La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]

CHAPITRE 21 - Vivre ou mourir ?

NDA : Je vous conseille la musique !

Point de vue d'Elyon

Cette rage qu'il ressentait envers lui-même pour lui avoir menti lui donnait des envies de meurtre. Il voulait laisser son pouvoir se déchaîner, permettre au feu qui le consummait de sortir de ses paumes et de tout brûler aux alentours.

C'était nécessaire, tu l'as fait pour son bien, se répéta-t-il pour la millionième fois. Tu sais comment elle fonctionne ; si elle sait, elle se mettrait en danger, et c'est la dernière chose que tu souhaites.

Pour la première fois depuis de longues minutes, il s'autorisa à la regarder. Sortant de sa bulle qui le coupait du monde extérieur, il posa les yeux sur elle. Ce qu'il vit manqua de les faire dégringoler tous les deux : Seira était inconsciente, sa robe et ses lèvres tachées de rouge. Son sang ne fit qu'un tour.

Il redoubla de vitesse, n'ayant que faire de la douleur qui en résulterait demain, et rattrapa le groupe qui avait pris de l'avance. Il ne s'entendit pas lui hurler qu'il partait au-devant et qu'ils avaient un problème. Il ne réalisa pas lorsqu'il vit Xerys, Leven, Lenora et le garde se retourner, leurs yeux emplis d'incompréhension. Il les vit comprendre et ouvrir la bouche d'horreur sans vraiment les voir. Leurs cris constitués de mots indistincts parvinrent à ses oreilles sans qu'il les écoute réellement.

Son cœur cognait fort. Boum, boum, boum. Celui de Seira, à l'abri dans sa poitrine qui reposait contre son torse, faiblissait un peu plus chaque seconde. Sa cage thoracique ne se soulevait plus. Comment avait-il pu laisser la haine l'aveugler au point de ne pas le faire se rendre compte que Seira, la fille qu'il s'était promis de protéger au péril de sa vie, était en train de mourir ? La culpabilité, impitoyable, l'envahit tout entier et il essaya de se remémorer les quelques minutes précédentes. Il y avait forcément eu un signe, un indice qui lui aurait indiqué que quelque chose d'horrible était en train de se produire. Tout à coup, il se souvint de ce court moment où sa faiblesse l'avait poussé à détourner les yeux du chemin qu'il s'était tracé devant lui, et où il avait furtivement aperçu Seira tousser. Quel idiot il avait été ! Il savait qu'elle était fragile et susceptible de se briser à tout moment. Comment avait-il pu la faire crier ainsi ?

La sensation d'une main qui lui attrapait fermement le bras le fit s'arrêter de force et son regard rencontra celui de Lenora. La jeune rousse, complètement essoufflée après la course effrénée qu'elle avait dû accomplir pour le retenir, lui murmurait quelques mots pour le calmer et lui demander de s'expliquer.

Mais il n'avait pas le temps de l'écouter, pas le temps de lui répondre. Il devait réparer les dégâts qu'il avait causés.

— Son rythme cardiaque ne cesse de ralentir et elle ne respire plus ! hurla-t-il, la panique transperçant sa voix. Je dois rejoindre Ophar le plus vite possible !

Ses mains tremblaient, sa vue était brouillée, son ouïe indistincte. Que lui arrivait-il ? La peur l'avait toujours stimulé, jamais laissé ainsi démuni ! Il se défit de la prise trop faible de Lenora, et regagna en vitesse. Heureusement qu'il avait pu se reposer grâce aux Présences ces derniers jours, sinon il n'aurait pas su comment faire.

— Ses poumons sont perforés ! s'exclama Xerys derrière lui. Elyon, tu n'y arriveras pas !

Il ne l'écouta pas. Si, il pouvait y arriver. Il avait battu des records de rapidité qui avaient impressionné plus d'un de ses ennemis. Il fallait juste que Seira tienne dix minutes. Dix minuscules petites minutes, durant lesquelles il allait devoir voler plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. De toute façon il n'y avait pas d'autres options possibles : c'était soit ça, soit Seira mourrait sous leurs yeux.