Je ne sentais plus de corps chaud enveloppant mon dos et quand je balançai mon bras sur la place vide et froide à mes côtés, je compris que j'étais seule. Les rideaux étaient déjà tirés et le soleil entamait sa procession parmi les nuages. Le froissement des draps fit émerger la tête de la camériste de derrière la porte menant à la salle d'eau.
-Bonjour Madame, un bain est déjà prêt pour vous.
Je remerciai la jeune fille et me dirigeai vers l'étude afin d'y plonger mon corps endolori par notre délicieuse nuit. Les gouttelettes se mirent à glisser le long de ma peau et l'eau tinta contre les bords quand je me mis debout. La chaleur de la cheminée empêcha mes grelottements mais l'air ambiant restait frais. En contournant le paravent pour cacher ma nudité, je découvris deux épaisses étoffes pliées sur la commode de ma chambre. Une note à l'écriture ronde que je connaissais les accompagnait.
« J'ai pu remarquer que vous n'aviez point d'affaires avec vous. Je me réjouis de vous voir les porter et de me voir vous les ôter.
Avec toute mon affection.
D.N»
Une robe redingote à la mode anglaise se déplia sur toute sa longueur pour laisser apparaître sa couleur aigue-marine. Le tissu était épais pour contrer le froid et quatre boutons maintenaient le buste fermé à l'avant. Grâce à l'aide de la camériste, je fus apprêtée en un rien de temps des multiples couches de vêtements propres. Elle piqua quelques points pour mouler mes formes et se recula satisfaite de son travail. Elle était si jeune et avait des doigts de fée, elle méritait d'en faire son métier si tel était son souhait. Mais cette époque ne lui permettrait pas.
-Vous êtes magnifique Madame.
- C'est grâce à votre talent, merci beaucoup. Savez-vous où se trouve le Vicomte ?
-Il est dans le grand salon avec Monsieur le Comte.
Elle rougit et cacha son visage dans un geste adorable avant de fuir par la porte de service. Je quittai mes quartiers et me trompais plusieurs fois de porte avant de tomber sur la bonne. Thomas fut le premier à m'apercevoir et le soulagement qu'il montra me fit chaud au cœur.
-Elisabeth, comme je suis content de vous voir hors de votre lit. Quelle merveilleuse journée!
Daniel resta en retrait me déshabillant de ses deux prunelles grises.
-Je dois vérifier les chevaux encore. La course se déroulera sur les Champs Elysées et débutera trois heures avant le crépuscule. Si tu changes d'avis mon frère, n'oublie pas de parier pour nous !
Le comte tapota chaleureusement la tête de son jumeau et tourna les talons en faisant s'ébrouer ses courts cheveux noirs dénués de perruque. Il s'arrêta à mon niveau pour baiser ma main et glissa de façon espiègle.
-Votre nuitée semble avoir été bénéfique sur votre santé, me donnerez-vous votre secret ?
Je le tapai à mon tour mais sur l'épaule pas le moins du monde offensée et le regardai disparaître à grandes enjambées.
-À quelle course participe-t-il ?
Daniel se rapprocha jusqu'à s'appuyer dans l'embrasure de la porte, les bras croisés. Un sourire satisfait prit place sur son visage.
- Cette robe vous épouse parfaitement, on dirait qu'elle a été confectionnée rien que pour vous.
-J'ai des amis généreux et un point prétentieux... renchéris-je taquine comme toujours.
-Ils ont des goûts hors pair ! A une course de traîneaux qui a lieu suite à la neige tombée durant la nuit.
-Une course de traîneaux ? Je n'ai jamais vu cela de toute ma vie ! Pouvons-nous y aller ?
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A l'égard du Temps
Historical FictionQue se serait passé-t-il passé si nous étions nés à une autre époque. Qu'aurait-ce fait de vivre la Révolution ou les Années Folles ? En rêver n'est pas tout à fait pareil que de le mettre à exécution. C'est ce qui se passe lorsqu'Elia, étudiante en...