Chapitre 3

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Encore une fois, tout le monde se tourne brusquement vers Culadra. Il sourit et hausse les épaules comme si ce n'est pas de sa faute alors que... totalement !

On se regarde encore pendant un bon bout de temps. Personne n'a envie d'ouvrir la porte, mais malheureusement, quelqu'un va bien devoir se dénoncer... Mais personne ne le fait, même au bout de dix minutes.

Et voilà que l'autre resonne à la porte ! Il peut quand même attendre une dizaine de minutes de plus enfin !

— J'y vais ! annonce Draca.

Avant même que j'aie le temps de la rattraper, elle ouvre la porte d'un geste un peu trop brusque.

Et soudaine, nos visages se décomposent...

Ce n'est pas exactement ce que vous croyez. En fait, ce n'est pas du tout ce que vous croyez. Parce que, évidemment, ce n'est pas Dracula. Ce serait tout de même bien trop rapide de le voir dès le troisième chapitre, peut-être même qu'il n'apparaîtra jamais de l'histoire.

En réalité, nous sommes tous choqués par la présence de Dracoca-cola. Il ne peut pas arriver à l'heure... pire, à l'avance. Par quelle sorcellerie est-il arrivé ?

— Dracoca-cola ! Mon bon bro ! s'exclame Culadra.

Il s'approche de lui pour le prendre dans ses bras. Dracoca-cola balance alors la plante qu'il avait dans ses mains et celle-ci atterrit par terre. Le pot se fracasse sur le sol et la terre se répand à son tour. Quant à la plante, elle grogne et fait un doigt d'honneur.

— Mais comment ça se fait que... tu sois à l'heure ? finis-je par lui demander.

— Eh bien, c'est une longue histoire... Et vous devriez vous asseoir, juste au cas où.

Draca tire un tabouret pour s'asseoir, Culadra s'allonge directement par terre. Drakuler se contente de lâcher un petit "pff" suivi d'un "non" tout en argumentant qu'il ne voulait pas salir son "sublime" costume. Quant à moi, j'ai juste la flemme, même si je me doute que ça va être choquant.

— Juste avant le départ de mon avion, j'ai aperçu un Starbucks Coffee. Et alors là, j'ai eu une soudaine envie de cappuccino. Oui, je sais que ça n'a plus de goût et que seul le sang a du goût.

— Je ne comprends pas le rapport, lâche l'allemand en levant les yeux au ciel.

— J'y viens ! Attends un peu !

Il éclaircit sa voix un instant.

— Alors, je commande donc mon cappuccino. Ça a une excellente odeur et je me dis qu'avec un peu de chance, je vais enfin apprécier cette délicieuse boisson que j'aimais tant !

— Ce n'était pas le coca que tu aimais tant ? lui demandé-je.

Il me fusille du regard.

— Certes... C'est le coca, mais je te prierais de ne pas interrompre mon histoire !

— D'accord, d'accord...

Il ferme ses yeux un instant. Encore une fois, il va prendre trois mille ans juste pour dire qu'il n'avait pas vu l'heure. Comme toujours. Mais il fallait tout de même supporter l'entendre parler pour ne rien dire. Heureusement, il y en a quelques-uns que ça passionne tel que Culadra et Draca, ce qui est à peine étonnant.

— Malheureusement, je n'avais qu'un billet de dix dollars pour payer, alors le vendeur a dû me rendre la monnaie. Ça a failli me faire rater mon avion vu sa lenteur, mais ce ne fut pas pour cette raison. Ce fut pour une raison tout autre.

— Bon, je vais me faire un café, appelez-moi quand il a fini, dit Drakuler, plus blasé que jamais.

À nouveau, Dracoca-cola n'apprécie vraiment pas cet affront et ça retarde encore l'histoire. En tout cas, Drakuler s'en fiche complètement et part en cuisine. Nous n'en finirons jamais...

— J'étais donc parti pour prendre un petit cappuccino au Starbucks Coffee parce que le goût que j'ai eu dans ma bouche lors de mon vivant me hante encore !

— Et tu as été transformé quand déjà ? demande Draca, hésitante.

— En 1765, et plus précisément, le 3 mars.

— Et Starbucks... Ça date de quand ?

Il la fusille du regard.

Dracoca-cola était d'être un excellent compteur d'histoire, il se vantait à chaque fois que ses petites anecdotes amélioraient la véracité de son récit. Malheureusement, il ne faisait que des anachronismes ou une quelconque autre incohérence. Personne ne croyait donc ses histoires. Néanmoins, nous savions qu'il y avait toujours une certaine forme de vérité, mais nous ignorions où.

— Vous savez, il y a eu quelque chose avant Starbucks et ça s'appelait–

— On s'en fout ! le coupé-je. Abrège un peu bordel de merde !

— S'il te plaît, respecte mon histoire.

Bon, on est tous dans la merde. On va vraiment devoir supporter ses divagations pendant très longtemps. À ce rythme, le soleil allait se lever...

— Le vendeur, très aimable, m'a rendu la monnaie avec un grand sourire. Il avait un boulot de merde, il le savait, mais il souriait. Franchement, ça a refait ma journée ! J'étais tellement bien quand j'ai pris mon cappuccino dans les mains ! La chaleur qui émanait de ce petit gobelet, c'était si... chaleureux.

— Mais bro... On ne sent plus le chaud ni le froid, lance Culadra.

Si même le clochard s'y met pour le contredire, c'est qu'on a atteint le fond.

— C'était comme si pour moi... Mon humanité était un peu revenue grâce à ce cappuccino.

— Sérieusement... Pourquoi t'as raté ton avion ?

— Attends ! Stop m'interrompre là ! J'avais le meilleur des cappuccinos dans mes mains. Je l'ai savouré. Chaque goutte. Une par une. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Puis j'ai jeté mon gobelet dans la poubelle verte, spécialement faite pour le papier et pour qu'il soit recyclé en copie double pour des collégiens médiocres.

Son ton s'intensifie, il prend beaucoup trop de plaisir pour raconter tout ça. C'est perturbant...

— Et puis par la fenêtre, j'ai vu l'avion s'envoler. Sans moi.

Et il sourit...

Draculien ou le cousin raté de DraculaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant