'est cela qui en fait toute la beauté.
Elle prit avec tendresse une de mes mèches de cheveux et la glissa derrière mon oreille.
— Quant à déterminer si tu es assez courageuse ou non pour le faire, sache que je n'en doute pas instant. Maintenant... s'il te faut une preuve, pose les doigts sur ton front.
Déstabilisée par son conseil, je m'exécutais cependant. Ma peau frôla l'argent froid de ma tiare et son émeraude, puis elle rencontra un autre relief qui, j'en étais sûre, n'existait pas avant. Quand l'idée de ce que cela pourrait être fit irruption dans ma tête, j'ouvris les yeux ronds. Xerys sourit.
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La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]
FantasyElle n'est pas comme les autres. À la différence de toutes les créatures vivantes sur sa planète, Seira n'a pas de pouvoirs. Et pourtant, elle le sait. Elle le sent depuis toute petite. La magie parcourt ses veines. La traverse to...