CHAPITRE 31 - Octotemporas

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— Vos Altesses, nous salua Aarin. Que me vaut l'honneur de cette visite ?

— Nous cherchons Leven, annonça Lenora, sans détour. Il aurait été placé à la frontière sud de la cité, mais il n'y est pas. Tu y occupes toujours un poste ?

Il secoua la tête, navré.

— Non, j'ai été muté au service des expéditions de sauvetage groupé, nous informa-t-il. Je ne sais pas où il est, je suis désolé.

D'où son équipe en ville, compris-je.

— Et connais-tu quelqu'un qui pourrait être au courant ? insista Lenora.

— Je n'en ai aucune idée à vrai dire, s'excusa-t-il. Nos forces sont très sollicitées en ce moment, elles bougent beaucoup : rien que cinq bataillons partiront cet après-midi, pour se répartir les villes de l'Est. En revanche, je peux demander à quelques-uns de mes hommes de le chercher, si vous le désirez.

Lenora le remercia, acceptant son offre. Il acquiesça, décrétant qu'il le ferait dès maintenant. Mes amies étaient en train de partir que je m'avançai vers lui :

— Qu'est-il arrivé au village que vous avez sauvé ?

— Les survivants et les blessés ont été déportés dans une ville à proximité qui est apte à les soigner. En revanche, très peu des structures ont pu réchapper à l'incendie...

— Les survivants ? Combien y a-t-il eu de morts ? m'enquis-je, me tordant les doigts à m'en faire mal.

— Beaucoup malheureusement : aux alentours de cent-quarante.

Voyant ma peau s'étant faite blafarde, il ajouta :

— Si vous et vos amis n'aviez pas été là, il y en aurait eu bien plus. Ne vous en voulez pas. C'est triste, c'est inacceptable, mais cela s'est fait. Il est maintenant à nous de tout mettre en œuvre pour que cela ne se reproduise plus.

Je hochai la tête, et, un peu chancelante, rejoignis Lenora et Xerys qui m'attendaient. Quand on sortit de la pièce, la fraîcheur du couloir nous fit mesurer à quel point la chaleur qui régnait à l'intérieur de cette salle d'armes était insoutenable.

Xerys lâcha un râle :

— Ce n'est pas possible ! Où peut-il bien être ? Et s'il lui était arrivé quelque chose, quelque part ? Qu'il soit blessé ?

Je la pris dans mes bras, et la sentis m'éteindre de toutes ses forces. Je comprenais son angoisse. Qui sait ce dont Archaos était capable. Lenora, embarrassée par cette preuve d'affection si intime, lui caressait le dos d'un air qu'elle souhaitait détaché. Mais je la connaissais assez bien désormais pour savoir qu'elle tenait à nous bien plus qu'elle n'en voudra jamais l'admettre.

— Lenora ! Je te cherchais !

On se retourna toutes un peu précipitamment, découvrant Briseis, la mère de Lenora, qui nous jaugeait de son regard autoritaire et maternel.

— Il est temps d'aller manger. Elyon et Kalyra n'ont pas encore terminé leur entretien, ils nous rejoindront plus tard.

Xerys inspira profondément, fermant les yeux un instant. Quand elle les rouvrit, je lus dans ses pupilles qu'elle gardait le vain espoir de le voir à table, riant avec son voisin d'à côté. Je n'osai pas lui dire que si nous ne l'avions pas vu jusqu'à maintenant, c'est qu'il n'était plus au palais.

On suivit Briseis, qui nous menait de son pas de course jusqu'à la salle à manger. Lenora restait en retrait, le visage froid et le regard tourné vers le poignard à sa ceinture. J'allais la rejoindre et, silencieuse, me mis à marcher à côté d'elle. Il était grand temps que je lui parle.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant