Ma Pierre de Lune (tome 2)

Chapitre 4

Aldrick avait eu une relation avec Luna. La poigne des unspiders se fit plus forte. Je me débattais comme une lionne lorsqu'un homme m'attrapa le bras pour m'immobiliser contre lui. Lanster.

-Arrête Elea, arrête.

Je m'immobilisai ne pouvant détacher le regard de cet homme que j'avais tellement haï. 16 11 25. C'était la date de rencontre de ma grand-mère et d'Aldrick. J'étais sous le choc. Je ne prêtais pas attention à ce qui se déroulait. Les Soutiens étaient en panique. Déjà agités par l'apparition de la gagnante du concours, l'assassinat du dirigeant officiel les affola. Beaucoup devaient se réjouir de la mort d'Aldrick derrière les écrans. Les unspiders tentaient de calmer la torpeur générale. Mais ce fut Mazart comme s'il attendait ce moment qui y parvint.

« Concitoyens, n'ayez pas peur ! Je reprends les choses en main, je reprends le pouvoir ».

Je voyais flou. Des mains me soutenaient par la taille. J'aurais aimé m'y laisser aller. Peu à peu ma vision se stabilisa. Les sons revinrent, m'assaillant. Je me dégageai. Lanster savait-il ? Son expression était impénétrable. C'est alors que j'aperçus Simon dans la foule. Il était occupé à parler vivement avec un autre homme. Le coach d'Arellys me rappelai-je. Mazart parlait. Il avait organisé cet attentat. Il n'essaya pas de le nier.

« Lorsqu'un dirigeant devient faible il doit être remplacé. C'est moi qui dirige cet empire désormais avec le soutien de Lanster, Chen et Barks. La deuxième phase des jeux continue mais je me suis permit d'y ajouter ma touche personnelle. Le concept est le même. Arriver le premier. Tous les coups sont permis. Veuillez accueillir les survivants de la première phase. Elea, Arellys et Antonin ».

Aucun applaudissement, la foule resta silencieuse. Ils montèrent sur scène.

-Quoi ?! laissai-je échapper.

Et tous les autres ?! Ceux que j'avais sauvé. Où étaient-ils ? Mazart reprit :

-Mes conseillers et moi avons décidé que seuls les 5 premières amulettes à être passées pourraient poursuivre l'épreuve. Je retins mon souffle. Le colonel Chen poursuivit :

-Les autres dont l'amulette a été enregistrée sont récupérés sur le terrain et ramenés dans leur famille. Bien sûr s'ils sont vivants. C'est alors qu'un écran afficha un hélicoptère rapatriant Maé et Arhtur en vie. Mon pouls s'accéléra. Puis je vis d'autres corps inconscients. Les cinq premières amulettes... Nous n'étions que trois. Je repoussai l'idée qui me traversa l'esprit de toutes mes forces. Je tremblai. Arellys et Antonin m'avaient rejoint. Cette fois c'est Lanster qui prit la parole :

-Nous avons sélectionné le colonel Barks et moi, 7 candidats venant du monde entier.

Simon ne s'était pas trompé. Ils gravirent l'estrade. Ils me regardèrent tous d'un œil mauvais. J'essayais en vain de capter l'attention de Simon mais il détournait systématiquement le regard. C'est alors que l'écran afficha les monstres dans la neige.

-Voici donc...

La neige immaculée était recouverte de sang...

-ceux...

Deux bêtes gisaient au sol, les entrailles ouvertes...

Ma gorge devint sèche.

-qui sont...

Deux corps humains au sol. La chevelure rousse de Cannelle...

-morts...

Le corps à peine reconnaissable de Mino. Je fermai les yeux. Arellys hurla. J'aurais bien voulu moi aussi. Je ne pouvais simplement plus bouger.

Impossible. Je ne voulais pas le croire. Mes yeux se rouvrirent. Le visage de Mino sans vie. Je portai mes mains à ma bouche. Mes ongles s'enfoncèrent dans la chair de mes joues. Une douleur profonde m'obligea à me plier en deux. Mes paupières me piquèrent. Et alors pour la première fois depuis les jeux, une larme coula sur ma joue. Mino. Mort. Je crois que lorsque tu ravales tous le temps ta peur, je crois que lorsqu'à chaque épreuve tu as retenu ta tristesse, tu as empêché tes larmes de sortir ; il en suffit d'une qui arrive à s'échapper pour que toutes les autres suivent, en cascade. Elles vinrent inonder mon visage, par secousse. Ils avaient réussi, ils m'avaient brisée devant des millions de téléspectateurs. Ils n'avaient pas le droit. Une haine indéfinissable s'empara de moi. Je me tournai vers Mazart et Lanster. Ils le paieraient. Mais la douleur pris le dessus. Avoir le cœur brisé. C'est au sens figuré, mais lorsque vous le ressentez vraiment vous comprenez que non ce n'est pas au sens figuré du terme. J'avais mal à la poitrine, physiquement. Je courus et sautai de l'estrade, zigzagant entre les officiers et la foule. J'entendis :

-Laissez passer !

Puis la voix de Simon :

-Elea !

Il me prit dans ses bras si ce n'est moi qui m'y jetai. Et je laissai libre cours à mon malheur. Cela faisait si longtemps que des bras n'étaient pas venu me réconforter. Cela faisait si longtemps que je ne m'étais pas laissé aller. J'avais toujours pensé que c'était ma responsabilité de réconforter les autres. Mais j'en avais besoin aussi. Simon nous emmena à l'écart. J'arrivai à prononcer entre deux sanglots :

-Je l'aimais Simon, je l'aimais.

-Je sais Elea, je sais...