Chapitre 29 - corrigé

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Apres notre autorisation, le médecin entra dans la chambre pour vérifier mon état. Sa haute taille prédominante ainsi que ses petites lunettes rondes posées sur son nez le faisaient bel et bien ressembler à un homme de lettre. Il posa sa mallette sur le chevet et s'approcha de moi. Mon corps se refroidit instantanément lorsqu'il se mit à palper mes membres étendus sur le lit. Il ausculta minutieusement ma respiration et ma température avant de s'adresser au Vicomte.

-Madame se porte bien mieux, le bouillon d'épices aura été miraculeux. Mélanger figue et menthe dans de l'eau bouillie, la fièvre s'éteindra dans la nuitée.

Daniel conduisit le médecin hors de la pièce sans avoir oublié de m'intimer le repos. Sa voix transmettait ses recommandations, et un bol à la senteur sucrée me fut apporté dans les minutes qui suivirent. Je me délectai de sa douceur et me laissai repartir au pays des songes, blottie contre le corps du Vicomte, revenu à mes côtés.

Des heures plus tard, lorsque je me réveillai sans courbatures, la nuit avait pris sa place dans la chambre. Les ombres projetées venaient d'une petite bougie installée à côté de Daniel, un livre à la main posé sur mon épaule. Mes jambes s'étaient enroulées autour des siennes, entravant sa liberté de mouvement. Il posa un baiser sur ma chevelure puis me questionna sur ma santé. Le soulagement détendit ses traits, la fièvre était belle et bien tombée.

-J'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée, je n'ai fait que dormir.

-Cela me désole aussi, être votre garde-malade était une excuse formidable pour rester près de vous matin et soir.

-J'ai toujours eu un système immunitaire très coriace malheureusement, me vantai-je un air de malice dans la voix. Marcher un peu me ferait le plus grand bien, mais à défaut d'avoir besoin d'un garde-malade, j'aurais besoin d'une épaule solide.

A sa tête dubitative, je compris qu'il n'avait pas le moindre idée de ce qu'était un « système immunitaire ». Avec toute la délicatesse du monde, il m'aida à sortir du lit et m'offrît son bras. Nous marchâmes durant une longue balade au travers du couloir éclairé par les chandeliers muraux. Les flammes dansaient sur notre passage, jetant leur reflet orangé sur le beau visage de Daniel. L'une de ses mains traçait de petits cercles sur la mienne, logée sous son coude qui me maintenait fermement en équilibre contre lui. La nuit ne faisait que commencer et à chaque recoin qu'elle nous offrait, nous volions son intimité avec des baisers à la dérobée.

-Quelle est votre pièce favorite ? Demandai-je à Daniel, curieuse de savoir quel lieu était son refuge.

Il leva les yeux au plafond dans une profonde réflexion. Le choix semblait bien dur.

-Je pense qu'il s'agirait de notre grande galerie. Lorsque les fenêtres laissent entrer la chaleur du soleil, on croirait cet endroit fait d'or. Mais à la nuit tombée, elle est... plus belle qu'un ciel étoilé.

Plus belle que ce ciel étoilé témoin de notre amour.

-Vous avez piqué ma curiosité ! Vous n'avez plus le choix que de me la montrer.

-Comme vous le souhaiteriez, mais... ne vous effondrez pas d'émerveillement. Cela serait inconvenant, se moqua-t-il.

-Comme si cela était habituel chez moi...

Daniel mena notre balade nocturne à son avant-dernière étape. Le bruit de nos pas résonnait dans un silence apaisant jusqu'à un couloir débouchant sur deux portes en chêne verni. Il se tourna vers moi, un grand sourire sur le visage, et de sa main libre tira l'un des battants pour laisser place à la magie.

Mon souffle se bloqua devant tant de splendeur. La galerie s'étendait devant nous dans toute sa longueur. Seule la lune illuminait les immenses colonnes incrustées de pépites d'or en parallèle de chaque baie vitrée. Mais l'or n'était plus, il s'était transformé en de centaines de petites étoiles étincelantes sur le marbre. Le globe terrestre, aux rouages dorés se trouvant au milieu de la pièce, donnait la touche finale à ce spectacle et se dressait telle une majestueuse nébuleuse.

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