Chapitre 20

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-Léopold, je suis prise au piège, ma voix tremblait presque.

-Quoi qui se passe promet-moi de ne pas bouger dans dix secondes.

-Quoi ?

-Fais moi confiance pour une fois.


Des officiers commençaient à fendre la foule lorsque deux mains se posèrent sur mes hanches. Je me raidis, je bloquai ma respiration.

-Fais moi confiance, me chuchota une voix que je reconnus sur le champs.

Léopold.

Il me murmura à l'oreille :

-Ne te retourne sous aucun prétexte. Promet-le.

J'étais abasourdie. Puis je compris. Je baissais les yeux sur ses bras. Léopold était en tenue de civil. Ce qui signifiait qu'il ne portait pas de masque. Je me fis violence pour ne pas me retourner. Sentant que j'avais compris, Léopold resserra sa prise autour de mes hanches.

-Ta survie en dépend Elea. S'il te plaît. Aucun agent ne peut connaître l'identité des autres membres. Ce sont les règles.

-Je te le promet.

-On avance doucement d'accord, je te guide.

La musique était assourdissante. Nous avançâmes parmi la foule. Je ne pouvais penser à autre chose qu'à ses deux mains sur mes hanches.

-Tu n'as pas de cagoule cette fois? demandai-je.

-Non effectivement mais un chapeau qui me va plutôt bien je pense.

Je souris.

-Tu es un peu mon ange gardien, tu me sauves toujours dans les moments les plus délicats. Cette situation est plutôt insolite.

-Je te l'accorde. Je t'aurais bien emmener danser mais le temps nous manque, dit-il en riant.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Puis je me ressaisit, il avait dit ça pour rire.

-J'espère que tu as un plan parce qu'on se dirige droit vers des officiers.

-Ne t'en soucie pas.

J'étais intriguée. Je voyais mal comment nous allions passer. Trois officiers nous remarquèrent. L'un avait une cigarette dans la main, les deux autres riaient très fort.

-Hé, fit l'un.

Je baissais les yeux. Un officier m'attrapa le bras. J'eus peur à ce moment là, peur qu'il me trahisse, que tout ça ne soit qu'un piège. J'eus peur que Léopold me dénonce.

Je sentis immédiatement la main de Léopold se retirer de ma hanche et l'homme me lâcher le bras. Les officiers firent les yeux ronds, celui qui fumait lâcha d'un geste vif sa cigarette et l'écrasa sous sa semelle. Ils nous firent alors signe d'avancer. La main de Léopold se posa sur ma hanche et me guida à nouveau. Que s'était-il passé ? Nous franchîmes le barrage militaire. La musique s'estompa peu à peu. Léopold me guidait dans des rues de moins en moins fréquentées. La nuit était tombée. Les rues étaient seulement éclairés par la faible lueur des lampadaires. Les quelques passants qui marchaient ressemblaient à des ombres menaçantes, pressés de quitter ces lieux peu sûrs. Parfois le vent sifflait et faisait claquer des volets non fermés. L'endroit paraissait irréel. Des volutes de fumées blanches s'élevaient des cheminées. Je décidai de poser la question qui me brûlait les lèvres.

-Pourquoi nous ont-ils laissé passer ?

Il ne répondit pas.

-Léopold ?

Ma Pierre de Lune (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant