XXI. Situation de crise

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*Point de vue de Nehesy *

La salle entière s'est retournée vers Sebastián.

L'ange, tranquillement, s'assoit sur une des chaises vide du public, puis expose ce que tous le monde attend, suspendus à ses yeux.

-Nehesy, tu n'a jamais regardé la fin de Lou, mais moi oui. C'est une crise cardiaque.

Le silence se refait dans la salle pendant que toute l'assistance ingère l'information. Sebastián reprend le cours de sa pensée :

-Il reste peu de temps avant ce fameux "vent stellaire", mais cela suffit. Lou à vieilli, Ielle en est bientôt à son heure, et menace notre monde.

Lennart rougit instantanément de colère.

- Tu veux tuer Lou ?! Et vous allez le laisser faire ? Vous êtes des anges ou des meurtriers ?!

Le juge stoppe sa rébellion en un mouvement de main significatif. Le silence se fait de nouveau, puis elle déclare :

-Il ne s'agit pas de tuer qui que ce soit. Tous le monde meurt, Ielle compris. Ielle a prévu une crise cardiaque, et ce bien avant de naître. C'est la meilleure solution pour nous, et pour luielle, si on ne veux pas déstabiliser son monde. Alors, à moins que vous ayez une meilleure idée, apprêtez vous à revoir votre ancien amour, Lennart.

L'ange baissa le regard, et bien que tous ressentirent sa colère et son amertume, il se tût.

On relacha les deux fauteurs de trouble, et Sebastián les suivit, en remerciant le conseil.

Lennart s'enfuit de son côté vers les habitations, bien assez rapidement pour que personne ne veuille le rattraper.

-Et maintenant ?, Dis-je à l'ange professeur, on va le voir, on s'occupe de Lou... Moi je sais plus quoi faire ! Je suis pas baby-sitteuse, d'accord?

-Ecoute, quoi qu'il se passe maintenant, Lou sera bientôt ici. Alors, fais juste ton job jusqu'à là, et ensuite on verra ce qu'il te donnera.

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* Lou, Finlande*

Les deux semaines ont passé dans la lenteur du froid d'hiver. Tout les calculs ont été fini et épinglé autant dans le laboratoire de l'astrolabe que dans mon esprit, et chaque détail à été soigné : deux télescopes sont déjà pointés sur le ciel, l'un vers Mathusalem, l'autre vers la planète en période de vent stellaire.

La maison est quasiment désertée, et je passe tout mon temps auprès des étoiles, même jusqu'à dormir sur le canapé posé dans la salle à café pour les occasions rares (ou les fêtes d'astronomie lorsqu'elles arrivaient).

Finalement, on y est. J'ai dormi ici cette nuit pour être là dès le lever du soleil. Aux premiers battements de cils, je me rue vers le télescope de l'étoile venteuse. Il y a quelques nuages terrestres, mais j'arrive quand même à voir un mouvement infime sur la surface de la planète venteuse.

Quelques minutes plus tard, plus rien n'est visible : l'horloge tourne, et les rayons solaires sont trop forts pour que je continue de voir quoi que ce soit.

La journée est affreusement longue. Je refais mes calculs, déplace au millimètre près les télescopes, tourne en rond dans l'astrolabe. Des collègues vont et viennent, et la plupart sont trop débordés par leur travail pour remarquer mon énervement. Certains me tiennent compagnie, le temps d'un café ou du déjeuner. Je n'ai que le vent stellaire à la bouche, et mes compagnons, compréhensifs, m'écoutent patiemment. L'un d'eux me dis d'ailleurs devant mon enthousiasme :

- Attention copain, ce regain d'énergie et cette fougue, c'est pas bon pour le coeur !

Mon coeur? Mon énergie se calme un peu.

- Mon coeur est parti depuis longtemps mon ami, et il me tarde de le retrouver !

Enfin, la soirée tombe. Quelques collègues sont partis, mais la plupart sont là, à leurs travaux. Je m'installe, ému. Lennart... Je vais bientôt te voir !

Je choisi de regarder d'abord le vent stellaire sur l'étoile émettrice.
Des poussières, des gravas, forment une traînée grisâtre sur la surface de la planète. Ce mouvement d'apparence anodine, et en fait une rafale immense pour être vu d'aussi loin. Je sens que le moment approche, et mon corps se raidit d'excitation.
Je vois des sourires taquins sur le visage de mes voisins. Mes sentiments débordent de mon corps et déteignent sur les autres.

Je me tourne vers le deuxième télescope. La planète opaque voit son manteau de secrets se mouvoir furtivement. La tension est palpable, et finalement une percée se fait voir.
Mon corps se crispe, et je sens mon coeur battre trop fort dans mes oreilles.
Trop fort.
Trop vite.
Je m'essoufle et me recroqueville.
Mes collègues, alertés par ma chute (depuis quand suis-je tombé.e?) se regroupent près de moi, et l'un part prévenir les pompiers.
Mon coeur est serré.
Trop serré.
Trop vide...

Mon dernier regard se pose sur une forme bleutée sur une vieille planète oubliée de la voie lactée qui me regarde gravement.

Le genre des anges n'intéresse personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant