Adrénaline. Choc. Mon esprit est bousculé. Des cris. Des hurlements. Mon subconscient les entend. Il faut que je me réveille. Un danger rôde, je le sens. Je dois l'éviter ou le regarder en face.
Ouvre les yeux... Ouvre les yeux ! Putain, ouvre-les !
— Lâche-moi !
Mes pieds rencontrent le sol, mais mes jambes se dérobent aussitôt. Des mains rudes et épaisses m'attrapent sous les aisselles. Je gesticule, remue les cuisses, me tords le corps puis le cou. Mes yeux entrent en contact avec des iris aussi brillants, têtus et sombres que ceux d'un corbeau. Terrare me tient à bout de bras et semble ne pas vouloir desserrer les doigts de mes côtes.
Il me fixe tout en continuant de marcher. Un pas devant l'autre, obéissant, triste et muet.
— Terrare, s'il te plaît..., ne puis-je que formuler.
Sa large mâchoire et son nez cassé renforcent son côté sauvage et endurci. M'aurait-il portée comme une princesse ces longues heures ?
L'humidité de la jungle devient étouffante comme ses immenses paluches sur mon corps que je n'ai pas invitées. Je dois réfléchir, mais mon cerveau est déboussolé. Analyse ce que tu vois, Ava ! Merde, mes fibres nerveuses doivent se réveiller !
Notre convoi est en mouvement, conservant cette file indienne bucolique sous la lumière blafarde de la lune. La seule question est : pourquoi marchons-nous alors qu'il fait nuit ?
Un cri d'agonie traverse la rangée de troncs d'arbre devant nous. Je me crispe. Un second plus vif et perçant retentit encore. Des frissons d'horreur me font dresser les poils sur la peau. Les têtes devant moi s'affolent de gauche à droite. Sur le visage des filles se lit la panique et la terreur.
Je tends l'oreille un peu plus. Des chants de douleur s'expriment au lointain en de lamentations éraillées et répétitives. Des pleurs. Des râles. Des suppliques... de femmes.
Oui, toutes ces plaintes dans le lointain, même les plus rauques, proviennent de femmes !
Est-ce une obstination collective pour que personne ne dissuade les autres d'avancer ? Eh ! Oh ! Quelqu'un torture des gens, c'est évident ! Merde, pourquoi nous ne nous arrêtons pas !
Je m'agite comme un lapin entre les mains d'un géant.
— Lâche-moi ! Arrêtez-vous !
Thènes m'empoigne fermement le biceps et le grand Indien me libère enfin. Mes pieds foulent le sol et je regagne tant bien que mal mon équilibre. Toutefois, je me trouve forcée d'avancer par le preneur de rêve qui me tracte sans tact en avant.
— Tais-toi et marche, siffle ce dernier.
Me taire ?! Rien est normal, la tension, l'air, l'odeur, le vent.
Jusqu'alors, je n'ai jamais vu Damiano porter sa capuche, Thènes n'ont plus. Tout est différent, comme la main de ce dernier, moite sur mon épiderme. Ses doigts m'écrabouillent les os.
D'autres hurlements nous parviennent et certains en continue comme si respirer était secondaire.
Ces échos effroyables me somment de réagir :
— Qu'est-ce qui se passe ? Où sommes-nous ?! Où nous conduisez-vous, putain ?!
— Dans une merde abyssale, ironise Deneb qui nous double sur la gauche.
Les Sentynels sont conscients du danger, c'est une bonne chose pourtant ça ne me rassure pas.
— Terrare, couvre l'arrière, ordonne Aden qui marche juste à ma droite.
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Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)
Romance⚠️ POUR PUBLIC AVERTI ⚠️ Certaines scènes de cet ouvrage peuvent être choquantes (Sexe, meurtre, torture, viol) Aussi, les références religieuses présentes dans ce texte ne relèvent ni du prosélytisme ni d'une critique ou d'un éloge envers une relig...