J'entendis tirer. Je me retournai. Lanster était debout au dessus de l'homme au fouet. Les yeux de Léopold me transpercèrent.
-Lanster ! Quelque chose ne va pas ? déclara le colonel Chen en s'approchant.
Des dizaines d'unspiders avaient leur arme pointé sur lui. Chen sortit à son tour son revolver qu'il pointa sur Lanster.
-J'avais raison alors, tu t'es entiché de cette gamine.
Je regardai la scène paralysée. Le visage de Lanster n'avait pas l'air triste mais son regard l'était ; pas comme s'il pleurait mais comme s'il me demandait silencieusement pardon.
« Non » pensai-je. Je vis Chen tirer et Lanster s'effondrer au sol.
Je n'ai pas parlé, je n'ai pas bougé. Je n'ai pas crié, je n'ai pas pleuré. Non je n'ai pas émis un seul bruit, je n'ai pas fait un seul geste dans la tempête qui venait de me percuter. Comme si j'étais d'ores et déjà en train de tout quitter, en train de déserter mon reflet. Léopold. Effondré au sol. Et mon cœur, j'ai pu l'entendre craquer, mon regard je l'ai aperçu se vider. Je ne voyais plus, je n'entendais plus. Il n'y avait rien, rien d'autre que le néant total. La douleur était telle qu'elle avait tout pris. Les sons me revinrent petit à petit, ma vue se précisa. Mais il n'y avait pas un bruit, pas un mouvement dans la foule. Alors dans un dernier élan de désespoir, je criai:
-Survivre...C'est la seule chose que je sais faire. La seule chose pour laquelle ils m'ont entraîné. J'ai été faite pour ça. J'ai essayé d'y échapper. J'aurais voulu m'échapper. Mais ils me retenaient. J'étais tombé au sein d'un engrenage auquel on ne peut pas fuir. Alors savez-vous ce qui m'a permis d'avancer ? Vous. Vous tous. Je n'ai pas gagné ce concours pour moi. Je ne l'ai pas gagné pour mon égaux. Je l'ai gagné pour ma famille. Je l'ai gagné pour mon peuple. Parce que vous aviez espoir en moi. Alors je l'ai fait. Mais maintenant montrez-moi que ce n'est pas fini. Que l'espoir ne disparaît jamais. Montrez-moi que cette flamme ne s'éteindra jamais. Montrez-moi que vous êtes prêt à vous battre pour la liberté. Car il n'y a rien de plus beau que cette liberté. Alors montrez-vous...
Je m'arrêtai. Je n'avais plus la force de bouger, de parler, de pleurer ou de hurler. Alors je suis restée debout. La femme en haillon lâcha son enfant et porta sa main à son coeur. Ce geste se répandit comme une vague au sein de la foule. Et je ne savait que trop bien ce qu'il signifiait : Amaia. Merci.
-L'agent 02 est out. Je répète nous venons de perdre l'agent 02, s'écria l 'agent Bêta. Nos tireurs d'élite attendent maintenant vos ordres agent Alpha.
La jeune fille se tenait debout : « Montrez-moi que vous êtes prêt à vous battre pour la liberté. Car il n'y a rien de plus beau que cette liberté. Alors montrez-vous... »
-Attendez, murmura l'agent Alpha.
La foule entière porta sa main à son cœur.
-Regardez...
L'agent Alpha n'en revenait pas. Mais il sut exactement quoi faire. Il changea sa fréquence :
-J'ordonne aux tireurs de viser et d'exécuter le colonel Chen. J'ordonne aux rebelles dans la foule de passer à l'acte.
J'entendis à nouveau un coup de feu. Chen s'effondra raide mort. Les unspiders étaient complètement perdus sans chef auquel se référer. J'entendis alors une clameur partir de la foule. Des dizaines d'hommes et de femmes montèrent sur l'estrade. Je vis un peu plus loin des rebelles essayer de forcer les portes du palais. Un combat sanglant faisait rage entre unspiders et rebelles. En quelques secondes à peine ce fut le chaos complet. Les officiers ne savaient plus où donner de la tête. Il étaient dépassés par le nombre. Certains posèrent même les armes. Je fis un pas avec difficulté dans ce chaos. Et alors je sus exactement quoi faire. Je ramassai l'arme de Chen à terre et je courus jusqu'à la porte par laquelle j'étais arrivée. Je forçai la porte, elle était bloquée. Je tirai sur la serrure et je poussai la porte qui s'ouvrit. Je m'engouffrai à l'intérieur. La mission de l'agent 02. Celle qui devait ouvrir les portes des prisons-gardes de tous les pays. Il fallait que cette révolte s'étende au monde entier sinon la nôtre n'aura servi à rien. Je pensai déjà à toutes ces personnes autour du globe qui devaient assister en direct à la rébellion. Il devait y avoir d'autres colonels, d'autres tyrans. Il fallait les mettre hors d'état de nuire donc ouvrir les prisons-gardes. Des unspiders me remarquèrent et me tirèrent dessus. Je les exécutai et je me mis à courir à la recherche des escaliers. Le quatrième étage. Là où se trouvait la salle de contrôle. Je comprenais désormais pourquoi Lanster m'avait fait visiter cet étage. Savait-il que j'allais effectuer sa mission ? Je trouvai la porte des escaliers et je montai les marches quatre à quatre. Je haletai. J'avais horriblement mal au dos, là où le fouet m'avait lacéré la peau. J'arrivai au quatrième étage et je débouchai sur un couloir sombre et étroit. Si je me souvenais bien, la salle de contrôle se trouvait un peu plus loin sur ma gauche. Effectivement, je trouvai la grande porte en métal. Je m'arrêtai et je posai ma main sur le métal. Il était brûlant. Je sentais la chaleur d'ici, je n'aurais pas beaucoup de temps. Combien de temps un homme pouvait survivre dans cette pièce ? Je n'en avais pas la moindre idée. Mes mains tremblaient. Je me forçai à reprendre mon sang froid et je tapai le code sur le cadran incrusté dans la porte. 16 1... Un coup de feu retentit près de moi. Des unspiders apparurent au bout du couloir. Je me plaquai contre la porte malgré la chaleur du métal. 1 22... Une balle transperça ma jambe. Une douleur fulgurante me fit monter les larmes aux yeux. Il y eut un déclic, la porte s'ouvrit. Je me jetai dans la pièce et je refermai la porte d'un coup de pied. Ma première impression fut celle de brûler. La chaleur était telle que déjà je sentis des gouttes perler sur mon front. Léopold m'avait dit que l'arme était sensible au choc. Je fis donc un pas avec la plus grande précaution. Rien ne se produisit. Je soupirai de soulagement. C'est alors que je l'aperçus dans son ensemble, la salle de contrôle. Il y avait un bureau tout en longueur où était exposé un peu plus haut des écrans. J'aperçus une tasse de café encore sale, des feuilles éparpillées au sol, des chaises renversées, comme si les gens qui travaillaient ici avait dû quitter subitement les lieux. Aldrick avait ensuite interdit l'accès à cette salle, qui sait pourquoi... Il avait eu l'idée ingénieuse d'y entreposer l'arme Oméga maintenu dans des conditions qui n'étaient pas viables pour l'homme. Le seul problème est que je vis nulle part la trace de l'arme si redoutable. Tout cela était alors un leurre depuis le début ? Je cherchais désespérément une forme qui pourrait s'apparenter à l'arme. Aldrick nous avait tous manipulés depuis le début. L'arme Oméga n'existait pas. La vérité me frappa soudain. Je revis les yeux coupables du général se lever sur moi et prononcer le code. Aldrick n'avait pas assumé. Il avait perdu le contrôle des prisons-gardes. Alors il avait interdit l'accès à la salle de contrôle. Et il avait trouvé un prétexte pour garder cette salle à jamais fermée, et ce prétexte c'était l'arme Oméga...
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Ma Pierre de Lune (tome 2)
Novela JuvenilElea a réussit la première phase des outlast games. Mais à quel prix? Une mystérieuse organisation la contacte et lui propose de travailler pour elle. Entre amour, espoir et haine, Elea va entraîner le monde au sein d'une rébellion sans précédent.