Chapitre 14

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J'aperçus la cabane. Je montai les marches et j'ouvris la porte. La pièce était sombre. Je plissai les yeux. Je fis un pas et j'avançai dans la pièce, personne. Je sentis soudain un couteau sous ma gorge et des bras m'immobiliser les mains. La peur m'envahit mais elle se dissipa dès que je reconnus la voix qui me chuchota :

-Vérifie toujours tes arrières.

Je poussai un cri d'indignation et je me retournai. Il se tenait devant moi, son visage toujours dissimulé. Pourtant ses beaux yeux bleus rieurs étaient posés sur moi et il arborait un grand sourire comme je ne lui en avais jamais vu. Alors je me mis à rire. Il me semblait redécouvrir ce sentiment que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Et que c'était bon.

-Viens assied toi. Je suis là pour organiser dans les détails ta mission.

Ma mission. Tuer Mazart.

-Je suis prête, dis-je avec détermination.

-Je vais t'expliquer. Mazart est inapprochable. Il a toujours au minimum quatre gardes du corps, des agents britanniques, surentraînés qui le surveillent. Il va falloir l'approcher lorsqu'il sera exposé. Une seule personne en aura l'occasion, le premier qui franchira la porte d'arrivée, lors de la remise des prix. Donc tu dois être la première personne à franchir cette porte tu m'entends ? Tu dois être la gagnante des outlast games. Écoute moi bien, tu recevras des informations en temps réel. Tu seras au centre sur le podium, le même que celui de l'ouverture de la deuxième phase des jeux, devant le palais de Mazart. Il sera au centre, une dizaine de gardes autour de lui, des centaines autour du palais pour l'occasion. Une couronne de laurier est remise comme au temps de l'Antiquité. C'est un symbole puissant. Tu te laisses faire, il te serre alors la main. Et c'est là que tu agis. Tu n'as pas le droit de porter d'arme évidemment. Un complice glissera une lame dans ta coiffure sous forme de pince. Rapide et efficace. Dans le cœur. Des rebelles seront dissimulés un peu partout dans la foule. Ils entraîneront le peuple, les Soutiens, les Conformes et les Exclus. Dès que tu tueras Mazart, ils passeront à l'acte. 

L'agent marqua une pause, il mentait. Tuer Mazart ne provoquera pas un élan de foule considérable. Les autres dirigeants rebelles avaient proposé un autre plan. Un autre plan auquel il n'adhérait pas. Un plan que l'agent Alpha et lui craignaient de voir se mettre en place. Et il allait devoir s'assurer que ça ne se produise pas.

Des dizaines de questions m'assaillaient . 

-Que se passera-t-il après que la foule se soit révoltée ?

-Le chaos me permettra d'accéder à la salle de contrôle. Ma mission. Grâce au code, je pourrai y accéder. Je vais bousiller leur réseau internet pour les paris et ouvrir toutes les portes des centaines de prison-gardes. Le seul problème est que cette salle n'est pas prévu pour que des hommes y pénètrent, plus maintenant. L'arme oméga est sensible à tout choc, à tout froissement d'air. L'atmosphère y est presque irrespirable, brûlante, pour garder cette arme dans de bonnes conditions et hors de portée des humains. C'est Aldrick qui a instauré ces nouvelles mesures peu avant sa mort. Il faut croire qu'il n'était pas si fou que ça.

-Deux missions suicides...

-On y arrivera. On peut en ressortir.

Puis après un silence, il reprit :

-Il te faut un code pour qu'on s'assure que tout est en place juste avant l'acte final. Nous avons convenu de ceci :
« Les hirondelles volent bas ».

J'acquiesçai. 

-Je pourrai éliminer un homme de ma liste, ce n'est pourtant pas le premier. 

L'agent me scruta mais ne dit rien. 

-C'est poétique, ajoutai-je en repensant à la phrase que Léopold avait prononcé. Mais je ne comprends pas pourquoi il faut coder cette information. Nous sommes tous du même camp.

L'agent pris un air grave.

-Et bien non justement. 

Il avait ce même timbre de voix, anxieux, qui m'avait frappé dans la forêt.

-On a été infiltrés par les services secrets britanniques au service de Mazart. On a perdu cinq de nos sept principales bases. L'état est critique. Les derniers rebelles sont traqués. Nous avons dû restreindre notre cercle de communication. Je ne communique qu'avec l'unité trois, celle sur le terrain en qui j'ai confiance.

L'ampleur de ma tâche m'apparaissait et j'en fus effrayée pour la première fois. 

-Es-tu prête pour ta mission ?

Un éclat de défi dans le regard, je répondis d'une voix ferme :

-Oui.

L'agent m'observa silencieusement quelques secondes puis il s'approcha de moi et me saisit l'épaule, sa main passa sur la petite boule formée sous ma peau par le traceur. Il sortit une lampe de sa poche ainsi qu'un couteau qu'il me tendit. 

-J'aurais dû remarquer cette irrégularité la dernière fois. Désolé.

Je baissais les yeux. Incapable de saisir l'objet qu'il me tendait. Il leva vers moi des yeux interrogateurs.

-Je ne peux pas. 

Il ne comprit pas tout de suite. Je relevai la manche de mon tee-shirt laissant apparaître mon bras couvert de cicatrices. Je ne pouvais supporter qu'on approche une lame de mon bras. J'essayai de surmonter cette peur mais elle était bien plus profonde, marquée dans ma chair. Un traumatisme. L'agent 02 détourna les yeux et sa mâchoire se contracta. 

-Je vais le faire dans ce cas, ce sera rapide.

Je déglutis et je le laissai prendre mon bras. J'avais confiance en lui, c'était l'unique raison qui me permettait de ne pas m'enfuir en courant. Je détournai les yeux mais je ne pus m'empêcher de remarquer le fort tremblement de sa main lorsqu'il l'approcha de mon bras. Je sentis un vif picotement puis plus rien. Je n'avais même pas remarqué que j'avais arrêté de respirer. Léopold fuyait mon regard. Quelques secondes s'écoulèrent puis il déplia une carte et il reprit :

-Sais-tu ce qui se trouve après la forêt ?

Je fis non de la tête.

-La ville.

Je poussai un hoquet de surprise.

-La ville !

-Oui il faut d'abord traverser la zone des Exclus puis le centre...

Je restai abasourdie. Je fixai à nouveau la carte et la croix noire indiquant la porte d'arrivée.

Enfin je compris.

-La porte d'arrivée... est au palais résidentiel.

Léopold acquiesça. Ils étaient inconscients, pensai-je.

-Ils vont laisser les candidats pénétrer la ville !

-Vous n'êtes plus que quatre candidats en course, d'après ce que m'a communiqué l'Alpha.

Je dégluti quatre... Je remplissais ma mission mais à quel prix ?

-Victor, le dernier candidat enrôlé par les colonels est le plus discret et le plus dangereux aussi. Il faisait parti de l'armée avant d'être sélectionné. 

Mais je n'écoutais plus Léopold parler. J'eus soudain très froid dans cette pièce. Je ne me reconnaissais plus. Il fallait que je vois la vérité en face, que je le dise à voix haute...

Hello,

Désolé de couper le chapitre à ce moment mais j'avais peur qu'il soit trop long. Je pense donc poster la suite très rapidement ^^

Ma Pierre de Lune (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant