On approchait de la bulle reluisante qui servait de bouclier à l'île. J'indiquai de temps à autre les instructions à suivre à Lenora, afin de la guider vers elle. Quand nous ne fûmes plus qu'à un mètre de la paroi magique, opalescente, j'intimai :
— Arrête-toi.
La jeune rousse obtempéra, et je tendis le bras pour toucher la sphère. La Meridiem retint un hoquet d'horreur :
— Qu'est-ce que tu fais ? Et si...
Trop tard. Mes doigts se posèrent sur la bulle, ma paume épousant sa forme rebondie. Je la sentis retenir sa respiration. Puis, sans prévenir, une large ouverture se créa, assez grande pour nous laisser entrer. Je devinai à l'expression hébétée qu'adopta la Meridiem qu'enfin, elle discernait la même chose que moi. Pour elle, cette ouverture sur Amaurëa devait totalement flotter dans le vide, sans aucune attache.
— Une Anima. Je pensai que cela n'existait plus... chuchota-t-elle, pour elle-même.
— Anima ?
— Une sondeuse d'âme, me répondit-elle. C'est un type d'Aegis très ancien, très puissant. Un bouclier qui analyse chaque parcelle de ton toi intérieur, et décide en conséquence si tu es digne ou non de la traverser. Mais combiné à une sphère de transparence ? Je ne savais même pas que c'était possible !
J'ouvris grand les yeux, émerveillée. Après un rapide regard en arrière pour s'assurer que tout le monde suivait, Lenora s'enfonça à l'intérieur. Elle devait craindre autant que moi que l'ouverture ne se referme soudainement, et qu'on laisse ainsi passer notre seule chance de me sauver.
De l'extérieur, nous ne pouvions qu'avoir un aperçu minime de ce qui se trouvait à l'intérieur. Maintenant, nous étions fixées : aucun mot n'existait pour décrire le paysage qui s'étalait devant nous. C'était magnifique, et à la fois si curieux !
Une dizaine de pics de roches se dressaient de manière égale sur tout le long du bord d'Amaurëa, soutenant l'Anima. Ensuite, aucune parcelle du territoire ne paraissait être plate : à perte de vue, des montagnes Rocheuses qui, étrangement, prenaient un aspect doré en renvoyant la lumière du Soleil. Se frayant un chemin entre elles, un court d'eau qui faisait se rejoindre les nombreux lacs du royaume, miroirs d'or. Au centre de l'île, une sorte de ruche, d'une taille absolument hallucinante. Des anneaux nuageux tournaient incessamment autour d'elle, emportant avec eux tous ceux aux alentours. Et, voletant à ses côtés, de gracieux et nobles dragons blancs. C'était à couper le souffle. Leven, qui se posa derrière nous une minute plus tard, siffla, impressionné. Il exprima ainsi tout haut ce que, inconsciemment, nous pensions tous.
Ce fut l'arrivée fracassante de Xerys qui nous sortit de cette torpeur. La jeune fille s'écroula contre le sol rocailleux de l'île, emportant avec elle le corps de l'elfe qu'elle transportait, plus que mécontent. Celui-ci s'empressa de se relever, époussetant sa tenue d'un geste pressé et rageur. Mon amie rougit, embarrassée, et s'excusa en bredouillant. Ce ne fut que quand elle releva la tête vers Leven, qui la couvait du regard en retenant un rire, qu'elle esquissa un sourire sincère.
Ils sont amoureux.
Je me demandai ce que ce devait être de pouvoir aimer de façon libre, sans prise de tête. Juste, aimer.
Arrivé simultanément à Xerys, le garde meridiem. Son atterrissage fut... plus doux, c'est le moins qu'on puisse dire. Il s'inclina devant Lenora, qui me déposa à son tour à terre et s'étira les ailes.
— J'y retourne, Saphir et un elfe sont encore en bas.
— Je t'accompagne, ajouta Leven. Je porterais l'elfe.
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La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]
FantasyElle n'est pas comme les autres. À la différence de toutes les créatures vivantes sur sa planète, Seira n'a pas de pouvoirs. Et pourtant, elle le sait. Elle le sent depuis toute petite. La magie parcourt ses veines. La traverse to...