Un spasme me tira des brumes dans lesquelles mon esprit semblait flotter. La sensation de tomber me ramena à ma réalité, à sa réalité. Mon corps me faisait souffrir mais cela était incomparable face au cauchemar qui m'avait laissé une trace indélébile dans mon organe vital.
Mes paupières s'ouvrirent après plusieurs battements de cils, collés par les larmes séchées. Seule la pénombre m'entourait. Le lit en soie dans lequel je me trouvais n'avait plus rien à voir avec celui de la prison. Sentir l'air frais sur mes jambes me fit du bien. La tunique couvrant ma nudité se collait à ma sueur. Un gémissement plaintif m'échappa lorsque je tentai de me redresser, mon corps courbaturé ne voulant collaborer. En tâtonnant du bout des doigts, je trouvai un meuble sur lequel m'appuyer. Mes membres étaient devenues comme un poids mort et seule la force de mes bras me permit de me tirer de ce cocon douillet. La froideur du sol était une bénédiction pour ma peau en feu.
Mes yeux s'habituèrent à l'obscurité et je discernai un rai de lumière sous une porte. Cette clarté laissa place à un couloir familier. Seulement chaque mouvement augmentait la migraine qui tétanisait ma rationalité. Si j'en avais la force, je pleurerai tout mon soul pour évacuer cette douleur. Mais aucun son ne vint perturber le calme environnant. Plusieurs portes se succédaient. Devais-je trouver la bonne qui serait celle de mon Salut ? Non. Mon ascension me mena à un escalier que je connaissais aussi.
Mes doigts se refermèrent autour d'une rampe que j'avais déjà tenue auparavant. Je tentai de descendre la première marche mais mes jambes cédèrent sous l'effort. Mes fesses dévalèrent le long de l'escalier avant de se stabiliser une fois en bas. Des bruits de porte ne se firent pas attendre plus longtemps. Je voulus me cacher au plus vite mais l'éclat de la lune laissa place aussitôt à celles des bougies.
-J'aurais dû me douter que vous ne resteriez pas sage, si Daniel apprend que j'ai quitté votre chevet...
-Thomas ?
-Oui Elisabeth, c'est moi !
Le visage du jumeau se retrouva à ma hauteur pendant que ces yeux me scrutaient sous toutes les coutures, cherchant une éventuelle blessure.
-Où est Daniel ?
-Il dort, il a veillé sur vous quatre jours durant en refusant de quitter votre chevet. Il s'est écroulé de fatigue donc je n'irais pas le réveiller pour vos beaux yeux. Pardonnez ma rudesse.
Ses bras me soulevèrent et rebroussèrent chemin vers la chambre que je venais de quitter.
-Comment vous sentez vous ?
-J'ai mal partout...
-Buvez cela, vous irez mieux. Pauvre Elisabeth, vous attirez les ennuis malgré vous...
Le comte apporta un liquide à l'odeur infâme contre mes lèvres et le fit glisser entre celles-ci. Les gorgées me brûlèrent d'abord le gosier avant de l'apaiser. Garder les yeux ouverts m'étaient à présent trop difficiles, alors je les fermais rien qu'une minute.
-François, faîtes quérir le médecin au plus vite... Julie, apportez-moi un pot d'eau bien fraîche avec un tissu. Nous devons faire tomber cette maudite fièvre... mais ne réveillez sous aucun prétexte le Vicomte !
***
Je n'avais plus du tout chaud, à présent ma peau était aussi glaciale que le marbre. Je ne pouvais réprimer les tremblements parcourant tout mon être d'une puissance inédite. La nuque complètement raide, je vis du coin de l'œil une tête, camouflée par un long rideau de cheveux de jais, qui reposait sur le côté du lit.
Daniel.
Il somnolait assit sur un fauteuil, laissant le haut de son corps reposé sur le matelas. Ma main était emprisonnée dans la sienne et je me délectais de ce contact réconfortant. Ce moment de contemplation que je lui volais fut interrompu par une succession d'éternuements de ma part. Le Vicomte redressa mon cou d'une main et prit ma température de l'autre. Sa mine n'était pas meilleure à voir que la mienne. Ses yeux étaient creusés de fatigue et son teint n'avait jamais été aussi blafard, et pourtant il restait magnifique. Il se saisit d'une mèche de mes cheveux et en caressa ma joue avec.
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A l'égard du Temps
Ficción históricaQue se serait passé-t-il passé si nous étions nés à une autre époque. Qu'aurait-ce fait de vivre la Révolution ou les Années Folles ? En rêver n'est pas tout à fait pareil que de le mettre à exécution. C'est ce qui se passe lorsqu'Elia, étudiante en...