Chapitre 4 - corrigé

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Aucune musique n'arrivait à m'apaiser lorsque mon pas ralentit devant le numéro 30. Mon coeur n'avait cessé de battre de plus en plus fort depuis que le train m'avait déposée à Versailles quelques minutes plus tôt. Et face à ce bâtiment semblable à une chaleureuse maison, il s'emballa au point de faire pulser la veine de mon cou. Le seul détail, qui différenciait cette bâtisse d'une demeure familiale, était les arbres dressés fièrement sur le toit tel des gargouilles.

Sur le perron, une camera clignotait me fixant de son oeil rond. Je posai mon doigt sur la sonnette à côté de l'écriture « IHBRecherches » et respirai trois fois avant d'y faire pression. Le carillon raisonna à l'intérieur et la porte s'ouvrit sur Edgar Madson.

- Bonjour Élia ! Quelle belle surprise, je t'en prie entre.

L'homme tendit son bras vers l'entrée et me laissa franchir le seuil avant d'ausculter les lieux en silence. J'étais presque déçue, au milieu de ce grand séjour aux tons chauds. Il était si soigneusement décoré qu'on pouvait imaginer des enfants courir sur le tapis duveteux. Ils se feraient aussitôt réprimander car de leurs mains crasseuses, le canapé bleu clair serait devenu marron. D'une voix posée, l'historien élucida mes questions silencieuses.

-Il s'agit du salon. Tu peux apercevoir la cuisine à ta droite, d'où tu es.

Je tournai la tête vers ledit lieu. Une cuisine américaine d'où je pouvais distinguer des tasses de café empilées dans l'évier, et qui laissait deviner le jardin de sa fenêtre.

-L'étage est réservé au dressing d'époque, poursuivit-il, ainsi que de deux salles d'eau. Au sous-sol se trouve le sas de départ et d'arrivée.

-Pourquoi une maison ici ? A Versailles ? Croassai-je de ma voix enrouée.

-Le plus grand champs magnétique de France est pile dans cet axe.

Je ne pouvais plus nier l'évidence, cet homme disait la vérité la dernière fois. Personne n'irait pousser l'imagination aussi loin.

-Mais je suis inhospitalier, pardonne-moi ! Veux-tu un thé, un café... ?

Je refusais poliment son offre me sentant incapable d'ingurgiter la moindre substance.

-Je vais chercher Céline afin qu'elle vous rencontre, mets-toi à l'aise.

J'observai les photographies posées par ci par là de la pièce. Edgar Madson était présent sur la plupart d'entre elles, une lueur de fierté sur tous les clichés. Une femme à lunettes rectangulaires se tenait à chaque fois près de lui, complice de ses secrets. Des voix montèrent de l'escalier s'enfonçant vers le sous-sol. Et celle-ci ne tarda pas à émerger du couloir comme sur les images.

- Enchantée Mademoiselle, je suis Celine Guenguy, se présenta-t-elle en tendant sa poigne de fer.

La scientifique prit place sur un fauteuil face au canapé. Ses rondeurs lui donnaient un tel charisme qu'elle dominait toute la pièce de sa prestance, et même Edgar Madson semblait encore plus ratatiné sur lui.

- J'espère que notre lieu de travail vous plaît, j'ai pris soin d'y apporter ma touche féminine, engagea- t-elle. Ainsi, on s'y sent à son aise très vite. Puis-je vous appeler Élia et vous tutoyer ?

Elle battit des cils et plissa son nez l'air innocent. Ma première impression fût que cette femme connaissait ses charmes. J'opinai de la tête en pinçant mes lèvres mal à l'aise. Elle réunit ses deux mains ensemble et posa ses coudes sur ses genoux.

-Bien, merci d'être venue tout d'abord. Sache que tout ce qui est entrepris ici est basé sur la collaboration. Nous n'imposons aucune décision et chacun est maître de sa volonté. Il est extrêmement important de le préciser, tu es jeune et ton monde a été chamboulé. Je répondrai donc à toutes tes questions, sans détour.

A l'égard du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant