Chapitre 24 - corrigé

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C'est un ciel aveuglant qui m'accueillit en premier. L'excitation alentours fût la deuxième chose qui se matérialisa peu à peu. Ce passage était bien trop long, bien trop intense. Comme si je n'arrivais pas à trouver mon chemin à travers elle, comme si mon corps ne voulait pas rentrer dans mon siècle - ou mon cœur peut-être -. Le problème était que je n'étais pas à Versailles, comme j'aurais dû l'être, la basilique du Sacré-Coeur en était très loin.

Les parisiens m'observaient curieux face à mon accoutrement lorsque j'émergeais de ma cachette. Entravée dans mes mouvements et voulant me fondre dans la masse, ma robe fut abandonnée dans une ruelle déserte. Je rejoignis la première bouche de métro et sautai par dessus les portiques pour rejoindre au plus vite Versailles.

***

-Dans mon bureau tout de suite, vociféra l'historien en ouvrant la porte.

-Je te l'avais dit qu'elle était trop jeune pour ce genre de responsabilités !

La scientifique était d'apparence bien plus calme, mais sa colère froide était plus dangereuse qu'une explosion. Ils m'entourèrent pour m'escorter jusqu'au bureau d'Edgar Madson qui ne me semblait plus du tout accueillant. Prise au piège comme une souris, je m'assis face à l'historien tandis que Céline Guenguy resta, debout, appuyée contre le bureau.

-Te rends-tu compte de tes actes ? Je n'y crois pas ! D'où reviens-tu comme cela ? Quelle est ton excuse aujourd'hui ?

Il continua un monologue de reproches auquel je ne pipai mot, attendant que la tempête passe. Je n'avais rien à gagner mais tout à perdre.

- Puis-je m'expliquer ? Demandai-je en pinçant mon nez d'agacement au bout de plusieurs minutes.

-Mais bien sûr ! Nous n'attendons que cela...

-J'ai été invitée à un raout, et je trouvais cela fort intéressant pour nos études de la société. Malheureusement aucun véhicule n'a voulu circuler le soir jusqu'à Versailles. J'ai dû attendre ce matin. J'aurais bien aimé vous prévenir mais vous comprendrez que c'était plus compliqué que cela. Je ne sais pas comment j'ai pu atterrir en plein cœur de Paris, j'ai passé la faille au parc comme chaque fois.

-Comment ça tu es passée au parc ? Interrogea Edgar en se redressant sur son fauteuil.

-Le parc de Clagny, mais la chute semblait plus longue. Sûrement la fatigue.

Ils oublièrent ma présence d'un seul coup, trop occupés à se faire de mystérieuses messes basses. Tous deux me regardaient les sourcils froncés.

-As-tu eu des malaises récemment ?

La question de la scientifique ne présageait rien de bon, je préférais donc taire pour le moment mes mauvaises expériences et niais tout en bloc.

-Étrange... Des maux de tête après les passages ? Des sensations d'être happée ? Des hallucinations ?

-Non plus. Pourquoi ?

Elle se dirigea vers Edgar et se positionna derrière lui, les mains posées à plat sur le dossier.

- Ton ADN mute, lâcha-t-elle de but en blanc. Il semble s'adapter aux maux, particularités et environnement du XVIII ème siècle. Tu es jeune et donc ton système est toujours en croissance, voici l'explication pour le moment. L'autre hypothèse à cette mutation serait que tu as un point d'ancrage dans le passé, une attache pour le moment inconnue.

-Est-ce dangereux ?

-À priori non puisque tu n'as subi aucun symptôme. Le pire serait que tu restes bloquée lors d'un passage mais cela semble stable pour le moment.

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