Prologue

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Ils l'avaient fait. Ça était finalement mort. Son corps sans vie commençait à se putréfier puis doucement à se décomposer, s'envolant comme s'il ne s'agissait que de vulgaires cendres.

« Tu voulais flotter ? Et bien voilà pour ta gueule, enfoiré. » lâcha Richie en observant ce spectacle quelque peu répugnant.

Les amis du binoclard faisaient de même, à la fois épuisés et soulagés d'avoir pu vaincre pour de bon Grippe-Sou. Mais, alors que le groupe des ratés décida finalement de s'étreindre maladroitement, encore sous le choc des événements, les esprits de Richie furent rapidement remplacés par autre chose.

« Merde... Eddie, soupira-t-il en se précipitant vers le concerné. Hey, Eds ! On a réussi mon pote, on a vaincu Ça ! »

Aucune réponse. Alors que les anciens camarades de Tozier s'approchaient avec hésitation du corps inerte d'Eddie, le binoclard, lui, ne put s'empêcher de sentir une boule se former dans sa gorge alors qu'il s'agenouillait en face de son meilleur ami. Les membres tremblants, il secoua légèrement l'épaule de l'homme, comme s'il s'agissait ici de réveiller un enfant.

« Eddie... ? murmura-t-il difficilement tout en répétant le mouvement.

— Richie... » essaya Bev en posant une main sur son épaule.

Mais l'homme aux cheveux bouclés l'ignora en persistant, il sentait les larmes lui monter aux yeux malgré lui. C'était impossible, se répétait-il, ils avaient déjà perdu Stan, il n'était pas question de se séparer d'Eddie. En oubliant la présence de ces amis qui le regardaient d'un air désolé, conscients que c'était la fin, Richie se pencha et enlaça son meilleur ami, comme il avait rêvé de le faire depuis si longtemps, sans n'en avoir jamais eu le courage. Il ne voulait pas, une vie sans lui était inimaginable et il était d'ailleurs persuadé que dans le groupe des ratés, aucun ne ressentait la peur qui l'envahissait à cet instant. Ça avait beau être mort, ce n'était plus la source de sa frayeur, il était le seul à avoir encore peur, peur pour son ami.

« R-Richie, insista Bill alors que les murs commençaient à s'effondrer autour, c'est f-f-fini...

— Non... Ça ne l'est pas... sanglota le concerné en resserrant son étreinte. Il n'est pas mort, on peut le sauver, on ne va pas le laisser ici, il...

— Il est mort, Richie, le coupa Ben difficilement en lui attrapant le bras, on doit...

— NON ! Il n'est pas mort ! Ce salopard de clown ne l'a pas tué ! Pas Eds ! Pas... Pas Eddie... »

Le sol commençait à trembler de plus en plus, et il devenait difficile de rester en équilibre pour le groupe des ratés. Tous observaient le binoclard d'un œil inquiet, ne sachant quoi faire, ils devaient s'en aller où ils risqueraient de rester prisonniers. Sans plus attendre, les garçons se lancèrent un regard et tirèrent de force leur ami, malgré ses cris déchirants. C'était tout aussi difficile pour eux de devoir laisser Eddie ici, de devoir lutter pour ne pas laisser Richie mourir avec lui, de se faire insulter et traiter de tous les noms par l'homme qui paraissait en général si joyeux. Seulement, ils le devaient.

Mais alors que les adultes passaient un par un par la trappe qui les rapprochait un peu plus de la sortie, Richie, lui, observait au loin l'endroit qui le rapprochait plus de son meilleur ami.

« Richie ! Donne-moi ta main ! », s'écria Mike en la lui tendant du haut de l'ouverture qu'ils avaient découverte une heure auparavant.

Le concerné jeta un regard à son camarade qui continuait à le supplier de coopérer, mais son corps ne bougeait pas. Il ne voulait pas les suivre, il ne pouvait pas. C'est au bout de quelques secondes que les yeux du métis s'écarquillèrent alors que Richie lui tourna le dos.

And, what if? (Reddie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant